collections du musée des beaux-arts de dijon
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Sainte Catherine et sainte Dorothée
Élément de retable
vers 1425
Auteur : Maître de la Passion de DarmstadtMaître de la Passion de DarmstadtPeinture à l'huile sur bois
Ecole Allemande Actif dans la région du Rhin moyen, vraisemblablement à Mayence, au milieu du XVe siècle.
Hauteur : 87 cm ; Largeur : 70,5 cm
Inv. 1943 Dorothée et Catherine, vierges et martyres.
Les deux saintes sont représentées en pied, sur un carrelage, devant un brocart d’or. Leurs nimbes portent des inscriptions qui les identifient : « san(c)ta thorothea virgo » et « sa(n)cta chaterina virgo ». Sainte Dorothée, à gauche, qui vécut au IVe siècle, fut suppliciée par Fabricius, gouverneur de Césarée en Cappadoce, en raison de sa foi. Un certain Théophile lui ayant demandé par dérision de lui ramener des pommes et des roses du paradis, Dorothée vit apparaître devant elle un ange, portant une corbeille avec trois pommes et trois roses. La sainte est ainsi couramment représentée avec un angelot, ou comme ici avec le Christ enfant. Vêtu d’une tunique courte, celui-ci s’avance vers Dorothée et lui tend un panier de roses. La sainte porte sur la tête la couronne du martyre, de même que sainte Catherine d’Alexandrie qui l’accompagne à droite.
Selon un récit légendaire répandu à partir du IXe siècle, cette sainte, qu’on dit morte en 310, fut demandée en mariage par l’empereur Maximien, mais elle refusa l’offre en raison de son mariage mystique avec le Christ. Elle sortit victorieuse d’une joute oratoire sur la foi chrétienne contre cinquante philosophes. Elle fut alors condamnée à être déchiquetée par une roue dentée, mais celle-ci se brisa miraculeusement et la sainte fut finalement décapitée. Ses attributs traditionnels, la roue, l’épée et la couronne, rappellent son martyre.
La tenture de brocart d’or :
Tandis que les lignes de fuite obliques du carrelage, vu en plongée, suggèrent un espace en profondeur, le rideau de brocart clôt toute perspective. Dans les retables germaniques, l’or évoque le monde divin et est traditionnellement appliqué sur la face interne des volets, visible les dimanches et jours de fête. Le fond d’or est réalisé à l’imitation de brocarts italiens qui circulent alors dans toute l’Europe. Les ateliers possèdent des recueils de dessins, transmis de génération en génération, qui sont enrichis grâce aux voyages des compagnons-artisans. Les ornements sont presque toujours floraux (grenades, pommes de pins, artichauts, fleurs) et se présentent en rangées, alternant deux ou plusieurs dessins différents. L’utilisation de procédés mécaniques en permet la répétition régulière : on utilise des pochoirs, modèles ou poncifs (dans ce dernier cas, on perce les contours du motif avec une aiguille, puis, après avoir reporté la feuille sur la surface à dorer, on fait passer de la poudre de craie par les trous). Les formes sont ensuite reprises en gravure, et l’estampage du fond sur lequel se détache la surface polie donne l’illusion d’un damas. Cette technique est sans doute issue de l’orfèvrerie.
Un panneau d’un retable du couvent de Baindt :
Ce panneau, daté des années 1450, faisait partie d’un polyptyque sans doute réalisé pour le couvent des religieuses cisterciennes de Baindt près de Ravensburg, dans le sud de la Souabe. Il aurait comporté deux paires de volets ouvrants, présentant sur chaque face deux scènes superposées. L’ensemble ouvert devait mesurer 2 m de haut sur 3 m de large. D’autres panneaux sont conservés dans des collections publiques allemandes et suisses : La Résurrection du fils de la veuve de Naïn (Munich, Alte Pinakothek), Le Miracle du vin aux noces de Cana et La Guérison de l’aveugle-né (Stuttgart, Staatsgalerie) qui devaient prendre place à l’extérieur du retable. Après l’ouverture de la première paire de volets apparaissaient Saint Sébastien et saint Fabien (Zurich, Kunsthaus), en pendant du panneau dijonnais. Saint Onophrius recevant la communion et La Rencontre à la Porte Dorée (Zurich, Kunsthaus) figuraient peut-être au registre inférieur.
Douceur et grâce des figures :
Dans le panneau de Dijon, quelques éléments stylistiques rappellent le « style doux » du début du XVe siècle. Chez sainte Catherine, le léger fléchissement de l’attitude, la ceinture placée très haut, la taille mince et les épaules tombantes, ainsi que les courbes douces que décrit la bordure du manteau de sainte Dorothée, confèrent à l’ensemble une impression de grâce et d’élégance. Les visages aux formes rondes sont modelés par l’ombre et la lumière. Le traitement subtil du clair-obscur, avec des effets d’ombres colorées et de rehauts clairs, donne aux corps un relief sculptural. La palette est nuancée, les tons de brun, lilas, vert pomme et rouge cinabre sont dégradés en camaïeu. Cet intérêt pour l’harmonie colorée place ce peintre à part dans la production allemande contemporaine.
Un peintre mystérieux :
Deux panneaux d’un Retable de la Passion, conservés au musée de Darmstadt et représentant Le Portement de Croix et La Crucifixion ont donné son nom à cet artiste dont l'identité exacte est encore aujourd’hui discutée. Aucune des oeuvres du peintre ne porte de signature ni de date, et aucun élément probant ne permet de connaître son identité.
D'autres éléments du même retable sont conservés à Stuttgart, Munich et Zurich.
(Notice d'Isabelle Dubois, Fiche d'oeuvre, 2003, revue en 2013) Historique : Collection Albert Joliet
Don Albert Joliet, 1907 Inscriptions / marques :Bibliographie :inscription sur l'auréole de l'Enfant Jésus : "IHESUS XPS"
inscription sur l'auréole de Sainte Dorothée : "SA(n)CTA THOROTEA VIRGO"
inscription sur l'auréole : "SA(n)CTA CHATERINA VIRGO"
© photo Hugo MartensMagnin (Jeanne), La peinture au Musée de Dijon, Dijon, 1914 (1918 sur la couverture), p. 133 (Ecole bourguignonne, XVe siècle)
Magnin (Jeanne), Picture in the Museum of Dijon, Dijon, 1914 (1915 sur la couverture), p.133 (Ecole bourguignonne 15e siècle)
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Magnin (Jeanne), La peinture au Musée de Dijon, 3e éd. revue et complétée, Besançon, 1933, p. 138 (Ecole bourguignonne XVe)
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