collections du musée des beaux-arts de dijon

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Portrait de François Devosge

Tableau
1788
Auteur : Prud'hon, Pierre-Paul

Peinture à l'huile sur toile rentoilée
Hauteur : 81,3 cm ; Largeur : 64,8 cm
Inv. CA 701

C'est vraisemblablement en 1788 que Prud'hon réalisa ce portrait de son maître. Il avait quitté Rome en avril, et on le retrouve à Paris en décembre de cette année. On sait qu'entretemps il passa plusieurs mois à Lyon, occupé à des tâches modestes, pour payer des dettes de famille. Très probablement, comme le veut la tradition - qu'aucun document toutefois ne confirme -, il séjourna alors en Bourgogne, et l'on peut imaginer son itinéraire : Cluny où vivaient sa femme et son fils Jean ; Beaune, peut-être, pour visiter le baron de Joursanvault ; Dijon, assurément, pour rendre compte à Devosge de son séjour romain et envisager l'avenir. En raison de la non-attribution du prix de Rome de peinture en 1787, la pension de Prud'hon avait été prolongée pour trois ans, qu'il avait décidé de passer à Paris. Il devenait urgent en effet pour le peintre, âgé de trente ans et chargé de famille, de commencer une carrière sérieuse, c'est-à-dire de se faire recevoir à l'Académie royale pour accéder aux commandes officielles et pouvoir exposer au Salon, comme l'avait fait un David au début de la décennie. La Révolution ruinera bientôt le premier de ces objectifs, ainsi que la commande d'une "Bataille de Rocroy" destinée à faire suite aux toiles de Gagneraux dans le salon Condé au Palais des États.
Dans l'oeuvre de Prud'hon portraitiste, ce tableau témoigne de la maîtrise à laquelle il est arrivé après son séjour romain, durant lequel il put modifier les maîtres anciens aussi bien que contemporains comme Batoni. Ses oeuvres antérieures sont soit, comme le premier portrait de "François Musard" (Dijon), d'une technique émaillée, d'un modelé rond, correspondant à celui des dessins à la plume et au lavis réalisés pour Joursanvault dans les années 1776-1780, soit comme celui de "Madame Simon" (Karlsruhe), marqué par l'exemple de Greuze, durant le premier séjour parisien (1780-1783). Ici, l'économie extrême des moyens égale la simplicité de la pose, annonçant les réussites de "Madame Copia" (collection particulière) en 1792 ou de "Monsieur et Madame Anthony" (Dijon et Lyon) en 1795.
Dans sa simplicité magistrale, cette effigie témoigne des rapports confiants entre maître et élève. Le dessin, base de toute activité artistique, y est seul exalté avec le porte-mines que tient Devosge, dessinant "aux crayons noir et blanc", sur du papier bleu, comme Prud'hon le fit toute sa vie dans ses "académies" fameuses. Si Prud'hon tient de son maître cette pratique, comme celle du lavis, il lui doit aussi ce goût de l'allégorie qui deviendra sa marque propre. Sous sa forme commune, Devosge l'avait mise en oeuvre au service des autorités qui l'employaient, Condé, les États, et Prud'hon jeune avait payé son tribut de reconnaissance à son protecteur Joursanvault. Désormais, plutôt que l'histoire devenue triviale à force de redites, il allait cultiver l'allégorie pour elle-même, comme peinture de l'idée, et faire sienne la plus haute ambition de l'artiste à l'époque moderne, qui était d'égaler le poète.

(Sylvain Laveissière, extrait de "L'Art des collections. Bicentenaire du Musée des Beaux-Arts de Dijon. Du Siècle des Lumières à l'aube d'un nouveau millénaire", Dijon, 2000)

Historique : Collection Anatole Devosge

Legs Anatole Devosge, 1850

Oeuvres en lien :

338 Portrait de François Devosge Copie

Bibliographie :

Exposition : © photo Hugo Martens

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