collections du musée des beaux-arts de dijon

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Le Serment à l'amour

Tableau
1786
Auteur : Trinquesse, Louis-Roland

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 131 cm ; Largeur : 98 cm
Inv. DE 23

Si Marguerite Gérard, Boilly, Schall ou Trinquesse flattaient volontiers le goût des amateurs et des curieux pour la manière fine des peintres hollandais, il n'en demeure pas moins que les scènes de genre restaient éminemment françaises. Elles s'inscrivaient en effet dans la lignée des scènes galantes des années 1760 et 1770. L'oeuvre de Trinquesse doit sans doute également beaucoup aux "tableaux de mode" de Jean-François de Troy et de Lancret. Tant dans ses scènes d'intérieur que dans les tableaux du musée de Dijon, "Le serment à l'amour" et son pendant, "L'Offrande à Vénus", l'artiste parvint à créer une atmosphère qui lui fut propre. Il imitait le précieux des satins des peintres de genre du Siècle d'or qu'il connaissait bien pour avoir séjourné en Hollande. Dans cette démonstration virtuose, il excella dans le rendu des effets métallisés des gris, des bleus gris et des roses. Pour accroître cette impression de légèreté et les reflets de la lumière sur les draperies, il utilisa un pinceau et une palette qui lui permirent d'isoler les figures du reste de la composition. Longtemps attribués à Fragonard, les deux tableaux de Dijon doivent sans doute au maître de Grasse le traitement du paysage dans le fond qui rappelle "La Fête à Rambouillet" (Lisbonne, musée Gulbenkian), mais surtout les sujets. Si nombre de peintres abordèrent ces sujets très en vogue, les serments, les voeux ou les invocations à l'amour de Fragonard étaient certes les plus célèbres des années 1170 et 1780. Le personnage de jeune galant porte un costume "espagnol" qui serait "presque un vêtement du Directoire" et qui doit peu aux costumes inventés par Marguerite Gérard et Fragonard (Pupil, 1985, p. 296). "Avec la cape et l'écharpe de soie, il représente parfaitement le type du page amoureux que la littérature a mis à la mode depuis Beaumarchais et Tressan. Si les frondaisons prouvent la filiation avec Watteau, la colonnade en ruines est une contribution notable au renouvellement d'un motif usé ; Trinquesse (sut) associer le souvenir classique à une sensibilité déjà troubadour de l'amour chevaleresque" (Ibidem). Si le propos est fort différent, il est néanmoins intéressant de souligner la parenté de cette toile avec les "Adieux d'Henri IV et de la belle Gabrielle", commandés à la même date à François-André Vincent (Fontainebleau, musée national du Château), où l'on retrouve le jardin, l'autel, et le costume de la Renaissance française. Contrairement à la plupart des autres peintres de genre de sa génération, Trinquesse tenta d'obtenir la reconnaissance de l'Académie. Wille relata en 1789 ces efforts qui ne portèrent pas leurs fruits : "Un peintre de genre, M. Trinquesse, devoit exposer des ses ouvrages pour être agréé, et il m'avoit même fait sa visite en conséquence ; mais il ne parut pas ; il avoit déjà été refusé deux fois, et peut-être pour ne pas l'être une troisième fois il avoit, à ce que l'on disoit, retiré son ouvrage" (Wille, 1857, vol 2, p. 216).

(Notice de Carole Blumenfeld extraite de "Petits théâtres de l'intime. La peinture de genre française entre Révolution et Restauration", Toulouse, 2011-2012)

Historique : Collection Alexandrine Dècle

Legs Alexandrine Dècle, 1896

Oeuvres en lien :

DE 22 L'Offrande à Vénus Pendant

2264 bis Le Serment à l'amour Gravure d'après le tableau original

2263 bis Le Serment à l'amour

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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