collections du musée des beaux-arts de dijon

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Retable des Saints et Martyrs

Retable

Sculpteur : Baerze, Jacques de

Date de création : 1390 / 1399

Peintre : Broederlam, Melchior

Date de création : à partir de 1392


Bois doré et polychromé
Hauteur du retable : 159 cm ; Largeur de la partie centrale : 252 cm ; Largeur de chaque volet : 125 cm
Inv. CA 1420 B

Les deux histoires du "Retable des saints et martyrs" et du "Retable de la Crucifixion" sont inséparables, nous les exposerons donc ici de façon conjointe. Leur commande à Jacques de Baerze, sculpteur installé à Termonde, date de 1390. Celui-ci paraît avoir commencé le travail à Termonde, puis, en août 1391, avoir transféré son atelier à Dijon. Assez curieusement, les retables sont renvoyés à la fin de 1392 aux Pays-Bas, où ils sont peints et dorés à Ypres par Melchior Broederlam. C'est lui qui se charge de les rapporter à Dijon. Les deux retables sont installés en 1399, le "Retable des saints et martyrs" sur l'autel de la salle du chapitre, le "Retable de la Crucifixion" sur l'autel de la chapelle Saint-Jean, fondée par le duc de Berry derrière le maître autel.
Les comptes nous révèlent également que Jacques de Baerze reçut aussi commande, en 1394, pour un troisième retable de bois sculpté, destiné au maître autel de la chartreuse. Mais nous possédons peu de précisions sur ce retable, qui pourrait bien avoir été remplacé lors des modernisations de l'église : il est probable que l'autel de bois doré surmonté de deux anges que décrit l'érudit dijonnais Baudot en 1792 était plus tardif, car il n'est pas qualifié de "gothique".
Le "Retable des saints et martyrs" porte la marque de son illustre commanditaire. Sur le bandeau inférieur, alternent les initiales et les armoiries de Philippe le Hardi (écartelé de France et de Bourgogne ancien) et de Marguerite de Flandre (parti de Bourgogne et de Flandre). Les vies des martyrs de saint Jean et de sainte Catherine, de la Tentation de saint Antoine, visibles sur la caisse centrale sous des arcatures - celles du milieu sont surélevées pour créer un effet de hiérarchie et de symétrie -, ne sont pas choisies au hasard. Saint Jean et sainte Catherine, qui apparaissent comme les protecteurs du duc et de la duchesse au portail, sont au centre des dévotions du duc et en général de la famille de Valois. Sainte Catherine est aussi associée à la famille des comtes de Flandre. Saint Antoine est le saint du jour de la naissance du duc. En revanche, le détail de la signification iconographique d'ensemble des figures de saints et de saintes qui alterne sur les volets latéraux nous échappe. Pour ceux que leurs attributs rendent reconnaissables, il s'agit de saints et de saintes vénérés à la fin du Moyen Age pour leur pouvoir d'intercession.
Ces deux retables, où l'on trouve déjà la formule de scènes composées de plusieurs personnages sous des arcatures - ici plus que spectaculaires par leur finesse -, sont les plus anciens exemples conservés de ces retables flamands dont les villes de Bruxelles, d'Anvers et de Malines se sont fait une spécialité tout au long du XVe siècle et au début du suivant. Mais il semble que de tels retables existaient déjà en Flandre, puisque le premier paiement reçu par Jacques de Baerze pour la réalisation des retables, en 1390, précise que l'un devait reproduire le retable de l'église de Termonde et l'autre celui de l'abbaye de la Biloque à Gand. Etaient-ils des oeuvres de Jacques de Baerze lui-même ? Incontestablement, Philippe le Hardi est allé chercher en Flandre un savoir-faire inconnu des artistes bourguignons et même parisiens.
Les volets ouverts sur les sculptures de Jacques de Baerze, presque entièrement dorées, offrent une vision de splendeur, qui emprunte explicitement à l'orfèvrerie la dentelle des architectures, la moulure ornée de fleurettes ou les plis comme métalliques des drapés. Les rehauts de polychromie sont très soignés.
Mersmann, Didier (et dans le catalogue de l'exposition de Cologne en 1978) et Bilcher se sont particulièrement attachés à définir le style de Jacques de Baerze et à le replacer dans son contexte flamand : en effet, bien que l'artiste soit installé à Dijon de 1391 à 1392, il est évident qu'il n'est guère sensible aux réalisations de Sluter. Les deux retables sont d'une remarquable unité, et il demeure difficile de définir une "progression " d'un premier au second. Les types des personnages trouvent des correspondances dans les peintures des Pays-Bas contemporaines, comme celles que l'on voit sur les petits retables de dévotion de Champmol, plus peut-être qu'avec l'art de Broederlam. Les comparaisons proposées, dans le domaine de la sculpture (Bichler, pp. 29-30), avec celles de l'hôtel de ville de Bruges sont très convaincantes.

(Notice de Sophie Jugie extraite du catalogue de l'exposition « L'Art à la cour de Bourgogne : Le mécénat de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur (1364-1419) », Dijon : Musée des Beaux-Arts, 28 mai - 15 septembre 2004, Cleveland : The Cleveland Museum of Art, 24 octobre 2004 - 9 janvier 2005)

Historique : Collection Chartreuse de Champmol, Dijon

Attribution du Conseil Général de la Côte d'Or, 1827. L'oeuvre est classée au titre des monuments historiques depuis 1939.

Oeuvres en lien :

CA 1420 A Retable de la Crucifixion

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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