collections du musée des beaux-arts de dijon

résultats de recherche

ajouter au panier voir le panier


Le Passage du Rhin en 1672

Tableau
après 1672
Atelier de : Meulen, Adam Frans van der

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 77 cm ; Largeur : 109 cm
Inv. CA 153

L'événement, survenu à l'été 1672, marquait de façon éclatante la primauté des armées françaises en Europe. Son importance conduisit les artistes à multiplier sa représentation et cet épisode fut souvent illustré en gravure ou en sculpture, mais aussi par des médailles ou par des narrations littéraires et épistolaires détaillées. Bien sûr, les peintres comme Michel II Corneille, Joseph Parrocel et surtout Charles Le Brun s'y associèrent. Cette propagande très active devait relayer sur le plan psychologique l'avantage militaire pris sur l'ennemi hollandais.
Dans ce contexte, à partir d'études dessinées sur place (Paris, Mobilier National), Adam François Van der Meulen, qui ne devait être admis à l'Académie que l'année suivante, traita ce glorieux épisode à plusieurs reprises, soit dans le cadre d'esquisses préparatoires aux oeuvres définitives, soit pour des répliques à la réalisation desquelles l'atelier eut sa part (Caen, Musée des Beaux-Arts ; Paris, Musée du Louvre ; Amsterdam, Rijksmuseum ; Philadelphie, Museum of Art ; Versailles, Musée National du Château, collections particulières). Si l'on en croit le mémoire que l'artiste adressa probablement à Louvois vers 1685 dans lequel il récapitulait ses travaux faits pour le roi et ses nombreux déplacements sur place pour dessiner les villes de Flandre nouvellement conquises, Van der Meulen participa en outre à la réalisation d'un immense triptyque conçu par Le Brun illustrant trois phases des opérations militaires de cet épisode : "Le Passage de Tolhuis" (perdu), "La Marche de la cavalerie" et "La Réalisation du pont de bateaux" (tous deux à Versailles, Musée National du Château). Dans un projet non exécuté pour la galerie des Glaces de Versailles, Le Brun avait repris cette composition pour un des cartouches du décor de la voûte (Versailles, Musée National du Château).
Le mode de représentation réaliste de Van der Meulen reprend la formule élégante qu'il avait mise au point où la représentation de faits militaires exclut l'horreur et la crudité morbide des événements. Les personnages essentiels, à la mise impeccable, sont montés à cheval pour leur conférer davantage de dignité et sont mis en valeur sur un tertre situé au premier plan. Selon l'habitude de Van der Meulen, l'action intègre des figures tantôt réelles, tantôt fantaisistes ; elle se déroule dans un échelonnement des plans scandés par les replis de terrain, l'alternance des zones d'ombre et de clarté et la décoloration progressive de la lumière marquant la perspective jusqu'à une vue de ville, Tolhuis. Celle-ci fut scrupuleusement décrite et préparée par des études relevées sur place ainsi que le confirme la gravure de Louis Crépy d'après le tableau aujourd'hui au Musée des Beaux-Arts de Caen, dont la lettre indique "dessigné sur les lieux pour le Roy tres Chréstien par F. Van der Meulen." L'estampe se distingue des versions peintes notamment par l'adjonction d'un bouquet d'arbres qui forme un dais au-dessus du groupe autour du roi.
Participant de la fidélité historique de l'événement, comme des costumes et des uniformes, Van der Meulen s'est intéressé aux portraits des protagonistes du premier plan. La figure du roi, en habit de cour comme pour la parade de quelque carrousel, semble reprise d'effigies équestres du souverain, dont celle par René-Antoine Houasse (Versailles, Musée National du Château) est la plus connue.
Pourtant, si les visages des autres personnages du premier plan sont transcrits avec réalisme, il est impossible d'y reconnaître les traits des généraux. Selon les versions, les personnages changent, tout en conservant plus ou moins leurs positions respectives ; les informations fournies au peintre à cet égard semblent avoir été hésitantes, mais Van der Meulen a peut-être tenu compte du personnage à qui telle ou telle version était destinée.
Par sa facture quelque peu mécanique, par le graphisme et le chromatisme, plus affirmés, voire simplifiés, que dans les toiles du Musée du Louvre ou du Musée des Beaux-Arts de Caen, la version du Musée des Beaux-Arts de Dijon doit être une réplique d'atelier qu'il est impossible de dater avec précision.

(Notice de Thierry Bajou extraite de "Visages du Grand Siècle. Le portrait français sous le règne de Louis XIV. 1660 - 1715", Nantes : Musée des Beaux-Arts, 20 juin - 15 septembre 1997 ; Toulouse : Musée des Augustins, 8 octobre 1997 - 5 janvier 1998)

Historique : Collection M. Anthony

Achat à M. Anthony, 1809

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

powered by Mobydoc