collections du musée des beaux-arts de dijon

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Crédence

Le Sacrifice d'Abraham

Bourgogne , 16e siècle (2ème moitié)
École de : Sambin, Hugues

Noyer, marqueterie, os
Hauteur : 187 cm ; Largeur : 141,5 cm ; Profondeur : 54,5 cm
Inv. CA T 903

Le terme de crédence a été introduit à la Cour de France sous Henri III, par assimilation avec la "credenza" italienne, table sur laquelle l'officier de bouche faisait l'"essai" (épreuve du poison) avant les repas. Ce mot désigne tout meuble à deux corps dont l'étage supérieur est plein et l'étage inférieur vide et ajouré.
Cette crédence est conçue comme un édifice qui serait composé d'un corps central et de deux ailes latérales en léger ressaut. (Cette division architecturale se retrouve sur toute la hauteur du meuble).
Chacun des deux corps possède une base, un entablement et une corniche. La partie médiane est constituée de tiroirs et traitée en frise gravée en faible relief d'un décor alternatif de deux sortes de palmettes.
Le corps inférieur est composé de quatre colonnes décorées à leur extrémité inférieure de feuilles et d'une guirlande de fruits. Elles délimitent un passage, rappel du portique ; le fond du meuble est orné de motifs utilisés par Hugues Sambin : tête laurée avec serviette autour du cou, linges suspendus, rinceaux de lierre, "chou bourguignon" renversé, plumes.
Le corps supérieur est flanqué aux extrémités de deux termes féminins ailés, la tête diadémée, et aux pattes de bouc. Un vantail central mouluré sert d'encadrement à un décor composé d'une scène sculptée, intégrée dans une architecture. Les panneaux latéraux sont divisés en trois éléments superposés, correspondant à des tiroirs ou des vantaux ; en haut et en bas, un bouquet de fruits sur une serviette suspendue ; au centre, une figure féminine en relief debout dans une niche surmontée d'un fronton interrompu par un "chou bourguignon".
A gauche, on reconnaît la Justice tenant une épée et une balance ; à droite, l'Abondance tenant une palme et une corne d'abondance. Ces deux allégories qui, par leur sujet, rappellent les peintures d'Edvard Bredin dans d'autres meubles, sont sculptées avec une grande finesse et un certain maniérisme ; les détails (plis, drapés mouillés, déhanchement) évoquent l'art de l'Ecole de Fontainebleau.
La partie centrale présente une scène également sculptée placée dans une architecture en forme de lucarne, au fronton interrompu par un "chou bourguignon" et de rinceaux de lierre, les rampants sont ornés de deux hippogriffes ayant fonction d'acrotères.
Le fronton est supporté par deux termes féminins, le buste nu, la main posée sur un sein ; leur gaine est ornée de fleurs et d'une pomme de pin.
La scène centrale sculptée est d'une très grande qualité, elle représente le sacrifice d'Isaac, agenouillé sur le bûcher, par son père Abraham, qui est en train de lever son épée ; un ange sur une nuée, arrête le geste en retenant l'extrémité de la lame et désigne du regard le bélier, sortant d'un buisson, qui est destiné au sacrifice.
Le travail est exécuté en très fort relief, dans un style nerveux et vivant, le rendu des vêtements aux plis anguleux, cassés, les détails des visages, le rendu minutieux des cheveux et de la barbe, le réalisme des expressions et du paysage, la richesse du décor qui envahit toute la scène et ne laisse presque pas d'espace vide, évoquent l'art bourguignon et tranchent avec le style de la sculpture des deux allégories.
Il serait intéressant de connaître la constitution et le fonctionnement des ateliers de ces menuisiers et surtout celui d'Hugues Sambin qui devait employer des ouvriers d'origine géographique et de formation différentes ce qui explique ces variétés de style sur un même meuble.

(Notice de Catherine Gras, extraite de "Hugues Sambin. Un créateur au XVIe siècle. Vers 1520-1601", Dijon : Musée des Beaux-Arts, 24 juin - 11 septembre 1989)

Historique : Collection Anthelme et Edma Trimolet

Legs Anthelme et Edma Trimolet, 1878

Oeuvres en lien :

3741 Portrait d'Edma Trimolet, née Saulnier, sa femme

CA T 914 Coffre

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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