collections du musée des beaux-arts de dijon

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La Trombe, Etretat

Tableau
vers 1869 / 1870
Auteur : Courbet, Gustave

Peinture à l'huile sur toile (rentoilée)
Hauteur : 54 cm ; Largeur : 80 cm
Inv. DG 692

A partir des années 1860, Gustave Courbet accorde une place de plus en plus importante au genre du paysage. C'est à l'occasion de séjours prolongés sur la côte normande, entre 1865 et 1869, qu'il réalise un grand nombre de "paysages de mer" comme il les nommait lui-même dans sa correspondance. Ces marines reprenaient en fait, en les amplifiant encore davantage, celles réalisées en 1854 et 1857 sur la côte languedocienne lors de son séjour à Montpellier auprès de son mécène Alfred Bruyas. Mais alors, la mer plate et calme semblait suggérer une certaine harmonie entre l'homme et la nature dont les éléments se déchaîneront par la suite. Fasciné, comme Boudin et Monet, par les phénomènes météorologiques, Courbet fut en effet témoin d'une violente trombe d'eau lors d'un voyage à Trouville en 1865 ou 1866. Il en donna diverses versions, comme celle du Philadelphia Museum of Art, datée de 1866, ou encore celle du Metropolitan Museum de New York (1873) qui, bien que légèrement plus petite que la Trombe dijonnaise, n'en présente pas moins le plus de similitudes avec elle. On peut encore rapprocher ces tableaux de la série des "Vague" ou "Mer orageuse" entreprise en 1869 (Brême, Kuntshalle, Francfort, Städelsches Kunstinstitut, Lyon, musée des Beaux-Arts, Berlin, Nationalgalerie). La réunion de ces marines normandes, d'esprit encore très romantique, à la rétrospective actuelle du Grand Palais permet aujourd'hui de mieux mesurer le talent protéiforme du génial peintre franc-comtois. Profondément attaché à sa terre natale, à laquelle il consacra la majeure partie de ses paysages, il fut aussi séduit par les rivages de la côte normande dont les falaises, à la force tellurique et sauvage, lui rappelaient sans doute les rochers et les grottes de la si pittoresque vallée de la Loue. Michel Hilaire (cat. Exp. Courbet, Paris, New York, 2007, n° 128) n'a pas manqué de souligner la singularité du tableau de Dijon parmi l'ensemble réuni au Grand Palais : "La Trombe" de Dijon rompt avec la radicalité et la théâtralité grandiose de la toile de Philadelphie : cette fois, le peintre s'est placé au pied de la falaise tout près d'un chaos de rochers. Courbet cherche à happer le spectateur dans l'espace terrorisant du tableau. Aucune issue possible autre qu'un abandon progressif et inéluctable aux forces déchaînées de la nature : les falaises rugueuses à droite répondent aux nuées obliques du ciel qui déversent sur les flots brassés leurs trombes d'eau. Le rocher en saillie, au centre, rivalise avec la vague puissante et solide qui enfle à gauche. Les lourds nuages courant tout au long du rebord supérieur de la toile finissent d'emprisonner le regard. L'impression de vertige et de ballottement naît de ces mouvements opposés... " A la violence de l'évocation s'ajoute aussi la subtilité de l'harmonie colorée, faite de bleus, de bruns terreux et de gris plus ou moins chauds, posés avec le couteau à palette, selon ce procédé si caractéristique qui donne aux paysages de Courbet un relief presque sculptural. Par sa force à la fois expressive et poétique, cette "Trombe", que l'on peut dater des années 1869-1870, semble illustrer les vers contemporains de Victor Hugo, autre célèbre Franc-Comtois, dans les "Travailleurs de la mer" : "L'eau monte vers la bouche invisible, une ventouse se forme, la tumeur enfle, c'est la trombe, le Prester des anciens (...) une montagne d'écume qui s'élève, une montagne de nuée qui descend... "

(Notice de Sophie Barthélémy, 2009)

Historique : Collection Jamarin ; Collection Canson ; Collection Pierre et Kathleen Granville

Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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