collections du musée des beaux-arts de dijon

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Le Jugement de Pâris

Tableau
début 18e siècle
Auteur : Boullogne, Louis II de

Peinture à l'huile sur toile


Hauteur : 71 cm ; Largeur : 137 cm
Inv. DE 17

Dans son "Jugement de Pâris", Louis II de Boullogne s'éloigne de la célèbre composition de Raphaël, dont la diffusion par la gravure avait permis une intense utilisation dans le domaine des arts décoratifs comme en témoigne, par exemple, le plat de l'atelier des Fontana.
Si le format allongé en largeur reste proche de celui de Raphaël, Boullogne allège considérablement la composition de ce dernier, en concentrant le drame sur les personnages essentiels. De nombreuses figures de fleuves et de nymphes sont éliminées, même s'il en reste quelques unes à gauche, dont il faut noter la gracieuse fraîcheur. Le ciel est, lui aussi, libéré de l'assemblée des dieux et n'est plus peuplé que de la sévère déesse Junon sur son char tiré par des paons, son attribut habituel. Par ailleurs, le peintre resserre la composition et la lumière sur le dialogue entre la figure du prince troyen Pâris, représenté en berger (que l'on reconnaît grâce à sa houlette) et Vénus, déesse de la beauté, presque entièrement nue, au moment où celle-ci reçoit la pomme d'or. Le peintre a subtilement représenté la déception de Minerve, déesse de la sagesse, qui commence à se rhabiller, tandis que Junon, déesse de la vertu dans le mariage, s'éloigne déjà avec un mouvement de dépit.
On peut se demander pourquoi l'artiste n'a pas utilisé le thème pour représenter des nus féminins vus sous trois angles différents, comme de nombreux peintres l'ont fait, tel Rubens. Peut-être faut-il attribuer cette retenue à la pruderie de la fin du règne de Louis XIV, époque durant laquelle Michel II Corneille dut, par exemple, « rhabiller » toutes les figures du "Jugement de Pâris" de Raphaël afin que l'on puisse en tisser une tapisserie présentant moins de nudités. Mais peut-être l'artiste a-t-il simplement voulu se concentrer sur l'expression des personnages : Pâris montre une fougue juvénile à peine contenue, émoustillé d'une telle rencontre avec la déesse de la beauté, tandis que cette dernière apprécie avec un sourire presque narquois un triomphe qu'elle estime lui être dû.

(Notice de Matthieu Gilles extraite de "Mythes et Légendes en Occident : Collection du Musée du Louvre", Taiwan, 2012-14

Historique : Collection Alexandrine Dècle

Legs Alexandrine Dècle, 1896

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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