collections du musée des beaux-arts de dijon
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Allégorie : La Pauvreté
Élément d'armoire
1575
Auteur : Bredin, EvrardEvrard BredinPeinture à l'huile sur bois
Seurre , ? - Dijon , vers 1599
Ecole Française On ne sait rien sur l'origine d'Evrard Bredin. Peut-être originaire de Seurre (Côte-d'Or), où travaillent deux peintres du nom de Jean Bredin), Evrard Bredin, peintre et verrier , graveur (?), architecte et géomètre , apparaît pour la première fois à Dijon en 1550, ville dans laquelle il est connu de 1550 à 1596.
C'est le 31 décembre 1550 que nous trouvons la première mention d'Evrard Bredin : il figure au nombre des artistes employés au décor d'un arc de triomphe pour l'entrée à Dijon du duc d'Aumale, gouverneur de la province ( Dijon, archives mun., I31).
En 1557, Evrard Bredin est remboursé de la somme qu'il avait indûment payée pour son admission à la maîtrise de peintre et verrier, droit dont il était en fait exempt en sa qualité de fils de maître (Dijon, Archives mun., M 94).
Mais ce titre de maître-peintre et verrier n'est officiellement reconnu que plus tard, le 15 avril 1561, pour la réalisation d'une verrière de la Crucifixion avec " Un Trépassement de Notre-Dame ", dans la chapelle des Gagne à l'église Saint-Michel de Dijon (Dijon, Archives mun., B 198).
A partir de cette époque, Bredin, fixé définitivement à Dijon, prend part à tous les travaux de la profession exécutés pour le compte de la Ville. On le trouve aussi " conducteur des ouvraiges de paincterye " pour l'entrée du roi Charles IX en 1564 (Dijon, Archives mun., I 18) et pour celle du duc de Mayenne en 1574 (Dijon, Archives mun., I 32). En dehors des panneaux peints en grisaille, technique bien particulière dont il use pour orner plusieurs meubles attribués à l'École d'Hugues Sambin, nous n'avons guère de trace de ses peintures. La tradition lui attribue un seul tableau, une " Vue de la Ville et cité d'Autun assiégée par le Sr maréchal Daulmont en l'année 1591 " , peinture en grisaille sur toile, qui se trouve au Musée Rolin à Autun.
On confie à Evrard Bredin des tâches variées relatives à ses nombreux talents de géomètre, d'architecte voire d'ingénieur. Il dessine en 1574 " Le Vray pourtraict de la ville de Dijon " à la demande du roi, pour figurer dans la Cosmographie universelle, dite "de Munster", augmentée par François de Belleforest ( t.I Paris, 1575) . Très précieux pour l'histoire de Dijon, ce document figure la première vue d'ensemble à vol d'oiseau de la ville.
Evrard Bredin collabore souvent avec Hugues Sambin, comme lui adepte de la religion réformée, en particulier pour les travaux préparatoires aux entrées solennelles.
En 1581 on les retrouve tous deux membres de la Commission chargée d'étudier les moyens de rendre l'Ouche navigable ; Evrard Bredin dresse une "tibériade" pour accompagner le compte rendu de leur étude.
D'avril 1589 à février 1592, Bredin établit le plan du faubourg d'Ouche à Dijon, en vue de sa fortification (Dijon, Archives mun., H 196).
Ses dernières interventions concernent les visites au titre d'expert des "travaux faits à des moulins", entre 1596 et 1598 (Dijon, Archives dép. C.O., B 5696).
(Notice de Catherine Gras, extraite du catalogue d'exposition "La peinture en Bourgogne au XVIe siècle", Dijon, Musée des Beaux-Arts, 1990)
Hauteur : 59 cm ; Largeur : 39 cm
Inv. 3934 b Ce panneau peint en camaïeu, ainsi que son pendant ont été conçus certainement pour orner le même meuble. Leur composition générale et leur structure décorative ne diffèrent que par d'infimes détails : figure plus joufflue du mascaron supérieur, décor du cartouche du cuir inférieur.
Le médaillon représente, dans un paysage sur fond d'architecture, un personnage masculin sur la pointe du pied droit, la jambe gauche levée, essayant de s'élever vers le ciel, où l'on voit la figure de Dieu sortir d'une nuée. L'homme lève la main gauche, soutenue par deux ailes, alors que le poids qu'il tient dans sa main droite le retient au sol.
En dessous du médaillon, dans un cartouche, on lit la devise suivante : SED TRUDOR. AD IMA. : "mais je suis poussé vers l'abîme".
Les "Emblemata" d'Alciet nous donnent à la page 99 de l'édition de 1548 la clef de l'allégorie : il s'agit de la Pauvreté. Les grands esprits sont gênés par la pauvreté, dont le poids les empêche de parvenir à leur but suprême : acquérir les plus hautes connaissances. Bredin s'est inspiré assez fidèlement de la gravure d'Alciat, malgré quelques variantes : position des pieds, architecture...
La technique de la peinture de camaïeu d'or et la signature d'Evrard Bredin permettent de rapprocher ces deux panneaux de ceux qui ornent le somptueux cabinet de la collection Gauthiot d'Ancier, du Palais Granvelle à Besançon.
On attribue traditionnellement, bien que sans preuves, ce meuble monumental à Hugues Sambin, qui séjourna à Besançon pour d'autres travaux. Huit panneaux, peints en camaïeu, dont l'un porte la signature et la date : E. BREDINUS.F.1581., représentent des personnages mythologiques ou allégoriques.
Le modelé des figures est obtenu au moyen de hachures avec des tons chauds produisant l'aspect métallique de l'or. Cette technique bien particulière "des figures de bronze rehaussées d'or à la façon de Dijon" est la spécialité d'Evrard Bredin : elle s'explique par sa formation de peintre verrrier puisqu'elle reprend exactement le travail de grisaille des vitraux.
Quatre panneaux peints selon la même technique rehaussent une armoire à deux corps entrée avec la collection Bulliot au Musée Rolin à Autun. On y voit des scènes allégoriques accompagnées de devises et de la date de 1574. L'artiste s'est inspiré ici de l'ouvrage d'Achilles Bocchii publié à Bologne. Il en a retenu les allégories de la Sagesse, de la Destinée et de l'Espérance.
Ces deux panneaux témoignent du goût pour un décor luxueusement exécuté en peinture faute d'or véritable, et de l'attrait pour des sujets moralisateurs issus de sources savantes, parfois interprétés maladroitement.
(Notice de Catherine Gras, extraite du catalogue de l'exposition "La peinture en Bourgogne au XVIe siècle", Dijon, Musée des Beaux-Arts, 1990)
Dépôt avec échange du Musée d'Auxonne, 1950 Oeuvres en lien : 3934 a Allégorie : La Destinée Elément du même ensemble Inscriptions / marques :Bibliographie :signature / date partie infér. du médaillon central : "E. Bredin
1575"inscription sur cartouche dans partie inférieure, devise en lettres d'or : "SED TRUDOR AD IMA"
Exposition :Michaud (Paul), "Un maître ouvrier bourguignon, Euvrard Bredin", Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire, T. XXVI, 1910, pp. 492-494
Quarré (Pierre), "Evrard Bredin, peintre des meubles d'Hugues Sambin", Mémoires de la Société éduenne, 1967, Tome LI, fasc.2, p.133-136, reprod. p.134, fig.4 et 5
Quarré (Pierre) et Geiger (Monique), Musée des Beaux-Arts de Dijon. Catalogue des peintures françaises, Dijon, 1968, n°16
Laveissière (Sylvain), Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art de Bourgogne, Paris : F. De Nobele, 1980, p. 76
Giroux (Henri), "Essai sur la vie et l'oeuvre dijonnaise d'Hugues Sambin", Mémoires de la Commission des antiquités de la Côte-d'Or, t. XXXII, 1980-1981 (1982), pp. 393-394
Thirion (Jacques), Le Mobilier du Moyen Age et de la Renaissance en France, Dijon, 1998, p. 233
"Musée des Beaux-Arts de Dijon : Oeuvres choisies", Musée national de la Renaissance/Château d'Ecouen (dépliant de visite), 2009, reprod.
© photo François JayHugues Sambin. Un créateur au XVIe siècle. Vers 1520-1601, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 24 juin - 11 septembre 1989 , n° 16
La peinture en Bourgogne au XVIe siècle, Dijon, Musée des Beaux-Arts, 1990 , n° 37