collections du musée des beaux-arts de dijon

résultats de recherche

ajouter au panier voir le panier


Fête champêtre à la cour de Philippe le Bon (copie d'un tableau du 16e s'inspirant d'un original du début 15e)

Tableau
17e siècle
Auteur : Anonyme français

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 161 cm ; Largeur : 117 cm
Inv. 3981

Dans un pré parsemé de petits arbres, une assemblée de seigneurs et de dames, disposés en deux frises superposées, tous vêtus d'élégants costumes blancs, entourés de leurs serviteurs et de leurs chiens, s’adonne aux plaisirs de la chasse, de la danse, de la musique et de la collation champêtre. Derrière, une rivière, au milieu de laquelle se dresse un curieux bâtiment sur pilotis. Plus loin encore, le paysage se découpe en rochers fantastiques : la chasse s'y déroule à droite, tandis qu'à gauche, dans un village, on assiste à des allées et venues de petites silhouettes à pied ou à cheval.
Des armoiries sont présentes par deux fois, ostensiblement, sur la bannière suspendue à la trompette et à la porte du bâtiment. Ce sont celles portées par Philippe le Bon après le 4 octobre 1430, date à laquelle il hérite du Brabant et du Limbourg. Mais l'absence de collier de la Toison implique une date antérieure au 3 décembre 1431, où le port du collier fut rendu obligatoire. A la marge droite du tableau, un personnage, le seul vêtu de rouge, correspond au fou de Philippe le Bon reproduit dans un recueil de portraits du XVIe siècle. Philippe le Bon serait l’homme accoudé à la table ; la duchesse, Bonne d’Artois ou Isabelle de Portugal, serait, à gauche de la table, la dame posant sa main sur l’épaule d’une autre jeune femme.
Image de la vie à la cour de Bourgogne, où la chasse, la musique et la danse, mais aussi l’élégance vestimentaire et les armoiries, sont à l’honneur, le tableau a connu diverses interprétations plus précises : une cérémonie à Sluys, le port de Bruges, lors du mariage d’Isabelle de Portugal et de Philippe le Bon en janvier 1430 ; une fête à l’occasion du mariage en juin 1431 de deux courtisans, André de Toulongeon et Jacqueline de La Trémoille, au château du Hesdin en Artois, dans le parc duquel se trouvait une « Loge sur l'eau », bâtie sur pilotis sur la Ternoise ; ou encore, si le duc est Jean sans Peur et la duchesse Marguerite de Bavière, une évocation du mariage de leur fille Marie avec Adolphe de Clèves en 1415.
La prudence doit rester de mise dans l’interprétation de cette scène, car nous ne la connaissons que par deux versions, l’une datée au XVIe siècle (musée du château de Versailles), l’autre du XVIIe siècle (musée des beaux-arts de Dijon). La partie où évoluent les personnages, si l'on en juge par les costumes, évoque le début du XVe siècle : c’est alors que sont à la mode, à la cour de Berry comme à celle de Bourgogne, mais aussi dans les cours princières des Pays-Bas et des pays rhénans, coiffures à l’écuelle, pourpoints courts, robes et houppelandes, chaperons et coiffes, et surtout manches déchiquetées et grands colliers en sautoir. Notons ici qu’il est peu probable que la couleur blanche désigne un mariage : au Moyen Age, il n'y a pas de costume distinct ni de couleur spécifique pour cette cérémonie. D’autre part, le traitement de la perspective comme vue à vol d’oiseau, avec un horizon très relevé, l’incohérence des proportions entre les arbres et les personnages, la juxtaposition et la superposition de ces mêmes personnages, trahissent un artiste proche d’enlumineurs parisiens des années 1410-1415, tels que le Maître de la Cité des Dames ou le Maître de Boucicaut, à qui est emprunté le procédé des arbres aux troncs coupés qui laissent visibles les plans successifs.
Dans la partie supérieure, en revanche, les rochers comme le village sont caractéristiques de l'école des Pays-Bas du Sud du XVIe siècle. Les armoiries ont donc pu être ajoutées ou modifiées lors de la transformation de la composition au XVIe siècle, comme l’a été le paysage. Or, on pense avoir trouvé trace de la composition au XVIe siècle : une description de 1582 du château du Pardo près de Madrid, construit par Charles Quint de 1543 à 1549, mentionne « ...un panneau de bois peint où se voit figuré le grand duc de Bourgogne Charles qui va à la chasse avec la duchesse, ses dames et ses chevaliers, tous vêtus de blanc, portant d'étranges costumes et ornements à la mode de ces pays-là ». Ce tableau a probablement disparu dans l'incendie du château en 1604. Une évocation de l’aïeul de l’Empereur pouvait s’insérer logiquement dans le programme de célébration dynastique du château. Dans ce cas, il témoignerait de la persistance du souvenir de la cour de Bourgogne comme référence emblématique de la vie aristocratique à la fin du Moyen Age.

(Notice de Sophie Jugie, 1999)

Historique : Collection Despaux ; Collection Versailles, Musée national du Château

Entré dans les collections du Musée national du Château de Versalles en 1844 suite à achat à M. Despaux ; Dépôt du Musée national du Château de Versailles, Inv. Versailles MV 4021, INV 8727, LP 5982.

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

pdf

powered by Mobydoc