collections du musée des beaux-arts de dijon
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Chevaux au pâturage
Tableau
1822
Auteur : Géricault, ThéodoreThéodore GéricaultPeinture à l'huile sur toile
Rouen , 1791 - Paris , 1824
Ecole Française Théodore Géricault commence sa formation de peintre à l'âge de dix-sept ans dans l'atelier de Carle Vernet (1758-1836) pour entrer deux ans plus tard dans celui de Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833). D'un tempérament rebelle, il s'oppose vite à l'esprit classique enseigné. Ayant échoué au Prix de Rome, il fait à ses frais, en 1816, le traditionnel voyage dans la Ville Eternelle et recopie Michel-Ange (1475-1564), qui le fascine, et les maîtres anciens qu'il y découvre d'une façon très personnelle, signe déjà de son indépendance. Suivant les exigences de la vérité, Géricault puise son inspiration dans les faits contemporains et s'engage, avec la précision d'un anatomiste, dans la question de l'esclavage ou du scandale du naufrage de la Méduse qui donnera naissance, en 1819, à son oeuvre la plus fameuse et pour l'exactitude de laquelle il s'est appuyé sur l'observation directe de cadavres en décomposition. Un séjour de dix-huit mois en Angleterre et sa confrontation aux peintres d'Outre-Manche et de Constable en particulier, accentuent plus encore l'éveil de son objectivité face à ce qui l'entoure.
La composition, la couleur et la facture nerveuse du maître, inspirées de Pierre-Paul Rubens (1577-1640), Caravage (1570/71-1610), Diego Vélasquez (1599-1660), Rembrandt (1606-1669) ou Antoon Van Dyck (1599-1641) dont il fait de nombreuses copies, sont au service d'un romantisme naissant où s'exprime de façon spectaculaire la puissance de mouvement des chevaux ou la tension d'un drame.
Hauteur : 54,4 cm ; Largeur : 65,4 cm
Inv. DG 570 Le sujet de cet énigmatique tableau semble correspondre en tous points, comme le confirma Lorenz Eitner (1971), à la description donnée par Charles Clément (1879) dans son inventaire des tableaux peints par Géricault de 1820 à 1824 : "Deux chevaux auprès d'un bouquet d'arbres. L'un blanc vivement éclairé se gratte la jambe avec sa tête, l'autre de couleur sombre est derrière lui et appuie le cou sur sa croupe. Terrain vigoureux, ciel obscur avec éclaircies. Cette peinture bien à l'effet est peu terminée..." Selon Philippe Grunchec (1978), cette oeuvre n'est pas inachevée, comme le crut Clément, mais fut sans doute terminée après la mort de Géricault, ce qui pourrait expliquer les incertitudes concernant son attribution au maître du romantisme. Si Ph. Grunchec reconnaissait dans le tableau la main de Géricault ("On retrouve dans le tableau le même goût pour des animaux massifs que dans certaines autres études de la fin de la vie de Géricault. La tonalité d'ensemble est proche de celle de Mazeppa, d'un monochromatisme bleuté qui confère à la scène un aspect mélancolique et quelque peu surnaturel..."), Sylvain Laveissière (1998) jugea quant à lui plus prudent de référencer l'oeuvre avec une attribution à Géricault.
L'examen récent de la toile par Bruno Chenique (2006), troublé par cette oeuvre certes atypique de Géricault mais de très bonne facture, permet aujourd'hui de reconsidérer sérieusement l'authenticité de ces "Chevaux au pâturage". Une lithographie, datée de 1822 et aujourd'hui conservée au musée des Beaux-Arts de Rouen, fut tirée de ce tableau sous le titre "Chevaux flamands" (Delteil, n° 55).
L'éclairage dramatique centré sur les deux chevaux, les nuages menaçants dans le ciel orageux et sombre, autant d'éléments qui font de ce tableau une oeuvre éminemment romantique dont l'attitude humoristique et tendre du cheval noir à l'égard de son compagnon ne parvient pas à atténuer l'inquiétante étrangeté.
(Sophie Barthélémy d'après Serge Lemoine, "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976) Historique : Collection Valpincon ; Collection De Noé ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Bibliographie :Exposition :Clément (Charles), Géricault, étude biographique et critique avec le catalogue raisonné de l'oeuvre du maître, troisième édition, Paris, Didier, 1879, n° 145, p. 313
Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900, Ville de Dijon, 1976, n°122, reprod.
Grunchec (Ph.), Tout l'oeuvre peint de Géricault, Paris, 1978, Cat. 240
© photo François JayThéodore Géricault, Kamakura : Musée d'Art Moderne, Kyoto : Musée National d'Art moderne, Fukuoka : Musée des Beaux-Arts, 1987 - 1988 , n° 34
Passeurs d'art : Hommage à Pierre et Kathleen Granville donateurs du musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 18 novembre 2006 - 29 janvier 2007 , p. 36, fig. 21 p. 35