collections du musée des beaux-arts de dijon

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Portrait du sculpteur dijonnais Jean Dubois

Tableau
17e siècle (3ème quart) / 17e siècle (4ème quart)
Auteur : Revel, Gabriel

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 91 cm ; Largeur : 73 cm
Inv. CA 451

Il est assez singulier que les historiens d'art, si friands de monographies, n'aient pas encore consacré à Jean Dubois la belle étude qu'il mérite. L'ouvrage de l'historien dijonnais Eugène Fyot, paru en 1907, a aujourd'hui bien vieilli et trouverait un prolongement heureux dans la publication des nombreux documents concernant Dubois - les archives notariales de Dijon en regorgent - et du catalogue de ses oeuvres. Les églises de la capitale bourguignonne et le fonds du Musée des Beaux-Arts suffiraient à rendre justice à cet artiste qui doit retrouver sa place parmi les meilleurs sculpteurs et les plus habiles portraitistes du règne de Louis XIV. Dessins, terres cuites, bois et marbres, en nombre considérable, tous les aspects et toutes les phases d'élaboration de son art témoignent en sa faveur.
Né à Dijon le 20 octobre 1625, Dubois fut à la fois sculpteur et architecte. Appelé à Paris par Achille de Harlay, intendant de Bourgogne, en 1688, pour sculpter le buste du chancelier Louis Boucherat, il négligea les offres de ce dernier, très satisfait de son travail, et revint en Bourgogne. Riches et puissants, les parlementaires dijonnais lui permettaient en effet de donner libre cours à son talent, sans qu'il eût à subir la concurrence âpre et les cabales qui, souvent, assombrissaient la vie des meilleurs artistes parisiens. A cette clientèle venait s'ajouter celle de l'Eglise, elle aussi très puissante en Bourgogne. Gageons que Gabriel Revel avait raisonné de même en venant s'installer à Dijon et que ce choix commun et sage de la vie de province ne fut pas étranger à la sympathie manifeste du peintre pour le sculpteur. Parmi ses chefs-d'oeuvre, Dubois - qui mourut en 1694 - laisse ainsi le priant de marbre du tombeau de Georges Joly, baron de Blaisy, président du parlement de Bourgogne (Dijon, Musée des Beaux-Arts) ; le "Mausolée des Fyot de La Marche" et le "Cénotaphe de Claude Jehannin" (Dijon, église Saint-Michel) ; les bustes des "Douze apôtres", le "Tombeau d'Elisabeth de La Mare"(initialement à l'église des Cordeliers de Dijon, dépôt du Musée Archéologique de Dijon au Musée des Beaux-Arts) et le "Mausolée de Marguerite de Valon" (initialement pour le Couvent des Minimes à Dijon, Paris, Musée du Louvre) ; le groupe de "L'Assomption de la Vierge", le maître-autel et les bas-reliefs du choeur de l'église Notre-Dame de Dijon.
Revel a brossé ici l'un de ses visages les plus complexes du point de vue de l'expression, signe manifeste de la complicité qu'il entretenait avec son modèle. La clarté du regard - soutenue par un judicieux froncement des sourcils - et le discret sourire composent une physionomie d'emblée attachante, mêlée d'intelligence et de bonhomie. L'intense activité de l'artiste est symbolisée par les mouvements contrariés de la tête et des bras, celle-là tournée vers quelque objet extérieur, ceux-ci concentrés sur les attributs de la double fonction du sculpteur architecte. Comme l'expression, le vêtement est composé : au négligé du col ouvert de la chemise répondent les nuances subtiles du pourpoint de taffetas irisé et l'élégant bouillonnement de la chemise, au sortir de la manche.

(Notice de Dominique Brême extraite de "Visages du Grand Siècle. Le portrait français sous le règne de Louis XIV. 1660 - 1715", Nantes : Musée des Beaux-Arts, Toulouse : Musée des Augustins, 1997-1998)

Historique : Collection Docteur Bounder

Don du Docteur Bounder, vers 1811

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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