collections du musée des beaux-arts de dijon

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Retable de Pierre Rup

Panneau de retable
vers 1450
Auteur : Anonyme suisse

Peinture à l'huile sur bois. Cadre d'origine, sauf la torsade dorée.
Hauteur : 191 cm ; Largeur : 155 cm
Inv. D 97

Le "Retable de Pierre Rup" tire son nom de son donateur, grâce à l'inscription en latin qui figure en haut du cadre. Incomplète, car nous ne sommes en fait en présence que du volet gauche d'un retable, elle se traduit : "Pierre Rup, citoyen et marchand de Genève, a fait ce tableau pour"...
Le retable présente des caractéristiques très inhabituelles avec ses grandes dimensions (ouvert, il faisait plus de huit mètres de long), et son riche cadre sculpté. Le volet forme quatre grandes niches où sont représentés de gauche à droite, sur fond or, saint Etienne, saint Blaise, saint Jean-Baptiste et saint Pierre avec le donateur, qui regardent tous deux vers une partie centrale disparue. Les quatre niches sont surmontées de gables où figurent en buste, toujours sur fond or, un saint évêque, sainte Catherine, saint Antoine et la Vierge de l'Annonciation. De part et d'autre des fleurons qui surmontent les gables, se trouvent des anges musiciens.
Le nom de Pierre Rup a été retrouvé dans les archives de la ville de Genève. Il apparaît comme témoin d'actes passés à Genève entre 1440 et 1453. Il figure au nombre des conseillers de la ville en 1440 et 1442. Il meurt vers 1470.
On considère généralement que le retable de Pierre Rup provient de la cathédrale de Genève, Saint-Pierre, ou de la chapelle adjacente des Macchabées ; mais aucune preuve formelle n'en a été apportée. Dès le début des années 1530, la cathédrale fut un des hauts lieux de l'introduction de la Réforme à Genève. Le premier épisode d'iconoclasme date du 8 août 1535. Les membres du chapitre des Macchabées quittèrent Genève pour Annecy avec, dit-on, une partie des objets précieux qui ornaient la cathédrale. Ont-ils pu déménager aussi le grand retable de Pierre Rup ? C'est en tout cas dans une église de la région d'Annecy que le tableau fut retrouvé au milieu du XIXe siècle.
Le peu que nous avons conservé de la peinture suisse ou savoyarde du XVe siècle ne nous permet guère de nous faire une idée du contexte artistique d'où sort cette oeuvre, un milieu sans doute très ouvert aux influences à la fois françaises, germaniques et italiennes. Le cadre est tout aussi exceptionnel et ne se réduit pas aux comparaisons avec les polyptyques italiens ou espagnols qui sont le plus souvent avancées. En fait, si l'on fait abstraction de la couleur, la conception de ces personnages dans des niches surmontées de gables et le vocabulaire décoratif employé suggèrent une parenté avec les stalles, une des productions les plus brillantes de la Savoie et de la Suisse du XVe siècle.
Le retable ne fit pas partie des premières présentations de la collection Dard. Le comte-rendu d'une visite, le 23 avril 1930, de Lucien Aubert, "réparateur du Louvre", nous permet de savoir que le panneau avait été recouvert de papier sept ans auparavant et que toutes les parties peintes s'écaillaient. La restauration fut menée cette même année 1930. Le parti fut de ne pas intervenir sur le support, donc de ne pas résorber les fentes, mais de traiter seulement la couche picturale. Lucien Aubert intervint encore en 1943, toujours pour du refixage.
Soixante ans après sa première restauration, le retable présentait des fentes importantes et des repeints virés. Le badigeon noir du cadre laissait aussi présager que sa gamme chromatique avait aussi été altérée. La restauration du retable de Pierre Rup a donc été entreprise en 1995 et s'est achevée en 2000.
La restauration a permis de préciser les matériaux et les techniques mis en oeuvre dans le retable. Il est composé de trois grandes planches de résineux renforcées au revers par deux traverses à contre-fil, et "encadrées" par des montants verticaux et horizontaux. Sur la face, les moulures et les couronnements des niches, en noyer, sont fixés par des chevilles en noyer. La moulure torsadée qui entoure l'ensemble n'appartient pas à la disposition d'origine. A une date inconnue, les "panneaux" représentant les figures des saints ont été détachés par sciage dans l'épaisseur du panneau.
La restauration a permis de traiter le support par la consolidation des différents éléments et la résorption des fentes. La restauration du cadre lui a fait retrouver en grande partie sa polychromie en rouge et bleu. L'or a été nettoyé, mettant en valeur la différence entre l'or bruni des parties saillantes et de l'inscription et l'or mat des parties en creux. La restauration de la couche picturale a été traitée avec une retouche visible (tratteggio).

(Notice de Sophie Jugie extraite de "L'Art des collections. Bicentenaire du musée des Beaux-Arts de Dijon. Du siècle des Lumières à l'aube d'un nouveau millénaire", Dijon, Musée des Beaux-Arts, 16 juin - 9 octobre 2000)

Historique : Collection Pierre Rup ; Collection Église de Genève ; Collection Costa de Beauregard ; Collection Kuhn ; Collection Pierre-Jean-Baptiste-Henri Pichot-L'Amabilais ; Collection Marie-Henriette Dard

Legs Marie-Henriette Dard, 1916

Inscriptions / marques :

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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