collections du musée des beaux-arts de dijon

résultats de recherche

ajouter au panier voir le panier


Étude de fleurs

Tableau
1720
Auteur : Rigaud, Hyacinthe

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 73,2 cm ; Largeur : 59,7 cm
Inv. J 172

Ne pouvant plus honorer seul ses commandes, Hyacinthe Rigaud doit s'entourer très tôt de collaborateurs et d'élèves qui ne bénéficient pas au sein de l'atelier du même traitement. Celui-ci est à la fois fonction de leur degré d'habileté et de la nature de leur participation, régulière ou exceptionnelle. Si la plupart se plient à tous les exercices du métier - ébaucher, dessiner, "habiller" tant les originaux que les répliques, "percer de la dentelle" ou "broder un revers" -, d'autres, académiciens de renom, passés maîtres dans les genres réputés inférieurs, ne dédaignent pas s'employer auprès d'un confrère pour des travaux ponctuels. A Pierre-Nicolas Huilliot (1674 - 1751), Jean-Baptiste Blain de Fontenay (1653 - 1715) et Antoine Monnoyer (1670 - 1747), Rigaud confie donc les fleurs qui, tantôt ornement d'une gorge ou d'une chevelure, tantôt attribut d'un travestissement divin et champêtre ("Portrait de Catherine-Marie Le Gendre, femme de Claude Pécoil" [Simmon de La Vallée], vers 1706-1709, Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie, cote Da 64 p. 121 [59] [ill.]), agrémentent ses grands portraits féminins. De ce partage des compétences, le "Livre de raison" fournit un bon exemple (Roman, 1919, p. 72, 77) : en 1699, Huilliot fleurit Mmes Colbert de Croissy, d'Hozier et Passerat dont "l'habillement", entièrement original, a été créé pour la circonstance. La nouveauté du parti explique sans doute que l'on ait eu recours à l'expérience d'un professionnel. Au quotidien cependant, l'atelier doit être à même d'exaucer les caprices délicats d'une clientèle toujours plus nombreuse. C'est à son intention que Rigaud exécute de petits herbiers, peints dans le goût du tableau du musée des Beaux-Arts de Dijon qu'une inscription ancienne, si tant est qu'on lui accorde foi, place en 1720. Il n'est pas indifférent de noter qu'à cette date, Huilliot, Blain de Fontenay et Monnoyer ont disparu des livres de comptes. Renouant avec une technique que les traditions flamande et hollandaise pratiquaient couramment, Rigaud donne la préférence à l'huile sur le dessin, lorsqu'il s'agit de rendre un détail. Très peu de ces études peintes nous sont parvenues ; mais le catalogue de la vente Hyacinthe Collin de Vermont suffit à nous convaincre de leur importance : à côté des "neuf petits tableaux liés ensemble, études de différents sujets" et des "huit toiles de vingt qui sont études de cuirasses, armures et draperies, peintes par M. Rigaud" figurent "deux toiles de vingt Etudes de fleurs" du même.
Sur un fond rougeâtre, coquelicots, oeillets, camomilles, boutons d'or, fleurs de grenadier, giroflées doubles, immortelles, narcisses, jasmins odorants, pavots, muguet, tubéreuses, pensées, roses échevelées composent autant de bouquets d'une même variété qu'il serait vain d'attribuer à un portrait en particulier. D'un répertoire commode pour l'atelier, Rigaud a fait une oeuvre sensible. Un charme presque irréel s'exhale de ces brassées éparses : harmonie des blancs nacrés et des jaunes fanés, où pointe l'écarlate d'une inflorescence ; correspondance secrète d'une âme féminine avec la fleur censée l'exprimer.

(Notice d'Ariane James-Sarazin extraite de "Visages du Grand Siècle. Le portrait français sous le règne de Louis XIV. 1660 - 1715", Nantes, Musée des Beaux-Arts ; Toulouse, Musée des Augustins, 1997-1998)

Historique : Collection Gaston Joliet

Legs Gaston Joliet, 1921. Les oeuvres faisant partie du legs sont entrées au musée, pour certaines entre 1923 et 1925, pour d'autres en 1928

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

pdf

powered by Mobydoc