collections du musée des beaux-arts de dijon

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Lion au serpent

Statuette
vers 1845
Auteur : Barye, Antoine-Louis

Bronze, patine médaille
Hauteur : 26 cm ; Largeur : 35,5 cm ; Profondeur : 18 cm
Inv. DG 757

Cette sculpture du "Michel-Ange des fauves", comme le surnommait Roger Ballu, en 1840, est une réduction de la pièce qui l'a rendu célèbre, "Le Lion au serpent", réalisé en plâtre en 1832, présenté au Salon de 1833, fondu en bronze en 1835 par Honoré Gonon, exposé au Salon l'année suivante et conservé aujourd'hui Musée du Louvre. Alfred de Musset écrivait à cette occasion dans La Revue des Deux Mondes : "Le lion en bronze de M. Barye est effrayant comme la nature. Quelle vigueur et quelle vérité ! Ce lion rugit, ce serpent siffle. Quelle rage dans ce mufle grincé, dans ce regard oblique, dans ce dos qui se hérisse ! Quelle puissance dans cette patte posée sur la proie ! Et quelle soif de combat dans ce monstre tortueux, dans cette gueule affamée et béante ! Où M. Barye a-t-il donc trouvé à faire poser de pareils modèles ? Est-ce que son atelier est un désert de l'Afrique, ou une forêt de l'Hindoustan ? " (cité par Eugène Guillaume dans la préface de l'ouvrage de Roger Ballu, 1890). De fait, représenter des animaux pour eux-mêmes, en ronde-bosse, avec cette perfection dans l'anatomie et ce réalisme dans le mouvement, pouvait bien être considéré comme une révolution dans un art où ils avaient toujours été des sujets d'accompagnement. Tôt célèbre, Barye a lui-même reproduit et commercialisé dans des formats variés ses créations à un très grand nombre d'exemplaires, à un point tel que paradoxalement, son oeuvre en est aujourd'hui méconnu. A quoi s'ajoute la vente de ses modèles par Emile Martin dès 1848, puis leur diffusion par Barbedienne après sa mort. Aucune date n'est connue pour ses oeuvres, sauf pour celles qui ont été présentées au Salon et il n'y a pas exposé de 1837 à 1850. Le bronze de la Donation Granville ne relève nullement de cette production industrielle. Glenn F. Benge (1975) voyait dans cet exemplaire, en raison du traitement des surfaces, non pas une réduction mécanique, mais une réplique faite par Barye vers 1845 au plus tôt. Le modèle apparaît dans le catalogue de vente des bronzes de l'artiste en 1847 sous le n° 66. Barye a donné plusieurs versions de cette sculpture avec des variantes dans des formats divers, aujourd'hui dispersées dans des collections publiques en France (Bayonne, musée Bonnat. Montpellier, musée Fabre. Paris, musée du Louvre. Reims, musée des Beaux-Arts) et à l'étranger (Baltimore, Museum of Art. New-York, Metropolitan Museum of Art) ainsi que dans de nombreuses collections privées. Et le rapprochement avec les combats de lions d'Eugène Delacroix montre bien l'existence d'un goût pour l'exotisme et singulièrement pour l'Afrique et l'Orient qui caractérise le mouvement "romantique". Poletti et Richarme (2000) ont depuis apporté des précisions dans les dates : "Le Lion au serpent n° 1" est édité vers 1838 dans une première version qui comporte une terrasse rocailleuse. Éditée vers 1845, la seconde version -sur laquelle la date a été supprimée- est agrémentée d'un profil. Dans ces deux cas, le travail de surface est souvent modifié et présente cette calligraphie de la matière, nerveuse, très libre, presque abstrait, qui signe la production des années romantiques...
Cette édition obtint un succès considérable. Les comptes Martin font apparaître entre juillet 1850 et mars 1857 28 épreuves vendues.
Le présent exemplaire semble avoir été offert en 1854 par ses élèves à François Delsarte (1811-1871), professeur de chant très connu dont la fille Marie-Anne était elle-même sculpteur.

(Sophie Barthélémy d'après Serge Lemoine, "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976)

Historique : Collection Delsarte ; Collection André Schoeller ; Collection Michel Prat ; Collection Pierre et Kathleen Granville

Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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