collections du musée des beaux-arts de dijon

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La Chananéenne (copie d'après Annibale Carrache)

Tableau
vers 1667
Auteur : Bonnemer, François

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 256 cm ; Largeur : 201,5 cm
Inv. CA 18

Prix de Rome en 1665, François Bonnemer fut pensionnaire de l'Académie de France ; il exécuta cette copie à Rome d'après un original d'Annibal Carrache peint pour la chapelle du Palais Farnèse, selon toute vraisemblance en 1667 en même temps que les copies de la Galerie Farnèse placées également aux Tuileries, dans la Galerie de Diane. Elle est signalée sur l'autel de la chapelle des Tuileries dans l'inventaire dressé à Paris le 20 février 1673 par Du Mets, dans les Comptes des Bâtiments du Roi publiés par J. Guiffrey en 1886. En 1709-1710, elle est à nouveau citée par N. Bailly avec le titre : "Noli me tangere" ; puis l'oeuvre figure dans le catalogue des tableaux du Roi déposés au Louvre en 1785 (Archives du Louvre, I DD I, p. 32) parmi les copies faites par "Messieurs les pensionnaires du Roi à Rome". Le 25 thermidor an III, la "Chananéenne" se trouve au Magasin du Pavillon neuf au Louvre (Z4, août 1795). Mentionnée dans "l'état fait au Musée des tableaux à répartir avant la répartition des commissaires" (Archives du Louvre, P4, 1er septembre 1802), la toile se trouve parmi les cinq copies envoyées à Dijon par le Musée Napoléon en 1809 (mémoire des restaurations des tableaux du Musée de Dijon, Paris, 19 juillet 1809, Archives départementales de la Côte d'Or, XXXIII, T4 a, n° 8). L'oeuvre est enfin citée dans l'état des tableaux qui doivent former le second envoi en 1809, n° 15, et dans l'état descriptif des tableaux exposés au Musée de Dijon, 2 décembre 1818, n° 273 (Archives municipales, Dijon, 4 RI).
Dès 1672, G.P. Bellori mentionne, dans ses "Vite...", le tableau peint par Annibal Carrache pour la chapelle du palais Farnèse, et dont la description correspond exactement à la toile de Dijon. Toutefois Alain Roy (1971) a prouvé, en s'appuyant sur des documents d'archives, que celle-ci avait été peinte par François Bonnemer, pensionnaire de l'Académie de France à Rome, entre 1666 et 1673. Lauréat du grand Prix de peinture de l'Académie royale en 1665, l'artiste avait en effet participé aux travaux de copie exécutés à la Galerie Farnèse, sous la direction d'Errard, en même temps que Monier, Corneille le jeune et Vouet le fils (Philippe de Chennevières, 1886). Ainsi s'expliquent les réticences de la critique à propos du tableau de Dijon, considéré à juste titre par Louis Clément de Ris (1861 et 1872) et Donald Posner (1971) comme une ancienne et belle copie.
La version originale d'Annibal Carrache existe-t-elle encore ? Son état précaire, remarqué par Gian Pietro Bellori dès 1672, permet d'en douter. Nous la connaissons à travers les gravures de Pietro del Po, Carlo Cesio, Guillaume Chasteau, et celle, moins fidèle, de Piroli (Choix de gravures d'après les peintures originales... de la Galerie de Lucien Bonaparte, Londres, 1812, p. 85, n° 50). Au Musée de Dijon même, un dessin à la sanguine, entré à la Révolution avec la collection Jehannin de Chamblanc, en sens inverse du tableau avec lequel il présente de légères variantes, semble dériver d'une gravure.
Outre la copie de François Bonnemer, d'assez belle qualité pour avoir pu passer parfois pour autographe, on connaît plusieurs exemplaires de la même composition : la copie du Palazzo Borromeo, à Isola Bella, donnée à Annibal ; la peinture de l'église d'Arc-et-Senans, dans le Doubs, également crue d'Annibal, mais sans doute une copie ; enfin, la belle toile conservée à l'Hôtel de Ville de Parme où elle est attribuée à Agostino. Peut-être y a-t-il un rapport entre ce tableau et l'oeuvre mentionnée dans l'inventaire de la collection Farnèse au Palazzo del Giardino à Parme en 1680 (G. Campori, 1870, p. 217), citée par Donald Posner (1971) ; cet auteur signale, en outre, une copie peinte au XVIIe siècle avec des variantes par Richard Greenway, sans doute d'après la gravure de Carlo Cesio, au Magdalene College d'Oxford.
On retrouve, à travers l'interprétation de François Bonnemer, le souvenir du Corrège, celui de la composition de même sujet peinte par Ludovic vers 1593-1594, aujourd'hui à la Brera, et la découverte de l'antique par Annibal lors de son arrivée à Rome, époque où, selon Félibien, fut peinte la "Chananéenne" du Palais Farnèse. Le thème se réfère à l'"Evangile selon saint Marc", chap. VII, par. 25-30, et à l'"Evangile selon saint Matthieu", chap. XV, par. 22-28.

(Notice de Marguerite Guillaume extraite du "Catalogue raisonné du Musée des Beaux-Arts : peintures italiennes", Ville de Dijon, 1980)

Historique : Collection Paris, palais des Tuileries ; Collection Paris, Musée Napoléon

Dépôt de l'État de 1809, transfert définitif de propriété à la Ville de Dijon, arrêté du Ministre de la Culture du 15 septembre 2010

Oeuvres en lien :

CA 397 La Salle des Gardes au Musée de Dijon, en 1847

Sup 00-63-43 JdC Le Christ et la Chananéenne

Bibliographie : © photo François Jay

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