collections du musée des beaux-arts de dijon

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Diane pleurant la mort d'Actéon

Statue
1887
Auteur : Dampt, Jean Auguste

Marbre
Hauteur : 156 cm ; Largeur : 30 cm ; Profondeur : 30 cm
Inv. 983

Jeune fille debout, aux formes plantureuses, dont les bras pendent le long du corps, cambrée vers l'arrière, la tête légèrement inclinée et les yeux clos. Elle devait tenir à l'origine dans sa main droite un arc (d'après un dessin de l'époque).
A ses pieds, un barbet de Faust dévore des ossements. A l'avant de la plinthe sur laquelle elle se tient, est sculpté un cartouche où le nom de Diane est gravé, partiellement masqué par un petit amour vu de dos.
Dampt a puisé sa source d'inspiration dans la mythologie antique. Il a représenté la scène où Actéon, chasseur entré en rivalité avec sa protectrice, Diane, ou s'étant épris d'elle, est dévoré par ses propres chiens, après que la déesse l'eût transformé en cerf.
Cette oeuvre était inachevée lors de sa présentation au Salon de 1887, et suscita la froideur du public. Jean Dampt, qui souhaitait la voir acheter par l'Etat, se vit refuser cette possibilité de par son état. La Commission des Beaux-Arts étudia de nouveau la demande de l'artiste quand celui-ci l'eut terminée. Pour cela, elle demanda à un inspecteur d'établir un rapport sur la sculpture, rédigé le 9-11-1887. Il écrivit : "L'artiste, qui est encore jeune, a voulu montrer ce dont il était capable en entreprenant une étude de nu ; et, non content d'achever le modèle, il l'a traduit en marbre, à ses frais, sans employer le système de la mise aux points, taillant sa matière lui-même et la modelant avec soin. Au point de vue de la conception, la ligne de la statue est bonne, bien pondérée ; au point de vue du morceau, l'éxécution est savante, cherchée, et il y a là une entente de la statuaire incontestable. Je regrette que, par une recherche inutile et un peu puérile, l'artiste ait cru devoir, pour mieux expliquer sa pensée (...) sculpter dans la masse de son piédestal, en un petit cartouche en saillie aux pieds de Diane, un petit amour puni, qui rapetisse le sujet, propose une sorte d'énigme ou rébus au spectateur et fait tomber la composition dans cet écueil qu'on évite rarement aujourd'hui, l'anectode destinée à attirer le public. Le chien de la Diane, dévorant les restes d'Actéon, est un Barbet de Faust sans dignité, un chien de berger moderne réel, qui jure un peu avec le caractère héroïque de la statue, qui pourrait être de tout temps.
Il n'en est pas moins vrai que l'oeuvre est haute, de belle allure, désintéressée et qu'elle est digne de l'intérêt de l'administration ..." A la suite de ce rapport, concluant, l'Etat fit l'acquisition de l'oeuvre. Il est important car il révèle la technique employée par l'artiste, la taille directe et quels étaient les critères retenus par la Commission pour l'achat d'une oeuvre.
Ce qui prime dans la sculpture, c'est l'expression de Diane qui rend compte de l'idée que l'artiste a voulu insérer dans le marbre. La déesse réprime une moue douloureuse, détournant à demi la tête, tandis qu'à ses pieds, un chien achève de dévorer le corps du chasseur. Jean Dampt a choisi de montrer la déesse de la chasse et de la chasteté sous un jour nouveau, plus humain, plus féminin, différent de celui adopté par les artistes et littérateurs ordinairement. Elle déplore la mort de l'audacieux qu'elle fit tuer. A la base de la statue, un amour symbolise ses sentiments. Le statuaire a parfois recours à ce genre d'expédients pour éclairer ses desseins.
Il a présenté le corps de Diane aux formes amples et rondes, nu, mettant en valeur l'harmonie de ses proportions, seule chose que le public apprécia lors de sa présentation au Salon. Charles Masson, dans son article de 1896, mentionna cet état de fait : "La foule (...) resta interdite devant ce nu dont elle ne sut pas dégager le symbolisme ; seul, le rendu du corps humain, traité avec un sens profond de la modernité dans l'ampleur de sa force et de sa beauté, fixa son attention". La ligne du corps continue et toute en rondeurs, est interrompue au niveau de la poitrine, couverte partiellement d'une étoffe, par une ceinture qui soutient les seins. Sur celle-ci sont sculptés avec muinutie les attributs de la déesse. S'y révèle l'amour des détails du sculpteur, qu'il poussa parfois à l'excès dans ses figurines.
L'oeuvre d'un modelé lisse, ample et uniforme témoigne des qualités de statuaire de J. Dampt.

(Notice de Claire Boisserolles extraite du mémoire "Recherches sur un sculpteur du XIXe siècle : Jean Dampt", Université de Dijon, 1985)

Historique : Collection Jean Auguste Dampt

Dépôt de l'Etat de 1889, transfert définitif de propriété à la Ville de Dijon, arrêté du Ministre de la Culture du 15 septembre 2010

Oeuvres en lien :

1993-13-12 Diane regrettant la mort d'Actéon Dessin préparatoire

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