collections du musée des beaux-arts de dijon
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Entrée de saint Bernard à Citeaux
Tableau
vers 1700
Auteur : Passeri, GiuseppeGiuseppe PasseriPeinture à l'huile sur toile
Rome , 1654 - Rome , 1714
Ecole Italienne
Hauteur : 97,5 cm ; Largeur : 74,5 cm
Inv. CA 36 Le tableau provient de l'abbaye de Cîteaux. La peinture a été saisie à la Révolution et se trouve au Musée en 1799. François Devosge mentionne dans son inventaire trois tableaux de même sujet provenant de l'abbaye de Cîteaux : l'un d'eux, dont les mesures correspondent à celui de Dijon, peut s'identifier avec lui ; les deux autres sont considérés comme copies et signalés comme vendus. Le premier doit sans doute être reconnu dans la toile conservée à l'église de Jouhe (Jura) ; le second, plus petit, n'a pas été retrouvé jusqu'ici.
Non mentionnée dans l'inventaire de la sacristie de Cîteaux en 1689 et en 1699, la peinture correspond selon toute vraisemblance, à celle que signale l'additif de 1705 à ce dernier document (Archives départementales de la Côte d'Or), bien qu'aucune précision de dimensions ne permette d'affirmer en toute certitude qu'il s'agisse de l'exemplaire aujourd'hui au Musée. Elle est située à cette date dans la chapelle Saint-Etienne. L'oeuvre est entrée à Cîteaux entre 1699 et 1705. Chacun des deux inventaires de 1738 cite un tableau figurant l'entrée de saint Bernard à Cîteaux" que nous pensons être le tableau du Musée, et une autre composition de même sujet, qualifiée de "bien gâtée", où il faut peut-être reconnaître la toile maintenant à Jouhe (Jura). On ne trouve aucune allusion au troisième exemplaire dont parle Devosge (inventaires manuscrits de la sacristie de Cîteaux, Archives départementales de la Côte d'Or).
Saint Bernard est accueilli à la porte du monastère par saint Etienne Harding, accompagné des jeunes gens qu'il a recrutés. A genoux, au premier plan, son père, Testelin le Sor, ouvre les bras en signe d'offrande. Bernard a déjà perdu sa mère Aleth : c'est sa soeur Hombeline que le peintre a figurée, en pleurs, au fond et à gauche du tableau, peut-être en s'inspirant du récit de l'historien Chrysostomus Henriquez ("Lilia Cistercii"). On aperçoit à l'horizon la demeure de Fontaine, tandis que le costume de guerrier de son père, et la présence du cheval, attestent la naissance aristocratique du nouvel arrivé. Celui-ci porte un pourpoint inspiré de la mode de la Renaissance, qui côtoie curieusement le costume à l'antique de Tescelin. L'aspect désuet de ce vêtement trahit-il un souci archéologique du peintre, soucieux de replacer la scène à son époque, en 1112 ?
Dans le ciel, les angelots portent une mître et une crosse d'abbé, signes de la future mission de Bernard à Clairvaux. Le renoncement et l'acceptation de la souffrance sont symbolisés par la croix et la couronne d'épines.
Le personnage debout à droite a une expression si véridique qu'il ne peut s'agir que d'un portrait. Mariette cite le tableau, qu'il a vu à l'église de l'abbaye : "Le révérend père Etienne Prinstet, qui était alors procureur général de l'Ordre de Cîteaux en cour de Rome", écrit-il, "le fit faire au Passeri, et fit ensuite graver la planche au chevalier Dorigny. Il s'y est fait représenter sous la figure d'un des religieux de saint Bernard, qui est sur le devant et qui regarde de face ; la tête est le portrait du père Prinstet, qui, s'étant retiré à Cîteaux, y est mort en 1727, âgé de 77 ans. M. Dorigny m'a assuré que ce n'est point le portrait du père Prinstet mais celui du père Raydelet, son compagnon". L'additif de 1705 à l'inventaire de 1699 (Archives départementales) précise que le tableau a été donné par le père Prinstet. Il est naturel que ce religieux ait fait placer l'oeuvre dans la chapelle dédiée à son saint patron.
Cette peinture devait susciter l'admiration puisqu'elle est reproduite, à la gouache, dans les "Mémoires pour servir à l'histoire de l'abbaye de Cîteaux" écrits par Dom Cotheret en 1736 et recopiés par Louis-Bénigne Baudot en 1791 (Bibliothèque municipale, Dijon).
Le père Prinstet avait apporté de Rome de nombreuses peintures, si l'on en croit Dom Antoine Crestin. Architecte et dessinateur, il a illustré avec humour et finesse un recueil de vues et de plans conservé aux Archives départementales de la Côte d'Or, l'Atlas de Cîteaux.
La planche de Nicolas Dorigny, datée de 1699 et dédiée au cardinal Benoît Pamphili, est gravée dans le même sens que le tableau. Un dessin de composition identique, mais inversée, se trouve à Windsor Castle sous le nom de Passeri. Son style annonce déjà un certain goût "rocaille", de même que le morcellement de l'éclairage qui fait miroiter la peinture.
Devosge (1794) ne précise pas que ce tableau ait eu pour pendant "La Cessation du schisme d'Anaclet" qu'il jumelle avec le "Saint François de Paule" en mentionnant l'identité de leurs dimensions et de leurs cadres. Par ailleurs, les inventaires de Cîteaux, très imprécis, ne permettent pas de distinguer ces peintures de leurs copies. Comme les trois tableaux ont à peu près les mêmes mesures, il est permis de penser qu'ils appartenaient à une même série, mais aucun des deux inventaires de 1738 ne signalent le "Saint François de Paule", peut-être entré à une date postérieure. On peut supposer que l'"Entrée de saint Bernard à Cîteaux" et la "Cessation du schisme d'Anaclet" ont été commandés à Carlo Maratta, qui en aurait confié l'exécution à deux de ses élèves un peu avant 1700.
(Notice de Marguerite Guillaume extraite du "Catalogue raisonné du Musée des Beaux-Arts : peintures italiennes", Ville de Dijon, 1980) Historique : Collection Abbaye de Cîteaux
Saisie révolutionnaire, Abbaye de Cîteaux Bibliographie :Exposition :Notice des ouvrages de peinture et de sculpture exposés au Musée du Département de la Côte-d'Or, Dijon : Frantin imp., An VII (1799), n° 192
Notice des tableaux, statues, bustes, bas-reliefs, vases, bronzes, antiquités, dessins, estampes, etc. exposés au Musée de Dijon, Dijon : Frantin imp., 1818, n°302 p.87
Notice des objets d'arts exposés au Musée de Dijon, Dijon , Victor Lagier libraire, 1834, n° 320
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Notice des objets d'art exposés au Musée de Dijon, Dijon, Lamarche, 1860, n° 398
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