collections du musée des beaux-arts de dijon
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Vision dans les nuages
Tableau
vers 1900
Auteur : Redon, OdilonOdilon RedonPeinture à l'huile sur toile
Bordeaux , 1840 - Paris , 1916
Ecole Française Contemporain des Impressionnistes, Odilon Redon a pourtant toujours suivi une voie personnelle, explorant des domaines en marge des recherches de son temps : ''J'ai fait un art selon moi. Je l'ai fait avec les yeux ouverts sur les merveilles du monde visible, et quoi qu'on en ait pu dire, avec le souci constant d'obéir aux lois du naturel et de la vie'' (A soi-même, Journal, 1867-1915).
Soucieux de ''substituer à la réalité le rêve de la réalité'', l'artiste puisa inlassablement son inspiration dans les méandres les plus secrets de son inconscient, créant ainsi un art visionnaire et fantasmagorique dont se réclamèrent plus tard les Surréalistes.
Cette propension à l'onirisme le plus étrange fut cultivée dès ses plus jeunes années passées dans la solitude sauvage du domaine familial de Peyrelebade, à la frontière du Médoc et des Landes. Formé d'abord à Bordeaux, il se lie d'amitié en 1857 avec le botaniste Armand Clavaud qui lui révèle les mystères de la nature tout en l'initiant à la littérature fantastique d'Edgar Poe. Déçu par l'enseignement de Gérôme à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, il revient à Bordeaux où il se découvre un autre mentor en la personne du graveur Rodolphe Bresdin (1822-1885) qui le convertit à la troublante poésie de son univers visionnaire. C'est aussi dans les années 1860 qu'il se lie à Corot et aux peintres de Barbizon avec lesquels il partage la même conception du paysage. Les années 1875-1880 marquent la période angoissée de ses ''Noirs'', terme inventé par l'artiste lui-même pour désigner l'ensemble des fusains et lithographies qui constituent alors l'essentiel de sa production. De 1879 à 1899, il publie 13 suites lithographiques qui révèlent l'influence de Rembrandt et de Goya mais aussi de Gustave Moreau dont il admirait la ''profonde modernité''. A partir de 1890, il abandonne progressivement les teintes sombres de la gravure au profit de la clarté du pastel et de la peinture à l'huile : c'est le ''triomphe de la lumière sur les ténèbres''. Son amitié avec les écrivains symbolistes Joris-Karl Huysmans et Mallarmé ainsi que son soutien à la jeune peinture nabi en font un véritable précurseur.
(Sophie Barthélémy, 2013)
Hauteur : 83 cm ; Largeur : 67 cm
Inv. DG 86-150 "Mon père me disait souvent : "Vois ces nuages, y discernes-tu, comme moi, des formes changeantes ? Et il me montrait alors, dans le ciel muable, des apparitions d'êtres bizarres, chimériques et merveilleux... "
Dans son Journal intitulé "A soi-même" et paru de 1867 à 1915, le peintre Odilon Redon se penche avec introspection sur sa carrière et sa vie. Une vie marquée par une enfance solitaire et maladive dans la campagne bordelaise qui avait nourri cette prédisposition de l'artiste, dès son plus jeune âge, au rêve et aux hallucinations fantasmagoriques.
La fréquentation des écrivains symbolistes et du graveur visionnaire Rodolphe Bresdin ne fut pas non plus étrangère à l'onirisme de Redon qui consacra tout son oeuvre gravé et peint à l'exploration de la pensée inconsciente.
Sans doute peinte dans les années 1900, cette peinture nous introduit dans l'étrange et envoûtant monde intérieur de l'artiste qui multiplia ces apparitions ou "visions" souvent teintées de mysticisme, comme ici avec cette figure de Madone : "Le beau et le bien sont au ciel" se plaisait ainsi à dire cet esthète épris de spiritualité.
Contestée en 1998 par Roseline Bacou, l'attribution à Redon, qui ne fait aujourd'hui plus aucun doute, fut confirmée en 1992 par Alec Wildenstein dans son catalogue raisonné de l'artiste. Le coloris, aux délicats camaïeux de roses et de bleus, rappelant les tendres tonalités du pastel, est en effet caractéristique de l'artiste qui frôle ici l'abstraction. Comme les nuées, la figure ectoplasmique de la Madone se dissout peu à peu pour devenir à son tour une simple tache colorée.
(Notice de Sophie Barthélémy, 2009) Historique : Collection Mme Gorodiche ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1986 Inscriptions / marques :Bibliographie :signature en bas à gauche en bordure : "ODILON REDON"
Exposition :Berger (K.), Odilon Redon, Phantasie und Farbe, Cologne, 1964, n° 118
Lemoine (Serge), Troisième Donation Granville, 14 juin 1986, Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon, 1986, n°150, reprod. en couverture
Wildenstein (Alec), Odilon Redon : Catalogue raisonné de l'oeuvre peint et dessiné : vol.I : portraits et figures, Paris : Wildenstein Institute, 1992, n°638 p.249, reprod.
L'Art des collections : Bicentenaire du Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, (16 juin - 9 octobre 2000), Imprimerie Nationale, 2000, p.374 fig.7
Passeurs d'art : Hommage à Pierre et Kathleen Granville donateurs du musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 2006, p. 69, fig. 58 p. 68
© photo François JayOdilon Redon, 1840-1916, Berne : Kunsthalle, 1958 , n° 206, reprod.
Odilon Redon entre rêve et mystère : Japon, Gunma : Musée d'Art moderne, février - mars 2001, Yamagata : Musée des Beaux-Arts, avril - mai 2001, Tokyo : Musée Odakyu, mai - juin 2001, Hiroshima : Musée des Beaux-Arts, juillet - août 2001 , n°42 p.66 reprod.
Passeurs d'art, Apolda : Kunstverein Apolda Avantgarde, 4 février - 25 mars 2007
Odilon Redon. Le ciel, la terre, la mer, Saint-Denis de la Réunion : Musée Léon Dierx, 12 octobre 2007 - 13 janvier 2008 , reprod. Cat. II-90 p. 216