collections du musée des beaux-arts de dijon

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Les Martyrs du Mont Ararat

Panneau
15e siècle
Auteur : Pseudo Ambrogio di Baldese

Peinture sur toile sur bois
Hauteur : 30,5 cm ; Largeur : 45 cm
Inv. D 19

Ce fragment de prédelle provient de la collection Artaud de Montor (1772 - 1849). Secrétaire de la légation de France à Rome sous l'Empire, ce collectionneur avait rassemblé en Italie cent dix tableaux des "douzième, treizième, quatorzième et quinzième siècles" (voir Giovanni Previtali, 1959) : parmi ceux-ci figuraient trois peintures attribuées à Ucello. Le panneau est entré au Musée de Dijon avec le legs Dard en 1916.
Dans ce fragment de prédelle, George Kaftal (communication écrite, 1971) reconnaît le martyre de saint Acace et de dix mille légionnaires, empalés ou crucifiés sur le mont Ararat, par ordre des empereurs Hadrien et Antonin, pour n'avoir pas voulu sacrifier aux idoles. On les voit ici couronnés d'épines et portant une plaie au côté, par dérision. Leurs âmes s'envolent vers le ciel.
Saint Acace semble avoir été honoré surtout dans les pays germaniques. Il n'était cependant pas inconnu à Florence où le Bacchiacca devait en 1521 représenter des scènes de sa vie dans la prédelle aujourd'hui aux Offices du retable exécuté par Giovanni Antonio Sogliani pour l'église San Lorenzo.
Artaud de Montor, auteur du catalogue de sa propre collection, donne, non sans fantaisie, à Ucello, ce petit panneau qu'en 1963 Federico Zeri rend au Pseudo Ambrogio di Baldese. Federico Zeri cite le tableau dans une liste qui enrichit notablement l'oeuvre de cet artiste anonyme, déjà regroupé en 1935 par Georg Pudelko, grâce à une mise au point de la question après les études préalables de Richard Offner, Osvald Siren, Raimond Van Marle, Roberto Longhi et Bernard Berenson.
A la majeure partie des fresques qui décorent le côté ouest du Chiostro Verde à Santa Maria Novella, Georg Pudelko ajoute un ensemble de peintures caractéristiques. Narrateur agréable, le Pseudo Ambrogio di Baldese est un retardataire, qui, dans la première moitié du XVe siècle, demeure fidèle à la manière du Trecento. On le reconnaît à ses figures plates, réduites à peu près à leur seul contour, et à son système de drapé monotone et conventionnel. A la suite de Richard Offner, Georg Pudelko souligne les influences que révèle le style du peintre : celle de Lorenzo Monaco, de Mariotto di Nardo, puis, un peu plus tard, de Bicci di Lorenzo. Des analogies avec Rossello di Jacopo Franchi doivent être également notées. Georg Pudelko avance, à titre d'hypothèse, le nom du florentin Bonaiuto di Giovanni.
Cependant, sur un panneau du Pseudo Ambrogio di Baldese conservé à la Pinacothèque de Sienne, Enzo Carli déchiffre les mots : "Ventura Mori me", et, à partir de cette découverte, identifie l'artiste avec Ventura di Moro, né à Florence entre 1395 et 1402, mort en 1486, et surtout connu pour avoir exécuté en 1446, en collaboration avec Rossella di Jacopo Franchi et le frère de celui-ci, trois scènes de la vie de saint Pierre martyr sur les façades extérieures de l'oratoire du Bigallo. Ventura di Moro semble avoir travaillé également à Sienne.
La composition élémentaire et les personnages schématiques du fragment de Dijon caractérisent le style du peintre, qui, malgré l'absence de perspective, réussit pourtant à suggérer une certaine profondeur par l'accumulation des figures, et à donner vie à son récit au moyen d'une progression rythmée de l'action.

(Notice de Marguerite Guillaume extraite du "Catalogue raisonné du Musée des Beaux-Arts : peintures italiennes", Ville de Dijon, 1980)

Historique : Collection Marie-Henriette Dard ; Collection Artaud de Montor

Legs Marie-Henriette Dard, 1916

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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