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Portrait du sculpteur Attiret

Tableau
vers 1753 / 1759
Auteur : Pécheux, Laurent

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 64 cm ; Largeur : 49 cm
Inv. CA 698

Pour le plaisir, dans un élan de camaraderie, sous le jeune pinceau de Pécheux, voici Attiret "al vivo", surpris dans la pratique de son art, le geste suspendu, presqu'encore sonore. Cette évocation de l'artiste en sa jeunesse, généralement brossée, offre le charme d'une esquisse, "improvisé et décisif", comme l'a si justement écrit Jeanne Magnin (1918, n° 698, p. 75). La présentation à mi-corps et le cadrage serré, le coup de lumière sur le visage et sur la main confèrent beaucoup de présence à l'oeuvre dont le caractère italien désigne une possible influence du prestigieux portraitiste Pompeo Batoni.
L'âge du sculpteur invite à situer l'oeuvre entre 1753 et 1759, au cours des cinq années du séjour romain qu'il fit "aux dépens de son patrimoine", comme il se plaira lui-même à le rappeler (Brune, 1912, p. 8, d'après Archives municipales de Dole, liasse n° 325). S'y trouvaient alors, parmi d'autres "pays" qui purent l'accueillir, le sculpteur bisontin Luc Breton (1731 - 1800) et son camarade suisse le peintre Jean-Melchior Wyrsch (1732 - 1798). Pour sa part, d'un an le cadet d'Attiret, Pécheux lui aussi dès 1753 dans la Ville éternelle y avait été conduit par l'abbé de La Marre (Dole, 1695 - 1773), familier de l'église de Dole, et grâce à lui introduit auprès de Raphaël Mengs (1728 - 1779) et de Pompeo Batoni (1708 - 1787), peintres alors les plus éminents de Rome. Le jeune sculpteur venu de Dole n'aurait-il pas pu tout naturellement bénéficier lui aussi des puissantes relations romaines du mécène dolois de Pécheux ? On comprendra que de communes attaches familiales dans la bonne ville comtoise (Brune, 1912, p. 219) aient pu susciter des liens de sympathie entre les deux jeunes artistes, probablement avant même de découvrir l'Italie, à Paris ou bien en Franche-Comté, précisément ; comme elles expliquent aussi l'intervention généreuse de l'ecclésiastique en faveur du Lyonnais. Aussi peut-on imaginer qu'une saine émulation anime les jeunes gens : dès 1754 le sculpteur, âgé de 26 ans, obtient un prix à la vénérable Académie romaine de Saint-Luc tandis que le peintre est admis à l'Académie de France à Rome par Charles-Joseph Natoire (1700 - 1777), son directeur, dans la classe de dessin d'après le modèle vivant. Attentif à la leçon de l'Antique, Pécheux, en 1762 à son tour reçu à l'Académie de Saint-Luc, deviendra un dessinateur exemplaire (voir la belle "Académie" du Louvre, Inv. 32 292 ; Méjanès, 1982, n° 923, p. 227, repr.) et un fervent pédagogue dans les institutions académiques de Parme, de Bologne puis de Turin surtout où en 1777 Victor-Amédée III, roi de Piémont, le nommera Premier peintre de la maison de Savoie.
Liée au néoclassicisme dont Pécheux deviendra l'un des protagonistes, sa connaissance de la sculpture, affermie auprès de ses amis Mengs et Batoni, pourrait s'être éveillée aux côtés d'Attiret, peut-être. Expression originale de cet intérêt, "La Réunion des Sculptures antiques" et "La Réunion des Sculptures modernes", deux tableaux de Pécheux présentés à Paris en 1783 au Salon de la Correspondance, créé par Pahin de la Blancherie en 1778 et maintenu jusqu'en 1787.

(Notice extraite du catalogue de l'exposition "Claude-François Attiret", Dole, 2005)

Historique : Collection Anatole Devosge

Legs Anatole Devosge, 1850

Oeuvres en lien :

CA 380 Portrait de Claude-François Attiret

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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