collections du musée des beaux-arts de dijon

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Assia

Statue

Auteur : Despiau, Charles

Date de création : 1937

Fondeur : Rudier, Eugène


Bronze, patine un peu cuivrée
Hauteur : 184 cm ; Largeur : 44 cm ; Profondeur : 44 cm
Inv. 4064

Né en 1874 à Mont-de-Marsan (décédé à Paris en 1946), Charles Despiau arrive à Paris à 17 ans. Il entre comme praticien chez Rodin et y restera jusqu'à sa mobilisation en 1914.
Le buste devient son mode d'expression privilégié.
Il se voit confier la direction du chantier de la décoration du Palais de Tokyo pour lequel il conçoit un solennel Apollon (v. 1937), destiné à des dimensions monumentales et y échoue, alors que son nu féminin d'Assia(1937, H : 1,85 m) est un chef-d'oeuvre.
Le modèle de cette sculpture est une jeune fille originaire d'Ukraine, Assia Granatouroff (1911- 1982), qui posa dans les Années Trente pour de nombreux artistes. Cette exilée russe est arrivée à Paris à l'âge de 10 ans pour rejoindre son père. A l'âge de 16 ans, elle gagne sa vie en dessinant des motifs floraux qu'elle vend à des industriels du textile et en faisant de petits travaux de couture. Vers 20 ans, elle commence à poser à l'insu de sa famille, généralement nue, pour des photographes. Elle pose également pour des artistes. L'argent ainsi gagné lui permet de commencer à étudier le théâtre où elle mènera une carrière honorable, spécialement dans des rôles tragiques, sous la direction de Charles Dullin ou aux côtés d'Edwige Feuillère, Louis Jouvet, Danielle Darieux...
Arrêtée par la Gestapo pendant la guerre, elle réussit à se faire libérer et rejoint la Résistance, prenant le nom d'Assia Granatour. Vers 1950, pénétrée de mysticisme, elle réalise des compositions ésotériques à base de fleurs séchées et une suite de tapisseries inspirées des figures du Tarot. Elle meurt d'un cancer en 1982.
Assia se présente vers la fin de 1932 à l'atelier de Despiau. Le sculpteur est enthousiaste devant son corps dont il dit « Les épaules sont égyptiennes, le bassin est grec ! ». La femme qu'il a devant lui réunit enfin en un tout parfait l'ensemble des éléments (beauté, classicisme et modernité) dont il était en quête depuis toujours.
Assia pose plus de trois années, à raison d'une à deux séances par semaine. Elle fait preuve d'un grand professionnalisme, est sensible, intelligente et patiente.
Despiau travaille quelques dessins préparatoires. Il adopte spontanément la pause très simple, frontale, relâchée qu'il avait déjà donnée à la Faunesse, à Eve, à Suzanne, à L'adolescente.
Il cherche à insuffler à la sculpture, dont il tient à respecter la nature essentielle immobile, une souplesse dynamique, une respiration.
Assia affiche une sensualité, un corps puissant. Elle est campée sur des jambes, certes fortes, mais pas lourdes, qui lui confèrent une puissance dynamique sous-jacente.
Très différente des grands nus de Maillol qui s'attachent surtout à exalter une sensualité débordante à travers un type intemporel, Assia, avec son beau visage très individualisé, révèle outre des qualités plastiques exceptionnelles, une personnalité ancrée dans son temps.
L'édition à dix épreuves irrégulièrement numérotées de la version d'Assia à l'oreille découverte en grandeur nature (H. 1,85 m) a été confiée à la maison Alexis Rudier.
Présentée à l'exposition des « Maîtres de l'art indépendant » en 1937, le bronze est acheté directement chez Eugène Rudier par Friedrich Welz, le 15 octobre 1941, pour la Landesgalerie de Salzburg ( n° Inv. : 296 ).
Il est retrouvé dans le parc du château de Leopoldskron près de Salzburg en 1946, transféré au Central Collecting Point de Vienne et rapatrié en France par le convoi de Salzburg ; il arrive le 21novembre 1947 et est déballé le 24 novembre suivant (caisse A 67 : « Despiau, bronze, femme nue...» ).
L'oeuvre est présentée à la Commission de choix des oeuvres de la Récupération artistique du 21 décembre 1949, « en provenance de Vienne » et inscrite à l'inventaire provisoire spécial du MNAM avec la mention : « 2ème exemplaire ».
Elle est attribuée par arrêté du Ministère de l' Education nationale «...aux musées nationaux ( Musée d'Art moderne) dans les conditions fixées par l'article 5 du décret 49-1344 du 30 septembre 1949 : ...A.M.R.8s, SN, DESPIAU, Jeune fille, bronze...le 16 mai 1951... » et déposée au Musée de l' Annonciade de Saint-Tropez ; elle y est échangée en 1953 contre Maillol « Jeune fille à la draperie » R 4 S ( arrêté du 6 septembre 1952 ).
L'oeuvre est mise en dépôt au Musée de Dijon par arrêté du Ministère de l' Education nationale du 21 octobre 1955, par le Musée national d'Art moderne.

(Notice de Catherine Gras, 2016)

Historique : Collection Salzburg, Landesgalerie ; Collection Paris, Musée National d'Art Moderne

Oeuvre récupérée par les Alliés en 1945, Commission de la récupération artistique ; Attribué au Musée national d'art moderne par l'Office des Biens et Intérêts privés en 1951 ; Dépôt de l'Etat, 1952, Inv. R 8 S

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay


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