collections du musée des beaux-arts de dijon
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Portrait de Georges Anthony
Tableau
Arc-les-Gray , 1796
Auteur : Prud'hon, Pierre-PaulPeinture à l'huile sur toile
Pierre-Paul Prud'hon
Cluny , 1758 - Paris , 1823
Ecole Française Après sa formation à l'École de dessin de Dijon, sous l'égide du peintre François Devosge (1732-1811), Pierre-Paul Prud'hon remporte en 1784 le Prix de Rome délivré depuis 1776 par les États de Bourgogne. A Rome (1784-1788), passionné d’antique, lecteur de Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), admirateur de Léonard de Vinci pour l’expression, il regarde les contemporains (Mengs) et se lie d’amitié avec Canova. C’est à contrecoeur qu'il copiera, au palais Barberini, le très baroque plafond de Pietro da Cortona (1596-1669), dont il donne une magistrale interprétation néo-classique (musée de Dijon, salle des Statues). Délaissant le répertoire historico-mythologique traditionnel, son oeuvre est essentiellement consacrée à l'allégorie, peinture d’idées et de sentiments dont il renouvelle le langage. Son métier est à la fois sensible et sensuel - on l’a surnommé très tôt « le Corrège français » pour son art du clair-obscur, en un temps qui privilégie la ligne - et puissant, comme l’attestent la vigueur de son trait même dans les dessins les plus gracieux (mais aux antipodes d’un Boucher) ou les contrastes lumineux dramatiques qui en font un des initiateurs du Romantisme. Longtemps célèbre pour ses dessins d’illustrations (Daphnis et Chloé ; La Mort de Virginie, Le Premier baiser de l’Amour), il connaît la consécration sous l’Empire (La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, 1808, Louvre), exécute le portrait de Joséphine (1805-1809, Louvre) et celui du Roi de Rome (1811, Louvre), devient professeur de dessin de Marie-Louise et conçoit le décor des fêtes du mariage de 1810, les meubles et le berceau offerts à l’impératrice par la Ville de Paris en 1810 et 1811. Son influence sur le XIXe siècle sera décisive, comme en témoigne l’admiration que lui porta Delacroix.
(Notice de Sylvain Laveissière, 2015)
Hauteur : 99,1 cm ; Largeur : 82,5 cm
Inv. CA 433 et 905 Ce fut à son retour de Rome en 1788 et au plein coeur de la tourmente révolutionnaire que Prud'hon débuta véritablement sa carrière de portraitiste, couronnée quelques années plus tard par le succès de sa célèbre effigie de Joséphine. Fuyant la réaction thermidorienne qui suivit en 1794 la chute de Robespierre, l'artiste se réfugia avec sa famille à Rigny, près de Gray (Haute-Saône). Cet exil en Franche-Comté, qui devait prendre fin en 1796, inaugura une période d'intense activité partagée entre des travaux d'illustration commandés par l'éditeur parisien Didot et l'exécution de nombreux portraits à l'huile ou au pastel, donnés en remerciement d'une hospitalité reçue, comme celle que lui offrit la famille Anthony dans son château de Grigny.
Abandonnant la tradition des portraits d'apparat héritée de l'Ancien Régime, Prud'hon s'orienta, dans ces années 1790-1800, vers une sensibilité préromantique. Ses personnages y gagnèrent en naturel et en tension dramatique. Dans ce vibrant portrait de plein air placé dans un paysage selon la mode anglaise du temps - à rapprocher du "Portrait de Charles-Louis Cadet de Gassicourt" (1791) représentant un cavalier au repos dans un paysage -, l'artiste donne la mesure de ces nouvelles orientations et de l'originalité de son talent de portraitiste.
La vision romantique du jeune et élégant cavalier qui s'oppose au réalisme bourgeois du portrait de madame Anthony est traduite par l'harmonie rouge et bleu foncé du costume, ainsi que par l'insolite éclairage crépusculaire annonçant les compositions d'inspiration littéraire ou ossianesque d'un Girodet. L'expression rêveuse du personnage, dont le regard légèrement tourné vers la droite fixe un objet invisible, fait subtilement écho à l'atmosphère orageuse du ciel peint dans un délicat dégradé de jaunes et de bruns. Toute l'attention du peintre semble s'être concentrée sur le doux visage de l'homme éclairé par les derniers rayons du soleil qui illuminent aussi la ganse dorée du large bicorne noir, les boutons cuivrés de la redingote, la culotte de peau, le foulard noué, ainsi que les bords du mors de la bride et l'étoile blanche sur le front du cheval. Les couleurs se fondent dans les ombres vespérales qui atténuent la vivacité du vermillon du gilet et le jaune fauve des gants. Chère à l'imagerie romantique, l'association du cavalier et de sa fantomatique monture émergeant ici mystérieusement de la pénombre préfigure les sujets équestres qui allaient par la suite faire la réputation d' Antoine Gros (1771 - 1835) et de Théodore Géricault.
Ce rôle de la lumière dans l'oeuvre dessiné et peint de Prud'hon a été bien mis en évidence par les frères Goncourt qui furent parmi les premiers à réhabiliter l'artiste tombé dans l'oubli après 1815.
"C'est le dessin de la lumière qu'il cherche avant tout sur le corps humain : le rayon, voilà sa ligne."
Contrastes de couleurs et de valeurs, lumière dramatique magistralement traduite quelques années plus tard dans "la Justice et la Vengeeance divine poursuivant le Crime" (1804) : autant d'éléments qui concourent à installer cette atmosphère si particulière héritée de Corrège (vers 1489 - 1534) et de Léonard de Vinci (1452 - 1519) en qui Prud'hon voyait à la fois "son maître et son héros". Ici, un obscur maître de poste devient, par la seule magie du clair-obscur, un héros romantique auquel le modèle, qui disparut mystérieusement en 1798, finirait lui-même par s'identifier.
(Notice de Sophie Barthélémy extraite d'"Ombres et lumières. Quatre siècles de peinture française", Budapest, Varsovie, Bucarest, 2004-2005) Historique : Collection Mlle Anthony
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