collections du musée des beaux-arts de dijon

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Saint Jérôme en prière (face)

Saint Augustin (revers)

Panneau
vers 1520
Attribué à : Ferrari, Defendente


Peinture sur bois (peuplier), grisaille au revers
Hauteur : 165 cm ; Largeur : 93 cm
Inv. D 230

Ces deux panneaux (D 230 et D 231) de mêmes dimensions et de chromatisme proche, semblent bien avoir appartenu à un même ensemble peint. A l'appui de cette présomption, il convient de noter la présence de saint Jérôme et de saint Augustin sur chacune des faces ainsi qu'au revers du panneau jumeau.
L'art piémontais offre l'exemple de volets aux revers peints, comme ici, en grisaille, tels les panneaux de Defendente Ferrari à l'église de San Giovanni d'Avigliana (Luigi Mallé, 1971, fig. 129-133). Mais nous ignorons comment étaient disposés ces panneaux. Se situaient-ils à un même niveau ? Il est permis d'en douter ; d'une part, la perspective de "Saint Augustin enseignant les ermites" est plus montante que celle de "Saint Jérôme en prière". De plus, les caractères des inscriptions diffèrent dans les deux grisailles. Faut-il en déduire que les panneaux étaient superposés ? Rien jusqu'ici ne permet de l'affirmer.
La présence insistante des deux pères de l'église pourrait inciter à imaginer un ensemble où auraient figuré aussi saint Ambroise et saint Grégoire, sans qu'aucun indice, toutefois, ne confirme l'hypothèse.
L'attribution même de ces peintures a donné lieu à des fluctuations. Crus de l'école flamande, en 1929, par Louis Réau, ces deux panneaux sont attribués à Defendente Ferrari en 1930, puis en 1934, par Anna-Maria Brizio ; cet auteur s'appuie sur les parentés des panneaux de Dijon avec les différentes versions peintes par Defendente sur le thème de "Saint Jérôme en prière", en particulier avec les deux compositions du Museo Civico de Turin. Anna-Maria Brizio souligne le goût narratif de l'artiste, surtout dans le "Saint Augustin enseignant les moines", où la description minutieuse de la cellule évoque les écoles transalpines de Simon Marmion.
Defendente, ou Girolamo Giovenone ? Le départage demeure parfois difficile, comme le remarque en 1952-1953 Luigi Mallé, qui tend à cette date à donner les panneaux dijonnais au second artiste, en raison de la délicatesse de leur chromatisme, et des effets de l'ombre et de la lumière. Cette attribution est acceptée en 1964 par Andreina Griseri, mais, la même année, Anna Gallino la refuse, jugeant l'écriture des deux panneaux Dard trop subtile pour Gerolamo. Par ailleurs, en 1971, Luigi Mallé abandonne sa première hypothèse pour rendre les peintures à Defendente, malgré leur coloris inhabituel à cet artiste, et en dépit des similitudes qui rapprochent le "Saint Jérôme" de Dijon et le même saint par Girolamo Giovenone, au Museo Civico de Turin. Les analogies de style entre les grisailles de Dijon, et celles d'Avigliana, au graphisme anguleux, nous incitent à retenir le nom de Defendente Ferrari.
Le thème de l'ermite dans sa solitude, où s'exprime le sentiment de la toute puissance de la nature, et celui du savant dans son studio, qui célèbre l'intelligence de l'homme, trahissent l'un et l'autre des préoccupations bien spécifiques de la Renaissance : Dürer représente à plusieurs reprises saint Jérôme dans sa cellule, en particulier dans sa fameuse planche de 1514, dont Defendente a peut-être eu connaissance.
Dans les deux panneaux de la collection Dard, le peintre manifeste le souci majeur de suggérer un espace en profondeur. Il transforme la cellule où saint Augustin enseigne les moines en un parallélépipède où se multiplient à l'excès, et non sans sécheresse, les lignes de fuite, et où s'intègrent les volumes géométriques des têtes.
Sans toutefois proposer une date, Luigi Mallé souligne cependant les rapports entre ces panneaux et la pala Ciriè, peinte en 1519.

(Notice de Marguerite Guillaume extraite du "Catalogue raisonné du Musée des Beaux-Arts : peintures italiennes", Ville de Dijon, 1980)

Historique : Collection Pierre-Jean-Baptiste-Henri Pichot-L'Amabilais ; Collection Marie-Henriette Dard

Legs Marie-Henriette Dard, 1916

Oeuvres en lien :

D 231 Saint Augustin enseignant les ermites Pendant

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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