collections du musée des beaux-arts de dijon
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Les Arlequins dansant
Dessin
1939
Auteur : Vieira da Silva, Maria-HelenaCrayons de couleurs sur papier
Maria-Helena Vieira da Silva
Lisbonne , 1908 - Paris , 1992
Ecole Française C'est à quatre ans, alors que son père vient de mourir de la tuberculose, que Maria Helena Vieira da Silva prend conscience de l'éphémère. Son tempérament angoissé et solitaire s'exprime sur la toile dans des espaces labyrinthiques, creusés par un réseau complexe de lignes ou de petits carreaux, tels les azulejos connus au Portugal. Vieira est femme de la ville, de ces espaces panoramiques qui embrassent tout ce qui existe, qui dévorent l'homme, le rendent présent-absent, l'égarent ou l'emprisonnent comme dans une toile, l'artiste se comparant volontiers à une femme-sirène ou une femme-araignée.
Vieira étudie les maîtres anciens et contemporains, apprend le dessin et la peinture à l'Ecole des Beaux-Arts de Lisbonne et la sculpture avec Emile-Antoine Bourdelle (1814-1875) mais, bien que rattachée à l'Ecole de Paris, elle reste insaisissable, versant tant dans l'abstraction que le figuratif, elle ne veut appartenir à aucun courant en particulier et se protège toujours des influences directes.
Proches du couple Maria Helena Vieira da Silva et Arpad Szenes (1897-1985), les collectionneurs Pierre (1908-1996) et Kathleen (1908-1981) Granville ont constitué de l'artiste la plus importante collection de France maintenant présentée au musée.
Hauteur : 21,5 cm ; Largeur : 31,5 cm
Inv. DG 26 Ces "Arlequins dansant" appartiennent à la série des oeuvres qui utilisent un damier constitué de losanges, thème qui se poursuivra à travers "Les losanges" de 1938, "Les drapeaux" de 1939 jusqu'en 1944 environ pour se transformer ensuite. Dans ce dessin exécuté aux crayons de couleurs, les "arlequins" sont imbriqués dans la trame continue qui occupe toute la surface de la feuille. On retrouve cette imbrication dès 1935 dans "La chambre à carreaux" et surtout dans "La machine optique", tableau magistral de 1937. Ici, les arlequins naissent des losanges : les facettes, plus ou moins colorées d'une manière quasi aléatoire, deviennent éléments des personnages ou restent parties du décor, créant ainsi une certaine confusion dans la perception de la scène. Ce jeu sur la forme et le fond renvoie au sujet même du dessin : Vieira da Silva reprend ici l'un des thèmes les plus anciens de la peinture occidentale, celui de l'arlequin que l'on retrouve de l'École de Fontainebleau à Picasso, en passant par Callot, Watteau et Cézanne, et qui a intéressé les artistes pour la richesse des combinaisons plastiques qu'offre son costume à carreaux et pour sa résonance poétique (l'arlequin est lié à la commedia dell'arte, au théâtre et à la mascarade, donc au monde de la représentation : il évoque l'acteur en train de jouer, c'est-à-dire l'artiste).
Le dessin illustre la conception de l'artiste selon laquelle "les individus sont indissolublement liés à leur milieu", qu'elle explique d'autre part : "Je regarde la rue, les gens marchent à pied et sur différents appareils, à différentes vitesses. Je songe aux fils invisibles qui les tirent. Ils n'ont pas le droit de s'arrêter. Je ne les vois plus, j'essaie de voir le rouage qui les meut. Il me semble que cela est peut-être un peu ce que je tâche de peindre" (Guy Weelen, 1973).
(Notice de Serge Lemoine extraite de "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 2 : oeuvres réalisées après 1900", Ville de Dijon, 1976)
Historique : Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Inscriptions / marques :Bibliographie :signature / date en bas à droite : "M.H. Vieira da Silva 39"
Exposition :Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 2 : oeuvres réalisées après 1900, Ville de Dijon, 1976, n°587, reprod.
Aguilar (Nelson Alfredo), Figuration et spatialisation dans la peinture moderne brésilienne : le séjour de Vieira da Silva au Brésil (1940 - 1947), Lyon, Université Jean Moulin, Thèse de Doctorat de Troisième Cycle sous la direction du professeur Henri Maldiney, décembre 1984, pp. 117-119, ill. pl. n° LII
Weelen (Guy), Jaeger (Jean-François), Duval (Virginie) et Daval-Béran (Diane), Vieira da Silva. Catalogue raisonné, Genève : Skira, 1994, n° 254 p. 55, reprod.
© ADAGP, Paris 2017 / © photo François JayDeux volets de la Donation Granville : Jean-François Millet, Vieira da Silva, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 1974 , n°28, reprod.