collections du musée des beaux-arts de dijon

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La Chute des anges rebelles

Tableau
avant 1685
Auteur : Le Brun, Charles

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 162 cm ; Largeur : 129 cm
Inv. D 1938-1-P

Le lieu de culte de Versailles a changé à plusieurs reprises d'emplacement dans le château. Ainsi, vers 1680, Le Brun reçut commande d'un plafond pour une salle située près de l'appartement de la reine ; mais le projet devait évoluer et la nouvelle chapelle fut finalement réalisée dans le côté opposé du château, à proximité de l'appartement du roi.
Entre temps, le surintendant des Beaux-Arts, Jean-Baptiste Colbert, qui avait toujours protégé Le Brun dans sa fonction de Premier Peintre, était mort (1683) et son successeur, le marquis de Louvois, lui préférait Pierre Mignard (1612 - 1695). Dans ces conditions, Le Brun ne put mettre à exécution son projet. Le vieux peintre essaya alors de faire réaliser son oeuvre dans un autre édifice, le collège des Quatre Nations à Paris (actuel Institut de France), sans plus de succès, bien qu'il eût cherché à se concilier les bonnes grâces du nouveau ministre en lui dédiant la gravure produite par Alexis Loir en 1685. L'oeuvre est aujourd'hui connue par de nombreux dessins et quelques études de détails, mais seule la copie de François Verdier (1651 - 1730) restitue la composition d'ensemble. Le tableau du musée des Beaux-Arts de Dijon est une réplique de la partie centrale, exécutée par Le Brun lui-même pour la gravure de Loir.
Réalisée, "La Chute des anges rebelles" aurait sans nul doute modifié l'évolution de la peinture française puisqu'elle aurait été l'un des premiers exemples, en France, d'une composition picturale monumentale et unifiée, couvrant la totalité d'un plafond. Le Brun a clairement voulu rivaliser avec des modèles fameux, tels le "Jugement dernier" de Michel-Ange (1475 - 1564) ou la "Chute des damnés" de Pierre-Paul Rubens (1577 - 1640) - alors dans une collection parisienne. Cette référence s'inscrit dans un débat théorique passionné qui partageait le milieu artistique parisien de l'époque au sein de l'Académie de peinture et de sculpture, débat qui visait à établir les mérites respectifs du dessin symbolisé par Nicolas Poussin et de la couleur incarnée par Rubens. Dans ses oeuvres comme dans le soutien qu'il apporta à ses nombreux élèves, Le Brun a toujours défendu une position médiane pragmatique, excluant tout esprit de système, et n'a jamais voulu trancher de façon définitive, même si le parti retenu ici est explicite.
Aussi bien, la composition qui devait être l'apothéose de l'oeuvre de Le Brun marque la plus amère désillusion et symbolise la fin de son règne sur la vie artistique de la seconde moitié du XVIIe siècle.

(Notice de Thierry Bajou extraite de "Ombres et lumières : quatre siècles de peinture française", Budapest : Mucsarnok-Kunsthalle ,16 décembre 2004-27 février 2005) ; Varsovie : Château-Royal , 18 mars-19 juin 2005 ; Bucarest : musée National d'Art de Roumanie, 14 juillet-2 octobre 2005)

Dépôt avec échange du Musée National du Château à Versaillles, 1938 ; inv. MV 5879

Oeuvres en lien :

CA 371 La Chute des anges rebelles Copie

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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