collections du musée des beaux-arts de dijon

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Le Père Eternel bénissant le Monde

Élément de retable
vers 1630 / 1640
Auteur : Reni, Guido

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 78,5 cm ; Largeur : 99,5 cm
Inv. CA 43

L'Inventaire des objets d'art recueillis en Italie atteste que la toile provient de Pesaro. Or le comte de Lalande, dans son voyage en Italie fait dans les années 1765-1766, décrit, dans la cathédrale de cette ville, à la "seconde chapelle à gauche, un tableau du Guide, saint Thomas et saint Jérôme méditant sur leurs écrits : Jésus-Christ et la Vierge paraissent dans la gloire ... au haut de ce grand tableau, il y en a un petit représentant un buste du Père Eternel, mieux conservé, dont la tête est fort belle". La mention de Lalande est confirmée par Antonio Becci qui signale, en 1783, "il quadro di S. Tommaso apostolo e S. Girolamo, colla Vergine in gloria dell immortal pennello di Guido Reni, di cui parimente e la Testa del Padre Eterno, collocata nell'alto dell'ornato di detto Altare". La peinture de Dijon semble donc bien avoir appartenu à la partie supérieure du décor de l'autel où était située la grande pala maintenant au Vatican, commandée à Guido Reni par Tommassa Olivieri, dame de Pesaro, la "Vierge entre saint Thomas et saint Jérôme".
Enlevée par les Français en 1797, la toile arrive à Paris le 18 thermidor an VI. Selon Marie-Louise Blumer, elle est exposée au Louvre en novembre 1798, et en 1801. Avant d'être envoyée à Dijon en 1803, la peinture est réentoilée par Fouque et restaurée par Michau : "nettoyé fait quelques restaurations et vernis" ; elle a été agrandie à droite et à gauche d'une bande de bois verticale de 6 à 7 cm de largeur.
La provenance de cette toile paraît maintenant établie. Si un doute, toutefois, persiste devant le silence à son propos de plusieurs guides anciens, tels Scanelli (1657), Scaramuccia (1674), Malvasia (1678) ou Deseine (1699), le témoignage de La Lande et de Becci demeure en revanche digne d'attention. Certes, le style a un côté plus lâché que celui du tableau du Vatican. Mais peut-être faut-il mettre cette différence au compte de la situation qu'occupait le "Père Eternel", haut placé au sommet du décor d'autel, et destiné à être vu de loin.
Si l'oeuvre a bien été conçue pour l'ensemble commandé à Guido Reni par Tommassa Olivieri, il reste cependant difficile de la dater. Les peintures de la lunette et de la pala ont-elles été exécutées simultanément ? Pour Stephen Pepper qui a vu la toile de Dijon (communication orale, 1971), le "Père Eternel" serait de sept à huit ans postérieur au tableau de Rome, tandis que pour Cesare Gnudi (communication écrite, 1971), les deux oeuvres se correspondent autant par la qualité que par le style. Déjà tardif par son coloris clair, où domine le gris bleu allié au mauve, et par l'expression de la lumière, qui, au lieu d'accuser l'évidence des volumes, les irradie au contraire en les délivrant de leur pesanteur, le tableau ne présente pas encore les touches nerveuses et elliptiques du "Saint Joseph" conservé à la Galleria Nazionale d'Arte Antica à Rome : aussi semble-til possible de le situer entre 1630 et 1638.
Longtemps ignoré de nos contemporains, le "Père Eternel" fut apprécié au siècle dernier, comme le prouve l'existence d'une copie signée Grandmaistre et datée 1643, dans la chapelle du hameau de Hierce, commune de Montmoyen, en Côte d'Or.

(Notice de Marguerite Guillaume extraite du "Catalogue raisonné du Musée des Beaux-Arts : peintures italiennes", Ville de Dijon, 1980)

Historique : Collection Pesaro, cathédrale ; Collection Musée du Louvre, Paris

Dépôt de l'État de 1803, transfert définitif de propriété à la Ville de Dijon, arrêté du Ministre de la Culture du 15 septembre 2010.

Bibliographie : © photo François Jay

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