collections du musée des beaux-arts de dijon
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La Trombe, Etretat
Tableau
vers 1869 / 1870
Auteur : Courbet, GustaveGustave CourbetPeinture à l'huile sur toile (rentoilée)
Ornans , 1819 - La Tour-de-Peilz , 1877
Ecole Française Plus que de son professeur classique, Charles-Antoine Flajoulot (1774-1840), c’est avant tout des maîtres anciens, Diego Vélasquez (1599-1660), Frans Hals (1581/1585-1666), Rembrandt (1606-1669) et des Vénitiens, que Gustave Courbet reçoit sa formation de maître du réalisme. L’artiste offre un oeuvre où la sobriété, la facture vigoureuse et le caractère franc et cru répondent à sa quête de vérité et à ses idées socialistes. Engagé dans les mouvements politiques de son temps, Courbet subit l’influence du philosophe Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) et est un des élus de la Commune. Ses paysages, ses animaux, ses natures mortes, ses nus et ses portraits peints sont alors autant de manifestes qui prêchent le vrai du réalisme social.
En 1855, suite au refus de ses oeuvres qu’il doit essuyer lors de l’Exposition universelle, l’artiste bouscule l’académisme bourgeois bien pensant en créant son pavillon du réalisme où il présente l'une de ses oeuvres majeures : eL'Atelier du peintree. Créateur d'un art puissant et sans fard, Courbet révolutionne la tradition picturale par les thèmes illustrés, tel l’univers du monde prolétaire dont eL’Enterrement à Ornanse (1850) est resté emblématique, et par son audace à appliquer à la peinture de la vie quotidienne les grands formats traditionnellement réservés au grand genre historique.
Des paysages de sa Franche-Comté natale, à laquelle il reste toute sa vie attaché et qui lui inspire ses premières grandes oeuvres, à ses séries sur les vagues normandes, l'oeuvre de Courbet annonce aussi l'impressionnisme par sa volonté de capturer l'instant et de rendre la vibration des effets atmosphériques.
Hauteur : 54 cm ; Largeur : 80 cm
Inv. DG 692 A partir des années 1860, Gustave Courbet accorde une place de plus en plus importante au genre du paysage. C'est à l'occasion de séjours prolongés sur la côte normande, entre 1865 et 1869, qu'il réalise un grand nombre de "paysages de mer" comme il les nommait lui-même dans sa correspondance. Ces marines reprenaient en fait, en les amplifiant encore davantage, celles réalisées en 1854 et 1857 sur la côte languedocienne lors de son séjour à Montpellier auprès de son mécène Alfred Bruyas. Mais alors, la mer plate et calme semblait suggérer une certaine harmonie entre l'homme et la nature dont les éléments se déchaîneront par la suite. Fasciné, comme Boudin et Monet, par les phénomènes météorologiques, Courbet fut en effet témoin d'une violente trombe d'eau lors d'un voyage à Trouville en 1865 ou 1866. Il en donna diverses versions, comme celle du Philadelphia Museum of Art, datée de 1866, ou encore celle du Metropolitan Museum de New York (1873) qui, bien que légèrement plus petite que la Trombe dijonnaise, n'en présente pas moins le plus de similitudes avec elle. On peut encore rapprocher ces tableaux de la série des "Vague" ou "Mer orageuse" entreprise en 1869 (Brême, Kuntshalle, Francfort, Städelsches Kunstinstitut, Lyon, musée des Beaux-Arts, Berlin, Nationalgalerie). La réunion de ces marines normandes, d'esprit encore très romantique, à la rétrospective actuelle du Grand Palais permet aujourd'hui de mieux mesurer le talent protéiforme du génial peintre franc-comtois. Profondément attaché à sa terre natale, à laquelle il consacra la majeure partie de ses paysages, il fut aussi séduit par les rivages de la côte normande dont les falaises, à la force tellurique et sauvage, lui rappelaient sans doute les rochers et les grottes de la si pittoresque vallée de la Loue. Michel Hilaire (cat. Exp. Courbet, Paris, New York, 2007, n° 128) n'a pas manqué de souligner la singularité du tableau de Dijon parmi l'ensemble réuni au Grand Palais : "La Trombe" de Dijon rompt avec la radicalité et la théâtralité grandiose de la toile de Philadelphie : cette fois, le peintre s'est placé au pied de la falaise tout près d'un chaos de rochers. Courbet cherche à happer le spectateur dans l'espace terrorisant du tableau. Aucune issue possible autre qu'un abandon progressif et inéluctable aux forces déchaînées de la nature : les falaises rugueuses à droite répondent aux nuées obliques du ciel qui déversent sur les flots brassés leurs trombes d'eau. Le rocher en saillie, au centre, rivalise avec la vague puissante et solide qui enfle à gauche. Les lourds nuages courant tout au long du rebord supérieur de la toile finissent d'emprisonner le regard. L'impression de vertige et de ballottement naît de ces mouvements opposés... " A la violence de l'évocation s'ajoute aussi la subtilité de l'harmonie colorée, faite de bleus, de bruns terreux et de gris plus ou moins chauds, posés avec le couteau à palette, selon ce procédé si caractéristique qui donne aux paysages de Courbet un relief presque sculptural. Par sa force à la fois expressive et poétique, cette "Trombe", que l'on peut dater des années 1869-1870, semble illustrer les vers contemporains de Victor Hugo, autre célèbre Franc-Comtois, dans les "Travailleurs de la mer" : "L'eau monte vers la bouche invisible, une ventouse se forme, la tumeur enfle, c'est la trombe, le Prester des anciens (...) une montagne d'écume qui s'élève, une montagne de nuée qui descend... "
(Notice de Sophie Barthélémy, 2009) Historique : Collection Jamarin ; Collection Canson ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Inscriptions / marques :Bibliographie :signature en bas à droite : "G. Courbet"
étiquette à droite de la signature, collée sur la peinture : "n° 15"
Exposition :Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900, Ville de Dijon, 1976, n° 52 p. 82, reprod.
Courbet, Paris : Grand Palais, 1977, cité en rapprochement du n° 117
Fernier (Robert), Catalogue de l'oeuvre de Courbet, Paris, La Bibliothèque des Arts, 1978, tome II (1866 - 1877), n° 753
Bonafoux (Pascal), Au fil de la Seine. Rives, grèves et plages, impressions de peintres, Paris : Le Chêne, 1998, reprod. p. 145
Six chefs-d'oeuvre français prêtés par Francfort, Paris, Musée d'Orsay, 1999, fig. 5 p. 22
Desjardins (Marie-Hélène), Des peintres au pays des falaises : 1830-1940, Editions des Falaises, 2004, reprod. p. 74
© photo François JayEsquisses peintes, moments anonymes : Normandie 1850-1950, Caen : Musée des Beaux-Arts, 11 juin -26 septembre 1988 , n° 22, reprod.
Désir de rivage : de Granville à Dieppe, Caen, Musée des Beaux-Arts, 1994
Courbet artiste et promoteur de son oeuvre, Lausanne, Musée Cantonal des Beaux-Arts, Stockholm, Nationalmuseum, 1998 , n° 57, reprod. p. 39
Aux couleurs de la mer, Paris, Musée d'Orsay, 1999 - 2000 , n° 9
Courbet et la Franche-Comté, Besançon, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, 23 septembre - 31 décembre 2000 , n° 162, reprod.
Vagues : Autour des Paysages de mer de Gustave Courbet, Le Havre : musée Malraux, 2004 , pp. 92-93, reprod.
Passeurs d'art : Hommage à Pierre et Kathleen Granville donateurs du musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 18 novembre 2006 - 29 janvier 2007 , fig. 20 p. 34
Gustave Courbet, Paris : Galeries nationales du Grand-Palais, 13 octobre 2007 - 28 janvier 2008, New York : The Metropolitan Museum of Art, 27 février - 18 mai 2008, Montpellier : Musée Fabre, 14 juin - 28 septembre 2008 , Cat. 128 p. 286, reprod. p. 287
The Ages of the Sea, Lisbonne : Fondation Calouste Gulbenkian, 26 octobre 2012 - 27 janvier 2013 , Cat. 54 p. 162
Impresionismo y aire libre. De Corot a Van Gogh, Madrid : Musée Thyssen-Bornemisza, 5 février - 12 mai 2013 , Cat. 108 p. 201
Sensations de nature. De Courbet à Hartung, Ornans : Musée Gustave Courbet, 4 juillet - 12 octobre 2015 , Cat. 8, repr. p. 114-115