collections du musée des beaux-arts de dijon

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Portrait présumé de Jean-Philippe Rameau

Tableau
18e siècle (2ème quart) / 18e siècle (3ème quart)
Attribué à : Aved, Jacques-André

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 117 cm ; Largeur : 83 cm
Inv. CA 247

Les listes d'envoi, et pratiquement tous les ouvrages jusqu'à ce jour, ont considéré que ce tableau provenait des collections royales, sans qu'aucune preuve n'en ait jamais été apportée. Il s'agit en réalité d'une acquisition faite pendant le Consulat ou l'Empire, en tout cas avant 1805. En effet, l'"Etat des tableaux du musée Napoléon dont on pourrait disposer en faveur de quelques villes de l'Empire", de 1812 (Archives du Louvre P 10) porte dans la colonne des provenances la mention "acquisition". De plus, un autre document conservé également aux Archives du Louvre et intitulé "Notice de tableaux dont plusieurs ont été recueillis à Parme et à Venise exposés dans le Grand Salon du musée Napoléon ouvert le 27 thermidor an XIII" (15 août 1805) nous apprend que le tableau était présenté pour la première fois au Louvre à cette date, sans pour autant faire partie du Salon officiel. Il a donc pu être acheté peu de temps auparavant, mais nous n'avons pu retrouver sa trace avant son entrée dans les collections du musée Napoléon. Il fut envoyé à Dijon en 1812, comme "Chardin", attribution qu'il avait dès 1805.
Il semble que l'on puisse reconnaître dans le musicien du tableau de Dijon le compositeur Jean-Philippe Rameau. Le musée de Dijon conserve, en effet, un buste de Rameau par J.J. Caffiéri (Salon de 1765) sur lequel on lit le même regard, le même visage ovale, aux traits simplement plus accusés dans le buste de Caffiéri, puisque le sculpteur l'exécute à la veille de la mort du compositeur dijonnais. Selon G. Wildenstein, un détail du tableau viendrait confirmer cette identification : le musicien représenté pince les cordes de son instrument, laissant l'archer sur la table ; or, Rameau serait l'inventeur des pizzicati sur le violon.En outre, H. Maret, dans son "Eloge hsitorique de M. Rameau" (Dijon, 1766) nous apprend que le musicien se servait effectivement d'un violon lorsqu'il composait.
Ce portrait, traditionnellement attribué à Chardin, a été donné depuis 1904 à Aved par P. Dorbec, attribution acceptée par Guiffrey et Wildenstein. C'est sous ce nom qu'il figure aujourd'hui au musée de Dijon. Néanmoins les raisons alléguées pour mettre au catalogue d'Aved ce portrait paraissent fragiles et posent un certain nombre de problèmes. En effet, si l'on admet avec P. Dorbec que Rameau est représenté à l'âge approximatif de 45 ans, sa date d'exécution se situerait vers 1728. Or, à cette date-là, le peintre n'avait que 26 ans et l'on peut se demander s'il était capable d'une telle maîtrise dans l'art du portrait. Certes, l'âge que donne Dorbec au musicien n'est pas certain et l'on peut penser que le tableau a été peint vers 1740. Quant aux rapprochements stylistiques que suggère Dorbec avec le "Portrait de Jean-Baptiste Rousseau", où il retrouve "des maniements de pinceau presque identiques", ne sont-ils pas tout à fait subjectifs et ne seraient-ils pas possibles avec certaines oeuvres de Chardin ? Enfin, l'argument de Wildenstein selon lequel Aved aurait possédé chez lui de la musique de Rameau en 1738, n'a pas grand poids sur le plan scientifique. Il y a donc là une énigme, insoluble dans l'état actuel de la question, et, tout compte fait, il nous paraît plus prudent de nous contenter de la vague attribution "école française du XVIIIe siècle".
Il n'en reste pas moins vrai qu'il s'agit d'une oeuvre importante. La simplicité de la composition qui cherche à montrer le musicien avec naturel, l'atmosphère qui émane du tableau, la pénétration psychologique qui laisse entrevoir le tempérament atrabilaire du musicien (qu'a stigmatisé à tout jamais Diderot dans son "Neveu de Rameau" !), la largeur et l'aisance du métier, le sens de la couleur qui allie magistralement le rouge de l'habit à la pâleur du visage font de cette toile l'un des portraits les plus réussis du siècle.

(Notice d'Alain Roy extraite de "Les Envois de l'Etat au Musée de Dijon (1803-1815)", Paris : Ed. Ophrys, 1980)

Historique : Collection Musée du Louvre, Paris

Dépôt de l'État de 1812, transfert définitif de propriété à la Ville de Dijon, arrêté du Ministre de la Culture du 15 septembre 2010

Oeuvres en lien :

CA 397 La Salle des Gardes au Musée de Dijon, en 1847 Représentation sommaire

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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