collections du musée des beaux-arts de dijon

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L'amiral de Coligny en impose à ses assassins

Tableau
1787
Auteur : Suvée, Joseph-Benoît

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 324 cm ; Largeur : 260 cm
Inv. CA 465 et 755

Avec Andries Cornelis Lens (1739 - 1822), Joseph Suvée est considéré comme l'un des plus importants promoteurs du néoclassicisme en Belgique. On reconnaît toutefois dans une partie de son oeuvre des signes avant-coureurs, saillants, de romantisme, surtout dans ses scènes de nuit. La toile "L'Amiral de Coligny en impose à ses assassins" en est ici un exemple représentatif. A côté du style dynamique, tout en gestes théâtraux, du clair-obscur dramatique et de l'allant que la composition diagonale confère à cette toile monumentale, c'est surtout le thème qui renvoie au romantisme. En lieu et place d'un récit grec ou romain classique, c'est maintenant un tableau, inhabituel pour l'époque, de l'histoire nationale (française) qui est mis en scène. Cette forme adaptée de la peinture historique est en effet annonciatrice de ce qui deviendra plus tard un genre majeur du romantisme. Concrètement, Suvée s'inspire de l'histoire du chant II de la "Henriade - La Ligue ou Henry le Grand", un poème épique publié par Voltaire en 1723. L'oeuvre raconte l'assassinat de Gaspard de Coligny (1519 - 1572), l'une des principales victimes du massacre de la Saint-Barthélemy. Dans cette scène meurtrière des Guerres de religion en France, ce personnage protestant marquant, exemple de vertu, est attaqué par une bande d'assassins. Avec force courage, il tient ses assaillants en échec, mais l'attaque finira un peu plus tard par lui être fatale. Cette peinture est exposée au Salon de Paris de 1787 en même temps que "La Mort de Socrate" (New York, The Metropolitan Museum of Art), une oeuvre de Jacques-Louis David (1748 - 1825). Comparée à cette dernière, la toile de Suvée ressemble déjà à une sorte de manifeste du romantisme en France.
L'influence de Joseph Suvée sur la peinture belge, surtout à travers ses nombreux élèves, est encore trop méconnue. Après une formation dans les académies de Bruges et de Paris, il décroche le Prix de Rome de peinture en 1771. Il l'emporte de justesse devant son concurrent, le très illustre Jacques-Louis David. Après un séjour de six ans à l'"Académie de france" à Rome, l'artiste belge poursuit sa carrière à Paris. En 1787, il peint cette toile, l'une de ses réalisations les plus innovatrices dans une oeuvre qui compte au total quelque 70 peintures. Engagé en 1782 en tant que professeur à l'"Académie royale" de Paris, il est nommé directeur de l'"Académie de France" à Rome en 1792, une fonction qu'il ne pourra cependant endosser qu'en 1801 après bien des difficultés. Il procure à l'institution un nouveau toit digne de l'accueillir, la Villa Médicis et se révèle, en tant que directeur, être un gestionnaire combatif. En l'espace de six années, le consciencieux Suvée abat un travail colossal. Désormais, il sacrifie ses ambitions personnelles d'artiste peintre pour se consacrer corps et âme à l'épanouissement et à la formation de ses "pensionnaires". Beaucoup de ses anciens élèves "belges" comme Jean-Bernard Duvivier, Joseph Ducq, Joseph Odevaere, ou d'artistes qui évoluent dans son entourage comme François Kinsoen et Albert Gregorius, apparaissent comme une première génération de romantiques.

(Notice de Dominique Marechal extraite du catalogue d'exposition "Le romantisme en Belgique entre réalités, rêves et souvenirs, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 2005)

Historique : Collection Louis XVI ; Collection Musée du Louvre, Paris

Déposé par le Musée du Louvre à Dijon en 1874. Transfert définitif de propriété à la Ville de Dijon, arrêté du ministre de la culture du 15 septembre 2010

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo Hugo Martens

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