collections du musée des beaux-arts de dijon

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La Circoncision

Panneau
1635
Auteur : Quantin, Philippe

Peinture à l'huile sur bois transposée sur toile
Hauteur : 221,2 cm ; Largeur : 188,5 cm
Inv. CA 439

En 1742, l'abbé Papillon voit le tableau à l'église des Dominicains, ou Jacobins, de Dijon, dans la chapelle du nom de Jésus. Il y est encore signalé par l'abbé Courtépée en 1777, puis, à la période révolutionnaire, par P.-J. Antoine (fol. 92 r° et 143 v°), par L.-B. Baudot qui, en 1789, la situe dans la cinquième chapelle à droite, en entrant (ms 1610, fol. 211 v°, 236 r°, 242 r°), et par A.-F. Violet (fol. 40 r°) qui la mentionne aux Jacobins. François Devosge l'inventorie comme "conservée" et L.-B. Baudot la signale à l'ancien collège des Jésuites où elle est entreposée dans une galerie du premier étage attenante à la tribune de la chapelle (ms. 1604, fol. 212 v°). La "Circoncision" entre ensuite au Musée, où elle est cataloguée en 1799 et où J. Paillet la cite en 1805 (p. 68).
Les armoiries peintes sur la partie centrale n'appartiennent pas, comme on l'a cru (E. Fyot, 1912, p. 158, et cat. 1968) à la famille Bourrelier. En effet le chanoine Jean Marilier a pu discerner, à dextre, sous le repeint qui les masque, les armes de la famille de Poligny : "d'azur au vase d'or d'où un lis au naturel à trois fleurs." Or le 13 novembre 1613, noble Jean de Poligny, damoiselle Jeanne de Poligny, damoiselle Bernarde de Poligny et damoiselle Anne de Poligny fondent une messe à la chapelle du Saint-Sépulcre à l'église des Jacobins de Dijon..." de la volonté de feue damoiselle Anne Malyon, leur mère. Cette fondation, renouvelée le 12 septembre 1620, est modifiée le 23 février 1629 et enfin le 28 novembre 1635, année où précisément Quantin signe le triptyque de la "Circoncision". Selon le chanoine Marilier, les armoiries à senestre appartiennent aux Malyon.
Que la famille de Poligny ait passé une commande à Quantin n'a pas lieu de surprendre : nous verrons en effet que Jeanne de Poligny, veuve de M. Bouhier, conseiller du roi aux requêtes du palais, avait versé 300 livres à l'artiste, en 1626, à valoir sur son salaire, lors de l'exécution de douze cartons de tapisserie.
Grâce à ce tableau, le seul signé et daté que nous connaissions jusqu'ici de l'artiste, se dessinent avec précision les constantes du style de Quantin dans sa maturité. Des verticales, nuancées de quelques rares obliques, régissent la composition, où les têtes des personnages sont disposées suivant une même ligne horizontale. Issus du fond neutre et obscur sous un faisceau lumineux brutalement projeté émergent de l'ombre volumes, surfaces, et contours, simplifiés jusqu'à leur essence même : pyramide de la femme agenouillée devant l'Enfant, triangle du visage des chanteurs, ample courbe du manteau de la Vierge. Le peintre refuse les déformations dues à la perspective tout comme au mouvement. Il conçoit son oeuvre à la manière d'un tympan sculpté où les figures en faible relief n'échappent ni à la contrainte du plan qui les contient ni à celle du système architectural qui les commande. De la répétition du même profil de femme naît une sorte d'incantation monotone.
On reconnaît les modèles qui pont posé pour ce triptyque, tant à l'avers qu'au revers, dans maint tableau de Quantin. Mais l'artiste a-t-il exécuté lui-même les grisailles des volets ? Certaines maladresses, telle la distorsion de la tête du Christ, incitent à en douter. De plus, Jésus ressuscitant Lazare a le même nez dans le prolongement du front et la même lèvre supérieure saillante que le Christ de la "Communion mystique de sainte Catherine de Sienne" [en fait le "Mariage mystique de sainte Catherine de Sienne"], à l'église Saint-Bénigne de Dijon. Or cette peinture, qu'Eugène Fyot (1912, p. 152), puis Pierre Quarré (1948, p. 198), ont hésité à considérer comme autographe, semble en effet due, au moins en partie, à l'atelier, mise à part la composition, caractéristique de Quantin.
Il faut enfin noter que l'on retrouve, au revers des volets du triptyque, le majestueux décor de ruines antiques déjà utilisé par le peintre dans l'"Adoration des bergers" du Musée.

(Notice de Marguerite Guillaume extraite de "A propos de Philippe Quantin : essai de catalogue raisonné", Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, année 1980, Paris, 1982)

Historique : Collection Dijon, Couvent des Jacobins

Saisie révolutionnaire, Couvent des Jacobins à Dijon

Oeuvres en lien :

CA 437 Le Miracle de saint Claude

CA 438 Sainte Marthe et le dragon

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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