collections du musée des beaux-arts de dijon

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Queue de Dragon

Fragment de statue

Bourgogne , 1392 / 1393
Auteur : Sluter, Claus

Pierre
Hauteur : 7 cm ; Largeur : 12 cm ; Profondeur : 6 cm
Inv. 4159/8

Ces fragments d'une main gantée de fer, auxquels s'ajoutent des morceaux d'épée et de griffes d'un dragon ainsi que des éléments de draperie furent exhumés en 1951 par Pierre Quarré. On peut les rapprocher d'une statue de saint Georges pour laquelle Sluter avait reçu une livraison de pierres en 1932 (Archives de la Côte d'Or, B 11671, f° 43v°) et qui fut installée en décembre 1393 dans la chapelle des anges (ibid., B 11671, f° 74v°).
La taille de la main laisse supposer que la figure de saint Georges était à peu près de grandeur nature. Les griffes du dragon, deux fois plus longues que la main du saint et les vertèbres fortement saillantes de la queue du monstre, indiquent que l'animal devait avoir un aspect effrayant. Aussi se distinguent-ils, comme toutes les oeuvres de Sluter, par un rendu extraordinairement différencié de l'aspect des divers êtres ou objets qu'ils figurent : la peau cornée et écailleuse du dragon, le poli métallique du gantelet. Cette virtuosité dans la restitution des textures est caractéristique de Sluter.
Reprenant une remarque de Troescher, Mersmann fait observer que la figure de saint Georges du retable de la Passion à Champmol se démarque nettement, sur le plan stylistique, des autres figures des saints ce qui incite à penser qu'elle est la copie d'une autre sculpture. Sa légèreté dansante contraste cependant avec la monumentalité des figures en pied de Sluter. Aussi Schmidt soutient-il qu'il convient d'interpréter cette représentation de saint Georges comme une sorte d'écho lointain à l'oeuvre de Sluter, plutôt que de suivre l'hypothèse de Mersmann et d'y voir une copie.
Une hypothèse que rend également plausible l'existence d'une autre sculpture, en bois, qui répond au même modèle que celle du retable de Dijon (provenance inconnue ; autrefois à Salzbourg, château de Neuhaus ; actuellement à Zagreb, collection Ante et Wiltrud Topic, Mimara Art Collection, H. 52,6). Mais ici, à la différence du saint Georges du retable de la Passion, le personnage tient son bouclier dans la main gauche, tandis que la visière de son casque est ouverte sans que le chevalier fasse le geste de la relever. La statue de Zagreb est plus cohérente que celle du retable - dont l'épée est coincée entre casque et bouclier, de sorte que si le saint voulait porter l'estocade mortelle, c'est son propre casque qu'il atteindrait - et offre une tension moindre dans le geste de ses mains levées; ce qui la rapproche plus de son modèle.
Didier et Steyaert estiment probable que la sculpture du retable de la Passion ait été réalisée avant le saint Georges de Sluter, aussi en induisent-ils une relation directe entre la statue de Sluter et les deux autres. Ils font en revanche remonter le bois sculpté de De Baerze à un modèle parisien, du type de celui que l'on voit dans une miniature française peinte vers 1380-1385 (Meiss, 1967, II, fig. 611). Si l'on considère ses vêtements et son attitude, le soldat qui est en train de se livrer au massacre des Innocents est "pratiquement identique", écrit l'auteur, au saint Georges du retable. Mais la similitude du costume est dictée par les usages vestimentaires en vigueur à l'époque et ne saurait établir la preuve d'une éventuelle fonction de modèle.

(Notice de Renate Prochno extraite de "L'Art à la cour de Bourgogne : Le mécénat de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur (1364-1419)", Dijon : Musée des Beaux-Arts, (28 mai - 15 setembre 2004), Cleveland : The Cleveland Museum of Art, (24 octobre 2004 - 9 janvier 2005)

Au musée en 1954, suite aux fouilles effectuées à la Chartreuse de Champmol en 1952

Oeuvres en lien :

4159/5 Patte de Dragon Elément du même ensemble

4159/6 Patte de Dragon Elément du même ensemble

4159/7 Patte de Dragon Elément du même ensemble

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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