collections du musée des beaux-arts de dijon

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Baigneuse au bord de l'eau

Tableau
vers 1846 / 1847
Auteur : Millet, Jean-François

Peinture à l'huile sur panneau de bois parqueté
Hauteur : 27,5 cm ; Largeur : 19 cm
Inv. DG 814

Cette peinture à l'huile sur panneau de bois appartient encore à la "manière fleurie" de Jean-François Millet qui compte des oeuvres célèbres comme "L'Offrande à Pan" et "Daphnis et Chloé", exécutées en 1845. Entre cette date et 1849, l'artiste a peint, dans son atelier de la rue Rochechouart à Paris et à Barbizon pendant quelque temps encore, bon nombre de tableaux à sujet mythologique ou représentant des enfants mignards et des femmes nues. Un vanneur, daté de 1848, marque le vrai début de sa manière "rustique", dont la technique brutale et l'inspiration réaliste feront sa célébrité. Mais ces "poèmes de la chair", selon l'expression de Moreau-Nélaton, se poursuivront jusqu'en 1851. Ce genre de tableaux où "les filles d'Ève [...] étalaient sans vergogne leurs charmes dépouillés de tout voile" (Moreau-Nélaton, 1921, p. 57) étaient écoulés par l'intermédiaire de Narcisse Diaz chez les marchands Durand-Ruel, Schroth et Deforge : ils permettaient à Millet de subsister modestement, mais lui avaient valu la réputation d'être un "spécialiste de la gorge et du fessier" (Moreau-Nélaton, 1921, p. 76).
Cette "Baigneuse au bord de l'eau" peut être datée des années 1846-1847, années durant lesquelles fut également exécutée une huile sur le même thème, aujourd'hui conservée au musée des Beaux-Arts d'Alger. Il existe aussi au musée des Beaux-Arts de Lille un pastel représentant des "Baigneuses", thème d'inspiration encore académique et caractéristique des années de jeunesse de Millet, à la veille de son départ pour Barbizon.
Le sujet représenté ici, une paysanne qui a posé son panier et se déshabille au bord de l'eau, constitue un prétexte un peu mince à montrer une jeune fille dans une pose gracieuse, le buste dévoilé, dans un sentiment qui évoque Diaz. La douceur du modelé qui enveloppe le personnage, son intégration dans le décor à peine esquissé au moyen du clair-obscur et dans une gamme brune rehaussée de quelques blancs, la manière de sfumato qui baigne la scène, rappellent Prud'hon et plus encore Le Corrège. De même, le canon gracile de la baigneuse, avec ses membres très allongés et finement terminés, l'orteil détaché du pied dans un tic très maniériste permettent de rapprocher ce petit panneau de "La Madeleine (Jeune Baigneuse)" conservée à Deerfield (Academy) et surtout de la "Paysanne rêveuse" (Moreau-Nélaton, 1921, p. 41), d'une facture très voisine.
Moreau-Nélalon, le meilleur biographe de Millet, estime que "la grâce sans fadeur et la fermeté onctueuse avec lesquels de tels sujets sont abordés et traités en font des pièces exquises". Ce jugement s'applique particulièrement bien à ce tableau, d'où a complément disparu la mignardise gênante de certaines oeuvres de cette période.

(Notice de Serge Lemoine extraite de l'ouvrage "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976)

Historique : Collection Pierre et Kathleen Granville

Donation Pierre et Kathleen Granville, 1974

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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