collections du musée des beaux-arts de dijon
résultats de recherche
ajouter au panier voir le panier
La Fuite en Egypte
Dessin
vers 1864
Auteur : Millet, Jean-FrançoisJean-François MilletDessin au crayon noir sur papier
Gruchy , 1814 - Barbizon , 1875
Ecole Française Co-fondateur avec Théodore Rousseau de l'Ecole de Barbizon et du paysage moderne, Jean-François Millet a acquis la célébrité avec ses scènes champêtres au réalisme souvent empreint de mysticisme.
Issu d'une famille de paysans normands, il montre très jeune des prédispositions pour le dessin. Encouragé par son père, il part étudier à Cherbourg auprès de peintres locaux et copie les maîtres anciens au musée de la ville, récemment ouvert. Une pension octroyée par la municipalité lui permet de poursuivre son apprentissage à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1837. Il y fréquente l'atelier du peintre romantique Paul Delaroche. Ses échecs au Prix au Rome le privent de sa bourse et l'obligent à renoncer à cet enseignement officiel. Il expose au Salon à partir de 1842 et subit alors l'influence d'Honoré Daumier.
Présenté au Salon de 1848, Le Vanneur, premier d'une série de sujets paysans dont il se fera par la suite une spécialité, lui vaut les honneurs de la critique. Un an plus tard, il s'installe à Barbizon, hameau de bûcherons situé à la lisière de la forêt de Fontainebleau, avec le peintre animalier Charles Jacques, amateur de bergeries. Millet s'attache à peindre sur le motif, dans une nature encore préservée, des scènes rurales aux accents à la fois réalistes et poétiques. Le paysan et son travail y sont ici sublimés par une lumière et une gestuelle conférant à ses figures une dignité et une retenue quasi religieuses et intemporelles. C'est de cette période barbizonesque que datent ses tableaux les plus célèbres, devenus au fil du temps de véritables icônes du réalisme, reproduites ou détournées par la publicité et les surréalistes : Le Semeur (Salon de 1850), Des Glaneuses qualifiées de ''trois Parques du paupérisme'' au Salon de 1857, La Récolte de pommes de terre (1855), L'Angélus (1857-1859), Bergère avec son troupeau (Salon de 1864)... Après 1870, l'artiste privilégiera davantage les paysages et les jeux de lumière, annonçant ainsi déjà les innovations des impressionnistes (L'Eglise de Gréville, 1871-74).
La modernité de Millet a été reconnue par toute une génération d'artistes, de Monet à Dali, en passant par Van Gogh, particulièrement fasciné par son oeuvre.
(Notice de Sophie Barthélémy, 2013)
Hauteur : 26,5 cm ; Largeur : 34 cm
Inv. DG 290 Il existe deux versions de cette composition, qui ont figuré à la vente Millet en 1875 sous les numéros 202 et 203 (données au crayon noir, sans dimensions, datées 1864-1865 dans le catalogue, p. 49). Ces renseignements sont repris par Louis Soullié qui ajoute qu'elles ont été toutes les deux adjugées 1.500 F. L'une de ces versions se retrouve (ce que l'on explique mal) à la vente de la veuve Millet en 1894 sous le n° 218 (18 x 29, cat. p. 45) : elle est perdue de vue depuis. L'autre version, celle-ci, figure déjà dans la collection de Henri Rouart en 1887, lors de l'exposition Millet organisée à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris "par les soins d'un comité au profit de la souscription pour élever un monument à la mémoire du maître". Elle passe dans la deuxième vente Rouart en 1912 sous le n° 229, adjugée 5.300 F : "Dans la nuit, sous le ciel étoilé, la Vierge accompagne Saint-Joseph, portant dans son manteau l'enfant Jésus" ("Catalogue des Dessins et Pastels, anciens et modernes, collection Henri Rouart", p. 118).
Ce dessin très célèbre, souvent reproduit, n'est pas signé. Pourtant dans le catalogue de l'exposition à l'Ecole des Beaux-Arts, la notice porte la mention "signé". Dans le catalogue de la vente Rouart, il est signalé comme étant "signé à gauche", mais la reproduction n'en porte pas la trace. La planche figurant dans l'ouvrage de Leprieur-Cain en 1913 laisse apparaître une signature "J.F. Millet" en bas à gauche, mais en 1925, dans le livre de Moreau-Nélaton, la photographie de ce dessin (fig. 191) ne montre pas de signature. Enfin, dans l'opuscule de Paul Gay (1950), le même dessin porte une signature "J.F. Millet" en bas à gauche. Faut-il penser que c'est le cliché lui-même qui a été signé, alors que le dessin ne l'était pas (Sensier écrivant en effet que ces dessins ont été faits pour être photographiés) ? Ou ce dessin était-il effectivement signé, et la signature aurait-elle disparu ? L'hypothèse que le dessin ait été frotté dans sa partie inférieure n'est pas à exclure : il aurait pu être légèrement repris dans le bas, ce que peut donner à penser la comparaison des différents clichés reproduits avec l'original : le graphisme y est plus précis, l'insistance des détails plus grande dans le bas (on distingue nettement les touffes d'herbe, les cailloux, les pieds des personnages) que dans le reste de la feuille.
Pour cette composition datée de 1864 par Moreau-Nélaton (non suivi par Robert L. Herbert qui s'appuie sur la correspondance d'Alfred Sensier à Millet : "sans doute 1863", deux études à la pierre noire sont conservées au Louvre : l'une montrant la Vierge tenant l'enfant sur ses genoux, assise sur un âne conduit par Saint-Joseph, le groupe se dirigeant vers la gauche (RF 5882), l'autre représentant une femme enveloppée dans ses draperies, marchant vers la droite (RF 11268). "La Fuite en Egypte" a été conçu comme un dessin définitif et ne prépare pas un tableau. Alfred Sensier, qui fut le confident de Millet, écrit à ce propos en 1871 : "On lui mit dans la pensée de faire quelques sujets religieux qu'on pût photographier pour les vendre. C'est alors qu'il dessina deux "Fuite en Egypte", pleines de mystère et de bonhomie rustique. On voyait Saint-Joseph porter dans ses bras l'enfant Jésus, comme un trésor précieux. La nuit noire n'était éclairée que par le nimbe lumineux qui entourait l'enfant. Belle idée que Millet avait rendue comme un primitif".
Fait très rare, Millet a donc représenté une scène religieuse, mais seul le halo éclairant la tête de l'enfant l'indique, car Joseph et Marie ne sont après tout que des paysans de Barbizon marchant dans la nuit. Dans cette scène où les formes s'estompent, les personnages ne sont plus que des silhouettes réduites à l'essentiel : Millet, jouant de valeurs très rapprochées, éliminant les détails, a poussé au maximum le système de simplification que retiendra quelques années plus tard un autre dessinateur fameux : Georges Seurat.
(Notice de Serge Lemoine extraite de l'ouvrage "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976) Historique : 1875, Paris, vente atelier Millet, 10-11 mai ; Collection Henri Rouart ; 1912, Paris, deuxième vente Rouart, 16-18 décembre ; Collection Rey ; Collection Louis Rouart ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Bibliographie :Exposition :Sensier (Alfred), La Vie et l'oeuvre de J.F. Millet, Paris, 1881, p.246
Soullié (Louis), Jean-François Millet, Paris, 1900, p.175
Muther (R.), The History of Modern Painting, Londres, 1907, p.368
Leprieur (Paul) et Cain (Julien), Millet, Paris, 1913, n°XXVIII, pp.71-72, reprod.
Frantz (H.), "The Rouart collection, III, The Works of Millet", The Studio, n°59, Londres, 1913, p.107
Moreau-Nélaton (Etienne), Millet raconté par lui-même, Paris, 1921, t.2, p.155, fig.191
Benesch (Otto), "An Altar Project for a Boston Church by Jean-François Millet", Art Quarterly, n°9, New York, 1946, p.301-302, reprod.
Gay (Paul), Millet, Paris, 1950, fig. 55
Clark (Kenneth), The Romantic Rebellion, Londres, 1973, p.305, reprod.
Lévêque (Jean-Jacques), L'Univers de Millet, Paris, 1975, reprod. p.87
Granville (Pierre), "Notre-Dame de Lorette et l'effusion spirituelle chez Jean-François Millet", La Revue du Louvre et des Musées de France, n° V/VI, Paris, 1975, reprod. p.349
Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900, Ville de Dijon, 1976, n°177, reprod.
Georgel (Pierre), Le Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon, 1985, fig. 179 p. 192
Starcky (Emmanuel), Gras (Catherine) et Meyer (Hélène), Le Musée des Beaux-Arts de Dijon, Paris, 1992 (Musées et Monuments de France, Fondation Paribas), p. 98, reprod
Manoeuvre (Laurent), Jean-François Millet : pastels et dessins, Paris : Bibliothèque de l'Image, 2002, p.85 reprod.
© photo François JayPeintures, aquarelles, pastels, dessins rehaussés, croquis et eaux-fortes de J.F. Millet, Paris, ENSBA, 1887 , n°126 sous le titre "La Fuite en Egypte. Effet de soir"
Centennale de l'art français, Paris, 1889 , n°421
Drawings by Jean-François Millet, Londres, 1956 , n°56
Deux volets de la Donation Granville : Jean-François Millet, Vieira da Silva, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 1974 , n°21, reprod.
Jean-François Millet, Paris : Grand Palais, 1975-1976 , n°141, reprod.
Dessins du Musée des Beaux-Arts de Dijon, Paris, Musée du Louvre, 13 février - 3 mai 1976 , n°45, reprod. p.64
De Poussin à Picasso, Rennes : Musée des Beaux-Arts, (19 mars - 5 juin 1988) , n° 58, repr. p. 89
Le Chemin de Millet, autour des collections du Musée Thomas Henry de Cherbourg, Karuizawa : Musée d'art Mercian, 18 juillet - 11 novembre 2001 , n°58 reprod.
Passeurs d'art : Hommage à Pierre et Kathleen Granville donateurs du musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 18 novembre 2006 - 29 janvier 2007 , p. 38, fig. 23 p. 37