collections du musée des beaux-arts de dijon

       

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Le Lavement des pieds

Tableau

Attribué à : Maître des Cortèges

Huile sur toile
Hauteur : 169 cm ; Largeur : 230,5 cm
Inv. CA 236

L'achat par le musée du Louvre en 2002 d'un "Couronnement d'épines", un petit tableau sur cuivre nouvellement donné au "Maître des Cortèges", donne l'occasion de faire le point sur ce peintre anonyme pour lequel on est réduit, comme pour d'autres qui gravitent autour des frères Le Nain, à utiliser un "nom de nécessité". On essaiera ici, faute de proposer une identité, de mieux cerner ce bel artiste. Comme le "Maître aux béguins" ou le "Maître des jeux", ce peintre, loin d'être une personnalité falote appliquant plus ou moins des recettes empruntées aux Le Nain, apparaît posséder un style assez clairement définissable, des types de figures bien à lui, une gamme de couleurs toute particulière ; comme eux ilbénéficie d'un corpus d'oeuvres suffisamment étoffé pour que l'on puisse juger de sa dimension : une bonne quinzaine de compositions dans son cas, certaines existant en plusieurs exemplaires, comme nous le verrons.
C'est autour de deux tableaux qui peuvent à l'origine avoir formé des pendants ou des vis-à-vis, très originaux par leurs grands formats en longueur et leur composition en frise de figures en marche, que l'on a regroupé les productions de cet artiste : le "Cortège du boeuf", qui appartint à Pablo Picasso avant que celui-ci le lègue au Louvre, et le "Cortège du bélier". Leur auteur, ou leurs auteurs, sont identifiés au milieu du XVIIIe siècle, en tout cas pour le second tableau : les frères Le Nain. Cette attribution est reprise au moment de la réapparition des toiles, au début du XXe siècle pour la première, dans les années 1930 pour la seconde. Elle est ensuite le plus souvent acceptée, souvent en favorisant pour l'exécution Mathieu, le cadet des trois frères. Mais très tôt Roberto Longhi, rendant compte en 1935 de l'exposition des "Peintres de la Réalité" de l'Orangerie où était présenté le "Cortège du bélier", trouve ce dernier tableau sans rapport avec les Le Nain. Charles Sterling, en 1937, émet à son tour des doutes sur l'attribution. En 1965, Jacques Thuillier parle clairement d'un maître différent, dont il regroupe plusieurs tableaux et dont il analyse l'oeuvre en 1978, au moment de son exposition "Le Nain" du Grand-Palais où figurent quatre toiles de l'artiste, dont les deux "Cortèges". Dans son "Tout l'oeuvre peint des Le Nain", Pierre Rosenberg catalogue en 1993 dix-sept tableaux qu'il donne, certains sans certitude, à ce "Maître des Cortèges". Nous proposons ici, à l'occasion de l'acquisition du "Couronnement d'épines" par le Louvre, de retoucher, préciser, compléter le groupe tel qu'il apparaît aujourd'hui sans, hélas, apporter de proposition pour identifier son auteur. A notre avis quinze peintures, certaines, preuve de leur succès auprès des contemporains, connues en deux, trois ou quatre exemplaires dont il est difficile parfois de juger du statut de réplique ou de copie. [...] Tentons d'ajouter, avec quelque hésitation, un autre grand tableau, un "Lavement des pieds" du musée des Beaux-Arts de Dijon, qui porte une vieille et inacceptable attributionà Bon Boullogne l'aîné. Onze apôtres sont là, debout, autour du groupe formé par saint Pierre assis et le Christ agenouillé qui lui lave les pieds. Encore un alignement de figures. Les visages, les draperies surtout, sont analogues à ceux du "maître", malgré ici une qualité moins haute. [...]

(Extrait de l'article de Jean-Pierre Cuzin, "Une suite de questions pour le Maître des Cortèges à propos de l'entrée au Louvre du Couronnement d'épines", in Cuzin, "Figures de la réalité. Caravagesques français, Georges de La Tour, les frères Le Nain..."Etudes réunies par Dominique Cordellier, Michel Laclotte, Antoinette Le Normand-Romain et Dimitri Salmon, INHA, éditions Hazan, 2010)

Historique : Collection Marie-Madeleine de Chavagnac

Don Marie-Madeleine de Chavagnac, 1828

Bibliographie : © photo François Jay

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