collections du musée des beaux-arts de dijon

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Sainte Catherine

Statue

Souabe , fin 15e siècle
Auteur : Anonyme souabe

Bois polychrome et doré
Hauteur : 95 cm ; Largeur : 34 cm ; Profondeur : 24,5 cm
Inv. G 88

A demi dissimulée sous les plis du vêtement à l'aplomb du bras droit, la roue est l'attribut habituel de la jeune sainte. D'après le récit de sa vie légendaire, la roue se brisa miraculeusement au moment du supplice. Le livre fait allusion à ses connaissances philosophiques, et les fleurons autrefois fichés dans son turban à la manière d'une couronne rappelaient son origine princière.
La silhouette est étroite et mince sous la robe qui moule le buste et la jambe droite, soulignant la posture hanchée et cambrée. Mais la tête poupine, posée sur un cou épais et haussée par le gros turban, paraît trop volumineuse et donne une allure courtaude à la figure. Selon l'usage à la fin du Moyen Age, la jeune sainte est élégamment vêtue à la mode du temps. Comme maintes figures féminines sculptées en Allemagne du Sud aux environs de 1500, elle porte une robe ajustée à encolure triangulaire, resserrée par une fine ceinture à boucle, et coiffe sur ses cheveux librement répandus un épais bourrelet recouvert de tissu et en forme de turban. Les zones lisses des étoffes sont scandées de brusques cassures, d'arêtes saillantes et de petits bombements cylindriques, comme sur la cuisse droite, alors que les retombées sur le sol, autour des pieds et de la roue, mêlent un peu confusément les plis et les bordures des vêtements. Le traitement simplifié de la main plate aux doigts raides et du visage gras, avec des joues très pleines et un double menton accentué, témoigne du même niveau modeste de l'exécution.
L'attitude doucement balancée de Sainte Catherine et la rondeur de son visage à l'expression impassible ont incité à attribuer la sculpture à la Souabe. Toutefois le style des drapés et quelques détails physionomiques évoquent aussi certains aspects - à l'écart de Veit Stoss - de la sculpture franconienne à la fin du XVe siècle, du reste empreinte d'influences souabes. Ainsi semble transparaître dans la sculpture de Dijon comme un reflet altéré du charme délicat des figures de saintes du retable de l'église Notre-Dame de Zwickau (achevé en 1479) peint dans l'atelier de Michael Wolgemut (Nuremberg, 1434 ou 1437 - 1519). Et le dessin particulier des yeux de Sainte Catherine, la paupière inférieure épaissie formant un bourrelet plat, paraît trouver quelques correspondances dans des oeuvres franconiennes comme les anges du groupe sculpté représentant l'"Enterrement de sainte Catherine" (vers 1500). Mais les différences de qualité interdisent des rapprochements plus poussés dans l'ignorance d'exacts éléments de comparaison.

(Notice de Sophie Guillot de Suduiraut extraite du catalogue de l'exposition "Sculptures allemandes de la fin du Moyen Age dans les collections publiques françaises, 1400-1530", Paris, Musée du Louvre, 1991-1992)

Historique : Collection Henri et Sophie Grangier

Legs Henri et Sophie Grangier, 1905

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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