collections du musée des beaux-arts de dijon
résultats de recherche
ajouter au panier voir le panier
Portrait d'Edma Trimolet, née Saulnier, sa femme
Tableau
1850
Auteur : Trimolet, AnthelmeAnthelme TrimoletPeinture à l'huile sur toile
Lyon , 1798 - Lyon , 1866 Anthelme-Claude-Honoré Trimolet est admis dès l'âge de dix ans à l'École spéciale de dessin de Lyon. Il y étudie sous la direction de Pierre Revoil qui fut, aux côtés de Fleury-Richard, l'un des fondateurs du style dit ''troubadour'' . Délaissant l'Antiquité pour le Moyen-Age et la Renaissance, les peintres ''troubadour'' privilégient dès les années 1800 l'anecdote historique traitée dans des petits formats au faire minutieux rappelant la technique des maîtres hollandais du XVIIe siècle. Au Salon de 1824, face au raz de marée romantique provoqué par les Massacres de Scio de Delacroix, la jeune École lyonnaise est sévèrement sanctionnée par la critique : ''C'est le bagne de la peinture.'' (Baudelaire)
C'est dans ce contexte que s'épanouit l'art de Trimolet dont les scènes de genre sont alors très appréciées des amateurs lyonnais et parisiens. De 1819 à 1853, il expose régulièrement au Salon où son chef-d'oeuvre, Messieurs Eynard et Brun dans l'intérieur d'un atelier de mécanicien, est récompensé par une médaille d'or.
Grand amateur d'antiquités et de peinture nordique, Trimolet constitue à partir de 1825 une remarquable collection de peintures, dessins, meubles et objets d'art. C'est ainsi pas moins de 2000 numéros qui sont légués en 1878 par sa veuve, l'artiste d'origine bourguignonne Edma Trimolet, née Saulnier (1801-1878), au musée de Dijon. Parmi ce legs, auquel il convient d'ajouter d'autres provenances, on compte 62 oeuvres (peintures et dessins) d'Anthelme Trimolet, essentiellement des portraits ainsi que des scènes de genre et des sujets historiques, et 7 oeuvres de son épouse. Il est parfois difficile de faire précisément la part entre les oeuvres attribuées à Anthelme et celles attribuées à Edma qui fut l'élève de son époux comme le fut aussi la soeur de ce dernier, Marie-Antoinette Petit-Jean (1795-1831).
(Sophie Barthélémy, 2013)
Hauteur : 108 cm ; Largeur : 80 cm
Inv. 3741 Un an après avoir réalisé son propre portrait (inv. 3740), Anthelme Trimolet exécute celui de son épouse, Edma (1801-1878), également peintre, avec laquelle il forma un couple d'artistes et de d'amateurs d'art passionnés. Quoique réalisés à une année d'intervalle, leurs formats identiques peuvent faire penser à deux pendants.
Représentée dans la maturité de ses 49 ans et dans l'intimité de l'appartement conjugal, Edma Trimolet apparaît elle aussi comme l'archétype du modèle romantique : expression rêveuse et mélancolique, geste éloquent et élégant du menton reposant sur la main dans une attitude de contemplation méditative. La même attitude se retrouve dans Rêverie (CA T 122) dont l'attribution à Edma ou Anthelme n'a pas encore été tranchée. Le choix du cadrage à mi-corps permet à nouveau de focaliser l'attention sur le visage dont l'ovale gracieux est mis en valeur par la coiffure en bandeaux alors à la mode. Inspiré à la fois par la mode médiévale et l'orientalisme, le vêtement porté par l'artiste semble tout droit sortir des écrits romanesques de Walter Scott ou de Victor Hugo. D'une couleur vert sombre qui n'est pas sans rappeler celle du costume de l'Esméralda de Notre-Dame de Paris, la casaque - vêtement de dessus de robe - se présente comme une sorte de paletot sans ceinture, à larges manches, fendu et ouvert sur le côté à la manière du tabard (vêtement de style oriental et d'Europe centrale, porté depuis le XVIe siècle).
Les valeurs sombres de la casaque sont ici rehaussées par le vert ''grenouille'', alors très en vogue, de la doublure en soie, et par la transparence de l'organza de la ''chainse'' (ou ''cainsil''), longue et souple tunique dont les manches longues sont resserrées aux poignets. Sous cette chemise on devine la présence d'une autre chemise de couleur rose pâle, dit ''glacé à la cire'', en vogue depuis les Incroyables de l'Empire : chemise ''à la sarrazine'' ou ''à la mauresque''.
L'élégance exotique très recherchée du vêtement est encore renforcée par la préciosité des bijoux : le sautoir autour du cou s'inspire des vitraux du Moyen-Age dont les motifs sont eux-mêmes empruntés aux bijoux et à l'orfèvrerie religieuse de l'époque byzantine. Ces sautoirs en verroterie étaient souvent portés avec des sautoirs en perles se terminant généralement par une croix, comme celui posé sur le buffet, à gauche de la composition. A ces colliers s'ajoutent encore les boucles d'oreilles en verre ou pierres précieuses (rubis ?), alors appelées ''dormeuses''.
Si ce portrait partage avec son ''pendant'' masculin cette même recherche d'élégance et de raffinement, il accorde une importance plus importante au décor, réduit à un fond uni et à un fauteuil dans l'Autoportrait. La présence du mobilier Renaissance rappelle ici à la fois la vocation de collectionneurs des Trimolet et leur adhésion au goût troubadour, également sensible dans le choix vestimentaire. La crédence, ornée de cariatides dans le style du Bourguignon Hugues Sambin, et la commode recouverte d'un tapis d'inspiration orientale, à l'image de celui recouvrant le fauteuil dans l'Autoportrait, composent ce décor auquel s'ajoutent quelques éléments de vaisselle renvoyant à la vie quotidienne du foyer.
Les jeux de lumière sur les cariatides font ici écho à la transparence lumineuse des manches du vêtement et aux perles blanches du collier posé sur le buffet, à côté du livre dont la couverture ornée d'une ferrure ancienne vient souligner l'univers cultivé de ces amateurs d'art et bibliophiles passionnés. Dominée par des tons bruns chaleureux, la gamme chromatique renforce enfin le sentiment d'intimité familiale et d'affection conjugale liant l'artiste à son modèle.
(Notice de Sophie Barthélémy, 2013 ; les éléments concernant la description détaillée du vêtement et des accessoires ont été aimablement communiqués par Marila Goux, historienne d'art, spécialiste de l'histoire de la mode)
Dépôt du Musée du Louvre, 1946, R.F. 1945-10 et R.F. 1945-11
Oeuvres en lien : 3740 Portrait de l'artiste CA T 903 Crédence CA T 914 Coffre Inscriptions / marques :Bibliographie :signature / date "Trimolet, 1850"
Exposition :Quarré (Pierre) et Geiger (Monique), Musée des Beaux-Arts de Dijon. Catalogue des peintures françaises, Dijon, 1968, n°882
© photo François JayNouvelles acquisitions (2 septembre 1939 - 31 mars 1946), Dijon : Musée, 1946 , n° 48
L'Art des collections. Bicentenaire du Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 16 juin - 9 octobre 2000 , Fig 1 p. 245