collections du musée des beaux-arts de dijon

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La Fuite en Egypte

Dessin
vers 1864
Auteur : Millet, Jean-François

Dessin au crayon noir sur papier
Hauteur : 26,5 cm ; Largeur : 34 cm
Inv. DG 290

Il existe deux versions de cette composition, qui ont figuré à la vente Millet en 1875 sous les numéros 202 et 203 (données au crayon noir, sans dimensions, datées 1864-1865 dans le catalogue, p. 49). Ces renseignements sont repris par Louis Soullié qui ajoute qu'elles ont été toutes les deux adjugées 1.500 F. L'une de ces versions se retrouve (ce que l'on explique mal) à la vente de la veuve Millet en 1894 sous le n° 218 (18 x 29, cat. p. 45) : elle est perdue de vue depuis. L'autre version, celle-ci, figure déjà dans la collection de Henri Rouart en 1887, lors de l'exposition Millet organisée à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris "par les soins d'un comité au profit de la souscription pour élever un monument à la mémoire du maître". Elle passe dans la deuxième vente Rouart en 1912 sous le n° 229, adjugée 5.300 F : "Dans la nuit, sous le ciel étoilé, la Vierge accompagne Saint-Joseph, portant dans son manteau l'enfant Jésus" ("Catalogue des Dessins et Pastels, anciens et modernes, collection Henri Rouart", p. 118).
Ce dessin très célèbre, souvent reproduit, n'est pas signé. Pourtant dans le catalogue de l'exposition à l'Ecole des Beaux-Arts, la notice porte la mention "signé". Dans le catalogue de la vente Rouart, il est signalé comme étant "signé à gauche", mais la reproduction n'en porte pas la trace. La planche figurant dans l'ouvrage de Leprieur-Cain en 1913 laisse apparaître une signature "J.F. Millet" en bas à gauche, mais en 1925, dans le livre de Moreau-Nélaton, la photographie de ce dessin (fig. 191) ne montre pas de signature. Enfin, dans l'opuscule de Paul Gay (1950), le même dessin porte une signature "J.F. Millet" en bas à gauche. Faut-il penser que c'est le cliché lui-même qui a été signé, alors que le dessin ne l'était pas (Sensier écrivant en effet que ces dessins ont été faits pour être photographiés) ? Ou ce dessin était-il effectivement signé, et la signature aurait-elle disparu ? L'hypothèse que le dessin ait été frotté dans sa partie inférieure n'est pas à exclure : il aurait pu être légèrement repris dans le bas, ce que peut donner à penser la comparaison des différents clichés reproduits avec l'original : le graphisme y est plus précis, l'insistance des détails plus grande dans le bas (on distingue nettement les touffes d'herbe, les cailloux, les pieds des personnages) que dans le reste de la feuille.
Pour cette composition datée de 1864 par Moreau-Nélaton (non suivi par Robert L. Herbert qui s'appuie sur la correspondance d'Alfred Sensier à Millet : "sans doute 1863", deux études à la pierre noire sont conservées au Louvre : l'une montrant la Vierge tenant l'enfant sur ses genoux, assise sur un âne conduit par Saint-Joseph, le groupe se dirigeant vers la gauche (RF 5882), l'autre représentant une femme enveloppée dans ses draperies, marchant vers la droite (RF 11268). "La Fuite en Egypte" a été conçu comme un dessin définitif et ne prépare pas un tableau. Alfred Sensier, qui fut le confident de Millet, écrit à ce propos en 1871 : "On lui mit dans la pensée de faire quelques sujets religieux qu'on pût photographier pour les vendre. C'est alors qu'il dessina deux "Fuite en Egypte", pleines de mystère et de bonhomie rustique. On voyait Saint-Joseph porter dans ses bras l'enfant Jésus, comme un trésor précieux. La nuit noire n'était éclairée que par le nimbe lumineux qui entourait l'enfant. Belle idée que Millet avait rendue comme un primitif".
Fait très rare, Millet a donc représenté une scène religieuse, mais seul le halo éclairant la tête de l'enfant l'indique, car Joseph et Marie ne sont après tout que des paysans de Barbizon marchant dans la nuit. Dans cette scène où les formes s'estompent, les personnages ne sont plus que des silhouettes réduites à l'essentiel : Millet, jouant de valeurs très rapprochées, éliminant les détails, a poussé au maximum le système de simplification que retiendra quelques années plus tard un autre dessinateur fameux : Georges Seurat.

(Notice de Serge Lemoine extraite de l'ouvrage "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976)

Historique : 1875, Paris, vente atelier Millet, 10-11 mai ; Collection Henri Rouart ; 1912, Paris, deuxième vente Rouart, 16-18 décembre ; Collection Rey ; Collection Louis Rouart ; Collection Pierre et Kathleen Granville

Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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