collections du musée des beaux-arts de dijon

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La Vierge, l'Enfant, sainte Agnès et saint Jean Baptiste

Tableau
16e siècle (2ème quart)
Auteur : Le Titien

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 128 cm ; Largeur : 161 cm
Inv. 3744

Provient peut-être de la collection du marquis Bevilacqua à Ferrare, si l'on reconnaît cette oeuvre dans la description de Ridolfi (1648) qui lui correspond exactement, n'était-ce la confusion entre sainte agnès et sainte Catherine. G. Barnaud et P. Rosenberg (1965-1966) supposent que la peinture a pu être achetée en Italie par Thomas Howard, comte d'Arundel ; l'inventaire Arundel (1656) mentionne en effet du Titien, la "Madone, Notre-seigneur, saint Jean Baptiste et sainte Catherine" ; ce tableau pourrait être celui que l'on trouve inscrit, sans doute avec une erreur, sous le nom de "Vierge, enfant, saint Jean Baptiste et sainte Catherine", dans l'inventaire de Le Brun en 1683. En fonction de la numérotation de Le Brun (A. Hulftegger, 1954), cette oeuvre a été, selon toute vraisemblance, vendue en 1671 à Louis XIV par Jabach, dont la collection venait en partie de la galerie du comte d'Arundel. Le tableau est en 1715 à Paris, chez le duc d'Antin. Dezallier d'Argenville le cite en 1745, puis en 1762. la toile est restaurée par Colins en 1749 (Archives nationales O1 1934 A), et en 1750 elle se trouve au Luxembourg. Lépicié la décrit en 1752, et Duplessis la mentionne au Louvre en 1785. Elle est alors restaurée par Godefroy ; elle porte le n° 519 dans la minute d'inventaire Napoléon Ier (1810-vers 1816, Archives du Louvre, I DD16). C'est en 1946 qu'elle est déposée à Dijon;
L'oeuvre a été gravée à l'eau-forte par Lerouge sur un dessin de Girod terminé par Langlois jeune (Filhol, 1815, pl. 674) et par C. Normand (Landon, 1832, pl. 17). Très controversée, l'attribution de ce tableau à Titien n'a pas réussi à susciter l'unanimité de la critique. Refusée par Waagen en 1865, Heinemann en 1928, Tietze en 1936 et Valcanover en 1960, qui considèrent la peinture comme une oeuvre d'atelier, elle est toutefois reconnue par Louis Hourticq (1912 et 1919), Suida (1933), Berenson (1932, 1936 et 1957), et affirmée à nouveau en 1966 par Germaine Barnaud et Pierre Rosenberg après un examen approfondi à la suite d'une restauration de la toile, remise à peu près à sa première grandeur. Selon ces auteurs, il s'agirait non seulement d'une oeuvre autographe, mais encore d'un prototype du Titien dont apparaîtrait le souvenir dans certaines compositions comme la "Sainte Famille avec le petit Saint Jean" donnée à Polidoro Lanziani au Louvre (inv. 745), où l'on retrouve, en sens inverse, le groupe de saint Jean et de l'agneau. Le tableau maintenant à Dijon aurait également servi de modèle pour certaines parties de la "Sainte Conversation" de Palma Vecchio à l'Accademia à Venise, dont Gustavo Frizzoni avait, dès 1906, souligné les parentés avec la toile alors au Louvre, mais sans déduire cependant laquelle des deux peintures avait pu influencer l'autre. Le tableau de Venise peut avoir été achevé par un élève du Titien ; pour Tietze (1950) en effet, il paraît peu probable que soit de la main même du maître un fragment comme la tête de sainte Catherine, tout à fait semblable dans la toile de Dijon. Cette dernière en revanche, est franchement donnée au Titien en 1969 par Harold E. Wethey qui évoque la beauté des figures, le charme du paysage, et met au compte des restaurations les réticences exprimées par la critique ; la chemisette de l'Enfant, par exemple, serait une adjonction tardive. A notre avis il est cependant permis de douter de l'attribution de cette toile au Titien, à moins que son usure n'en explique le manque d'accent.
Datée par Pierre Rosenberg entre 1520 et 1528, l'oeuvre est située par Harold Wethey autour de 1535.
Par ailleurs, le sens symbolique d'un détail, le lézard en bas à droite du tableau, n'a jamais été précisé. Or l'iconographie de cet animal a été étudiée par Herbert Friedmann (1969) à propos d'une "Madone entourée de saints" de Botticini au Metropolitan Museum de New York. L'auteur rappelle que dans l'antique "Physiologus", le lézard passait pour recouvrer la vue en fixant les rayons du soleil, figurant ainsi, dans la légende, celui dont la cécité spirituelle est guérie par la quête de la vraie lumière ; Herbert Friedmann cite et reproduit, outre celui de New York, l'exemple de la "Nativité" due à un épigone de Lippi, au Louvre, et de la "Vierge adorant l'Enfant" de Botticini au Palais Pitti à Florence. (fig. 13)

(Notice de Marguerite Guillaume extraite du "Catalogue raisonné du Musée des Beaux-Arts : peintures italiennes", Ville de Dijon, 1980)

Historique : Collection Marquis de Bevilacqua ; Collection Thomas Howard (Comte d'Arundel) ; Collection Everhard Jabach ; Collection Louis-Henri de Loménie ; Collection Everhard Jabach ; Collection Louis XIV ; Collection Duc d' Antin ; Collection Musée du Louvre, Paris

Dépôt du Musée du Louvre, 1946, INV. 744

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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