collections du musée des beaux-arts de dijon

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Vanité et trompe-l'oeil

Tableau
17e siècle (2ème moitié)
Auteur : Le Motte, Jean-François de

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 118,7 cm ; Largeur : 90,8 cm
Inv. CA 692

Un châssis posé sur une étagère est appuyé contre un assemblage de planches noueuses et fissurées. Un trompe-l'oeil mis en abyme, représentant une "Vanité", est cloué sur le châssis et tendu par des cordelettes. Son contenu symbolique est clairement énoncé par une inscription que l'on déchiffre partiellement : COGITA MO[rtem]. Le coin détaché, dont le bord est effiloché, pend lamentablement en s'enroulant sur lui-même. La "peinture", signée par l'artiste, représente une niche, alvéole obscure posée sur une dalle de marbre saillante sur laquelle s'entassent en désordre un crâne coiffé d'une couronne de blé desséché, un bougeoir avec une bougie achevant de se consumer, un coquillage, un sablier et une coupelle dont s'échappent des bulles de savon. Ce sont autant de symboles de la fragilité de la vie et de son inévitable fin. Seule la présence du blé, emblème de la résurrection, appporte une note d'espoir. Il voisine avec le cornet de chasse, la pipe, le flacon de vin et la lettre froissée, témoins des plaisirs et des futiles occupations humaines.
Le même désordre règne dans l'atelier de l'artiste. les couleurs s'écoulent de la palette et se mélangent en camouflant une deuxième signature du peintre qui, cette fois, s'approprie son "trompe-l'oeil" en le dévoilant discrètement. La boîte métallique, pour laver les pinceaux posés sur le bord, déborde de déchets et le flacon d'huile est bouché par un torchon sale. Le bâton du peintre traverse en diagonale le tableau en s'appuyant sur le châssis. Comme l'écrit Anne-Marie Lecoq, tout se passe comme si "en l'absence du peintre, son ouvrage et ses instruments étaient abandonnés". Une pièce d'orfèvrerie sphérique, une amulette posée comme une signature, fait souvent son apparition dans les tableaux de De Le Motte. Un cadre vide semble oublié. Une paire de lunettes accrochée à un clou souligne encore l'absence de l'artiste tout en symbolisant le sens de la vue qui permet ce jeu entre les niveaux de réalité. Deux dessins, dont le profil d'une femme signé par le peintre, ainsi qu'un porte-lettres, sont aussi cloués sur la planche.
La lettre en bas porte l'adresse "A Mons[ieu]r / Monsieur Diego / Salvago de Paer / A Amsterdam, suivi d'une signature illisible. Elle témoigne des liens du peintre avec la Hollande. Celle de gauche pourrait être un hommage à Gijsbrechts puisqu'elle est adressée "A Monsieur / Monsieur Gibr[r]e[ch]ts".
Ce tableau met en lumière la dénonciation morale de la vanité provoqué par l'illusion optique du trompe-l'oeil. Le peintre manie avec habillité cette double mission et fait de la représentation de l'atelier de l'artiste un subtil "trompe-l'oeil d'un trompe-l'oeil". Le procédé avait déjà été utilisé par Gijsbrechts. De Le Motte se distingue du style du maître hollandais par son coloris plus chaleureux et par le sentiment de désolation qui s'en dégage.

(Notice de Miriam Milman extraite de "Le Trompe-l'oeil : plus vrai que nature ?" , Bourg-en-Bresse : Musée de Brou, Arras : Musée des Beaux-Arts, 21 mai - 4 septembre 2005)

Historique : Collection Anatole Devosge

Legs Anatole Devosge, 1850

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay

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