collections du musée des beaux-arts de dijon

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L'Arrestation du Christ

Panneau
vers 1520
Proposition d'attribution : Guérard, Grégoire

Peinture à l'huile sur bois. Support en chêne aminci, puis contrecollé sur un panneau de noyer, avec un parquetage.
Hauteur : 103,4 cm ; Largeur : 93,6 cm
Inv. 4068

Cette peinture est entrée au Musée comme une oeuvre de l'Ecole allemande du XVIe siècle, attribution longtemps conservée, et qui prouve à l'évidence ses sources germaniques. Dans sa composition entrent en effet deux estampes de Durer. On reconnaît au premier plan l'épisode de Saint Pierre et Malchus ( Saint Jean, XVIII, 10 et 11) emprunté à peu près textuellement à la gravure sur bois de la "Grande Passion", datée de 1510, représentant l'"Arrestation du Christ". Malgré quelques variantes de détail, l'artiste a respecté le schéma du motif de Durer : l'épée brandie, saint Pierre saisit le bras de Malchus, renversé à terre, sa lanterne à la main.
A l'arrière-plan, à gauche, le peintre s'est inspiré d'une planche de la "Petite Passion" exécutée de 1507 à 1512, "Jésus au Mont des Oliviers". Il en a retenu l'ange montrant la croix au Christ les bras tendus, le calice, et les apôtres endormis un peu plus bas, -trois dans la peinture, au lieu de deux dans l'estampe- et dans des attitudes légèrement différentes.
Du contraste entre le halo lumineux de l'ange et l'obscurité environnante, dans la gravure, naît l'effet d'éclairage nocturne exploité avec hardiesse dans le tableau, et souligné par une lueur à l'horizon, des brillances sur la masse des feuillages et la clarté d'une torche.
Tout en copiant Dürer, le peintre a l'habileté d'intégrer ses emprunts à une composition nettement déterminée par une grande diagonale qui délimite deux plans.
Une lumière brutale inonde la scène tumultueuse de l'arrestation, tandis qu'au loin règnent la nuit et le silence. La silhouette médiévale de Jérusalem se profile dans l'obscurité.
Le type des hommes de troupe , leurs attitudes compliquées, les plumets, les armes, les costumes aux détails bizarres se réfèrent pour beaucoup au goût des maniéristes anversois. La soldatesque brandit en tous sens lance, pertuisane, hallebarde, " morgenstern" suisse ou allemand hérissé de pointes et guisarme à crochet. D'après le "Theuerdanck" publié à Augsbourg au commencement du XVIe siècle , le "chapeau d'armes" du dernier soldat tourné vers la droite appartient à l'équipement allemand de l'époque. Saint Pierre empoigne un badelaire à bout échancré, pour couper l'oreille d'un des hommes du grand prêtre, Malchus, dont le bouclier gît à terre. On trouve une targe analogue au Musée national suisse de Zurich ( Inv, n° KZ 386), saisie avec le butin de Bourgogne à Grandson ou à Morat, ce qui garantit son origine. Mais en même temps on reconnaît ici l'usage des inscriptions en lettres d'or dans les auréoles, les coloris somptueux que domine le bleu-vert sombre du ciel, chers aux peintres bourguignons, et les arbres aux épaisses frondaisons traitées à la manière de celles du tryptique de Saint-Pantaléon.

(Notice de Marguerite Guillaume extraite de "La peinture en Bourgogne au XVIe siècle", Dijon, Musée des Beaux-Arts, 1990)

Historique : Collection Central Collecting Point, Munich ; Collection Musée du Louvre, Paris

Oeuvre récupérée par les Alliés en 1945, Commission de la récupération artistique ; Attribué au Musée du Louvre par l'Office des Biens et Intérêts privés en 1950 ; Dépôt de l'Etat, 1952, Inv. M.N.R. 347

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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