collections du musée des beaux-arts de dijon

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Jeune Zephyr se balançant au-dessus de l'eau

Tableau
1814
Auteur : Prud'hon, Pierre-Paul

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 130 cm ; Largeur : 98 cm
Inv. D 1982-12-P

Au Salon de 1814, [...] la réputation de Prud'hon était désormais établie. Le "Jeune Zéphyr", tableau nouveau, reçut autant d'éloges que de reproches de la critique, parfois chez les mêmes auteurs, mais rencontra la faveur du public et surtout fit "sensation parmi les artistes". La séduction du tableau s'imposa à la postérité. En 1855, Delécluze, pourtant peu sensible à Prud'hon, y voit son chef-d'oeuvre et son entrée au Louvre fut vivement souhaitée par les amateurs, lors de la vente Sommariva fils de 1839, puis lorsqu'il se trouvait dans la fameuse collection Valpinçon. Paradoxalement, il ne devait y parvenir qu'après son double en grisaille, légué en 1914 avec la collection Schlichting, et le quitta cinquante ans plus tard, pour enrichir le musée de Dijon qui possédait jusqu'alors surtout des portraits d'hommes par l'artiste. [...] Une fois encore reconnue l'origine corrégienne du modelé lumineux , des passages fondus, on observera [...] ce que la composition doit, pour l'idée générale, à l'"Amour vainqueur" du Caravage, que l'on pouvait voir en 1812 à Paris, avec la collection Giustiniani. Malgré la sveltesse du "Zéphyr" de Prud'hon, son naturalisme a été relevé, non sans exagération, par Bürger (1860) : "Drôle d'idée, pour un poète, d'avoir fait du Zéphire un gros garçon, réel et charnu. Pourvu que la branche n'aille point casser sous son poids...", et Ziem (éd. 1994) parle de "ce Zéphyr colosse"... Ce n'est pas là pourtant l'impression dominante que laisse ce tableau : mais la plupart des commentateurs épiloguent sur le plus ou moins de pesanteur ou de tension que l'artiste, à tort ou à raison selon les points de vue, a donné à sa figure. En fait, Prud'hon dérange les catégories académiques en ce qu'il sait marier la grâce de l'idée mythologique, le vent d'Ouest Zéphyr, dont les ailes de papillon, seule couleur du tableau avec son écharpe de gaze d'un bleu plus clair, le reflet du pied dans l'eau, disent la légèreté, et la présence physique d'un corps souple d'adolescent. "Quant aux reproches que l'on croit devoir me faire, de rendre la nature plus séduisante qu'on ne la suppose, je répondrai que, loin de l'embellir, tous les efforts de l'art ne peuvent atteindre aux charmes de cette belle nature", écrivait Prud'hon en 1822 (Clément, 1872, pp. 431-432). On peut ici encore confronter l'artiste à ses contemporains. Ce Zéphyr lumineux (ici encore, est-ce un nocturne ?) renvoie à celui qui, dans l'"Endymion" de Girodet (1791, Louvre), écarte les feuillages pour livrer passage au rayon de lune. Et, sans doute en raison d'une commune référence à l'"Amour vainqueur" du Caravage, il rappelle également le tableau de David, "L'Amour et Psyché" (1817, Cleveland), dont un dessin remonte à 1813, et qui appartint également à Sommariva. Abondamment gravé au XIXe siècle, le "Jeune Zéphyr" a notamment inspiré le poète anacréontique P.-J. René Denne-Baron.

(Notice de Sylvain Laveissière, extraite de "Prud'hon ou le rêve du bonheur", Paris, New York, 1997-1998)

Historique : Collection G.B. Sommariva ; 1839, Paris, Vente Sommariva, 18-23 février ; Collection M. Guénin ; Collection M. Valpinçon ; Collection Isaac Pereire ; Collection Eugène Mir

Légué au musée du Louvre en 1927, entré en 1932. Dépôt du Musée du Louvre, 1982, R.F. 2695

Oeuvres en lien :

4925 Jeune Zephyr se balançant au-dessus de l'eau Etude

935 Jeune Zephyr se balançant au-dessus de l'eau D'après

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Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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