collections du musée des beaux-arts de dijon

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Adam et Eve dans le Paradis terrestre

Décor de grotesques (au revers et sur le pied)

Coupe

Limoges , 16e siècle (4ème quart)
Auteur : Maître I.C.


Email en grisaille avec rehauts de rose et d'or sur cuivre
Hauteur : 16,2 cm ; Diamètre : 17,5 cm
Inv. CA 1557

Le fond de la coupe représente Adam et Ève dans le jardin du Paradis au milieu des animaux, succombant à la Tentation incarnée par un serpent à buste de femme, enroulé autour du tronc de l'Arbre de Vie. Au revers et sur le pied se trouve un décor de grotesques et de cuirs. Les coupes de ce modèle étaient normalement dotées d'un couvercle, ici disparu ; ces pièces de vaisselle émaillée de la seconde moitié du XVIe siècle avaient, semble-t-il, une fonction essentiellement décorative.
Un monogramme I.C figure au revers, en dessous d'une tête grotesque porteuse de bésicles. L'identification de ce chiffre, qui apparaît sur de nombreuses pièces en grisailles et polychromes, reste délicate et recouvre probablement plusieurs émailleurs. Il est traditionnellement rapproché de Jehan de Court, qui a signé une plaque de la Wallace Collection à Londres, datée 1555. Mais les monogrammes I.D.C et I.D.C.V sont aussi attestés, ainsi que le nom de Jean Court dit Vigier qui apparaît sur un groupe d'objets datés entre 1555 et 1557. Les noms de Jean Court, parfois dit Vigier, sont mentionnés dans les archives de Limoges entre 1541 et 1627, sans qu'il soit possible d'établir précisément leurs liens de parenté. C'est dire qu'il est difficile de dater précisément les pièces qui portent ces monogrammes. Un indice de la datation plutôt tardive des pièces signées I.C se trouve dans des salières du musée d'Angers, où figurent les portraits d'Henri IV et Marie de Médicis.
La coupe du musée de Dijon n'est pas unique en son genre. Elle a son équivalent pour la scène , le décor et le monogramme, au musée du Louvre ( R 287), au musée national de la Renaissance à Ecouen ( E Cl 887b) au Grünes Gewolbe de Dresde ( n°15 et 16). Ces trois coupes ont conservé leurs couvercles, où figurent d'autres épisodes de l'histoire d'Adam et Ève. Toutes ces scènes dérivent des gravures de la "Genèse" d'Etienne Delaune. Un examen attentif de ces pièces permet de constater que des variantes ont été introduites dans les compositions des scènes comme dans le vocabulaire ornemental, ce qui fait de chaque réalisation un objet véritablement unique.
L'intérêt de l'oeuvre , au-delà de sa qualité, tient donc moins à sa rareté qu'à sa présence au musée dès 1799, ce qui signifie qu'elle provient des saisies faites chez les émigrés dijonnais. La description de cette pièce n'a malheureusement pas été retrouvée dans l'inventaire des oeuvres saisies qu'a rédigé François Devosge. Sept des dix émaux des XVIe et XVIIe siècles exposés au musée en 1799 viennent de la collection du principal amateur dijonnais du XVIIIe siècle, Jehannin de Chamblanc. Cette présence d'émaux de Limoges dans des collections dijonnaises mérite d'être relevée. L'histoire des émaux peints et de leurs collectionneurs présente en effet encore bien des zones d'ombres et toute mention est précieuse.
L'oeuvre a été restaurée en 1999 par Béatrice Beillard. La coupe , qui présentait une cassure au niveau de l'attache du pied, avait anciennement été ressoudée au plomb. Cette soudure qui avait à nouveau cédé, a été supprimée et le pied recollé. Une importe lacune sur le corps d'Ève, consécutif à cette rupture, a été comblée et réintégrée en à-plats modulés sans reconstitution du dessin disparu.

(Notice de Sophie Jugie extraite du catalogue "L'Art des collections. Bicentenaire du Musée des Beaux-Arts de Dijon", Dijon : Musée des Beaux-Arts, 16 juin - 9 octobre 2000)

Historique :

Saisie révolutionnaire, 1799

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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