collections du musée des beaux-arts de dijon

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L' Abondance

Statuette

Florence , vers 1500 / 1520
Attribué à : Buglioni, Benedetto

Faïence à décor de grand feu
Hauteur : 82, 5 cm ; Largeur : 33 cm ; Profondeur : 18,5 cm
Inv. G 257

L'allégorie de l'Abondance, personnifiée par une jeune canéphore se caractérise par la présence d 'une corne d'où débordent fruits et fleurs. Cet attribut remonte à l'antiquité classique et désignait, sur les monnaies et médailles, différentes personnifications impliquant l'idée d'abondance : Libéralité, Concorde, Félicité Publique. Les artistes de la Renaissance en ont élargi la signification en l'appliquant a d'autres allégories. Si l'on croit une inscription qui se trouve sur le socle d'une statue de même type attribuée à Giovanni Della Robbia , «Gloria et Divitiae in domo tua» (A.Marquand, 1920 n °210), ces élégantes canéphores étaient offertes par celui qui voulait exprimer des voeux de prospérité à une maison amie.
Le goût pour la statuaire de l'antiquité se marque dans le choix du sujet, dans le vêtement souplement drapé et l'attitude légèrement hanchée. Cette oeuvre participe cependant du style florentin du Quattrocento : le type de figure féminine à l'allure dansante, au corps moulé par un léger vêtement drapé à l'antique, au bras gracieusement levé pour soutenir une corbeille posée sur la tête, a inspiré plus d'un artiste, Sandro Botticelli dans sa "Pomone ou l'Automne" (André Chastel - G Mandel, 1968, n°70), D. Ghirlandaio dans "La naissance de Jean-Baptiste" à l'église S.Maria Novella de Florence, un disciple de D.Ghirlandaio dans sa Judith ( Berlin, Kaiser Friedrich Museum) dont la suivante porte sur la tête, au lieu de fleurs, un panier contenant la tête d'Holopherne.
La statue est tout en blanc, à l'exception des accessoires qui sont peints aux couleurs de grand feu, bleu clair pour la coupe posée sur la tête, la corne d'abondance et le socle , jaune, vert et violet pour les fruits et feuillages. Les traits du visages sont indiqués en noir et la bouche rehaussée de mauve.
Deux statues se rapprochent beaucoup de celle de Dijon, par l'attitude, le visage, le vêtement blanc, la polychromie réservée aux paniers et cornes d'abondance, la forme du socle, la dimension. Seules quelques variantes dans le drapé, la coiffure ou les bouquets de fruits les distinguent. L'une est conservée à Florence dans la Gallerie Buonarroti ( P.E.Giudici, 1862, pp.476-483) et est attribuée par G.Ballardini ( 1938 p.14, fig .9 ) à l'atelier des Della Robbia. L'autre, baptisée Dovizia ( Richesse) ou Pomona, est à Berlin (A.Marquand, 1921, n°88) . Une autre statue attribuée par A.Marquand à Giovanni Della Robbia vers 1520-1530, s'en éloigne par le vêtement plus complexe peint en bleu et par la présence d'un putto accroché à sa robe. Le même personnage de canéphore se retrouve dans une composition de Giovanni Della Robbia, "La naissance de Jean-Baptiste", bas-relief en terre cuite polychromée qu'il a exécuté en 1511 (G.Cora, 1973, pl.308e).
Les sculptures en terre cuite émaillée sont liées au nom prestigieux des Della Robbia, qui désigne trois générations de sculpteurs. Les plus illustres sont Luca (vers1400-1482), son neveu Andrea (1435-1525), ses petits-neveux, Giovanni (1469-1528) et Girolamo (1486-1564) qui travailla en France à plusieurs reprises.
Vasari, dans ses Vite, s'intéresse à la céramique, car il avait un aïeul potier. Il présente Luca (G.Vasari, Ed. de 1842, II, pp.3-43) comme orfèvre, fondeur et sculpteur accompli travaillant la cire, le marbre et le bronze avant d'inventer un mode d'expression nouveau de la plastique, en remplaçant les traditionnels rehauts peints sur les sculptures par une couche d'émail vitrifié sur la terre cuite. Luca cherchant à rivaliser avec «l'éclat et la dureté du marbre», utilise la polychromie pour le fond et les détails et met en valeur le blanc réservé aux personnages sculptés. Les pieces sorties de son atelier étaient très renommées et des documents confirment les dires de Vasari selon lesquels elles étaient exportées en France, dans les Pays-Bas et en Espagne. A côté des statues et des bas-reliefs, son atelier poduisait des vases de pharmacie, des vases décoratifs, et des grands médaillons armoriés ou figurés.
Cependant les Della Robbia et leurs émules ne furent pas les seuls à sculpter et polychromer la terre cuite. Benedetto di Giovanni dit Bugliono (1460-1521), et son successeur Santi Buglioni, avaient également à Florence un atelier prospère. La statue de Dijon, qui faisait autrefois partie de la collection Bardini dispersée en 1902, est attribuée par A. Marquand à Benedetto Buglioni et datée des années 1500-1510. Il y a tout lieu de suivre cette attribution, et non celle de L. Gaitet qui rattache la statue de l'Abondance à l'école de Luca Della Robbia et la date du XVIIe siècle.

(Notice de Claudie Barral extraite de "Faïences italiennes. Catalogue raisonné du Musée des Beaux-Arts de Dijon", Dijon, 1987)

Historique : Collection Bardini 1902, Londres, Christie, 27 mai ; Collection Henri et Sophie Grangier

Legs Henri et Sophie Grangier, 1905

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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