collections du musée des beaux-arts de dijon

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Jeune saint

Statue

Auxois , vers 1470
Auteur : Anonyme bourguignon

Pierre, restes de polychromie
Hauteur : 82 cm ; Largeur : 32 cm ; Profondeur : 22 cm
Inv. 2009-1-1

Si le musée des beaux-arts conserve les oeuvres majeures que sont les tombeaux des ducs de Bourgogne, sa collection de sculpture bourguignonne du XVe siècle comporte relativement peu de pièces. Aussi est-ce un domaine qu'il souhaite renforcer, dans la mesure du possible compte tenu de la rareté des pièces de belle qualité sur le marché.
C'est le cas de cette séduisante statue qui représente un jeune homme aux cheveux sur les épaules, couronné d'un diadème orné de pierreries, portant une robe longue retombant en plis verticaux, fermée en haut par trois boutons, et ornée d'une chaîne à gros anneaux. Le personnage tient un livre fermé dans la main gauche et sa main droite est ramenée devant lui. Il est difficile de donner une identité précise à ce jeune élégant, qui, avec son livre et son diadème, semble toutefois plus vraisemblablement un saint qu’un personnage profane.
La sculpture bourguignonne du XVe siècle a été fortement marquée par la production de l'atelier ducal, où se sont illustrés successivement Jean de Marville, Claus Sluter, Claus de Werve, Jean de La Huerta et Antoine Le Moiturier. C'est à partir de ces personnalités marquantes que les historiens de l'art ont établi le cadre dans lequel, depuis plus d'un siècle, on répartit les oeuvres bourguignonnes. Il convient d' être conscient des limites de ce cadre : les personnalités artistiques des « imagiers » ducaux ne demeurent pas sans obscurité (notamment celle de Jean de La Huerta), d'autres sculpteurs sont documentés sans que des oeuvres puissent leur être rattachées de manière certaine, bien des sculptures témoignent de caractéristiques qui ne relèvent pas uniquement de l'influence des imagiers ducaux.
Ces incertitudes ne sont toutefois pas de mise pour cette oeuvre, qui relève à l'évidence du style d'Antoine Le Moiturier. Les principales oeuvres documentées de cet artiste d’origine avignonnaise sont les anges du retable de Saint-Pierre d'Avignon exécutés sur la commande du chanoine Oboli en 1432 et le tombeau de Jean sans Peur qu'il a achevé de 1465 à 1470 après la défection de Jean de La Huerta. On lui attribue les anges du jubé de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun, reconstruit vers 1474, les sculptures de l’armoire-reliquaire de la même cathédrale, autour de 1481 ainsi que la Mise au Tombeau de Semur-en-Auxois, vers 1490. Autour de ces oeuvres, de nombreuses statues témoignent de l’activité de son atelier en Bourgogne et notamment en Auxois, et plus largement de son influence sur la production du dernier quart du XVe siècle.
Le type du visage avec sa mâchoire assez carrée, le menton rond, le traitement des cheveux en boucles épaisses, celui des yeux comme en accent circonflexe en haut, la paupière légèrement gonflée en bas, rappelle fortement la manière de Le Moiturier. Ce sont à l’évidence les visages des anges du jubé d’Autun qui fournissent les points de comparaison les plus probants. Le tombé droit des plis qui se cassent juste avant le sol, le rendu soigné du col avec ses boutons (qui se retrouve sur certains pleurants ou le Saint Jean de Bar-le-Régulier), du diadème (à comparer entre autres avec celui de la sainte Marguerite de Meilly-sur-Rouvre) et du livre (certains pleurants, encore) sont aussi proches des oeuvres qui sont rattachées à son nom.
Pour autant, dans l’état actuel de nos examens, une qualité légèrement inférieure nous conduit à attribuer cette oeuvre plutôt à l’atelier ou la mouvance d’Antoine Le Moiturier qu’au maître lui-même.

(Notice de Sophie Jugie, 2009)

Historique :

Achat avec l'aide du FRAM Bourgogne, 2009

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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