collections du musée des beaux-arts de dijon
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La Méridienne (recto)
Le Retour des champs (verso)
Dessin
vers 1850 / 1852
Auteur : Millet, Jean-FrançoisJean-François Millet
Gruchy , 1814 - Barbizon , 1875
Ecole Française Co-fondateur avec Théodore Rousseau de l'Ecole de Barbizon et du paysage moderne, Jean-François Millet a acquis la célébrité avec ses scènes champêtres au réalisme souvent empreint de mysticisme.
Issu d'une famille de paysans normands, il montre très jeune des prédispositions pour le dessin. Encouragé par son père, il part étudier à Cherbourg auprès de peintres locaux et copie les maîtres anciens au musée de la ville, récemment ouvert. Une pension octroyée par la municipalité lui permet de poursuivre son apprentissage à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1837. Il y fréquente l'atelier du peintre romantique Paul Delaroche. Ses échecs au Prix au Rome le privent de sa bourse et l'obligent à renoncer à cet enseignement officiel. Il expose au Salon à partir de 1842 et subit alors l'influence d'Honoré Daumier.
Présenté au Salon de 1848, Le Vanneur, premier d'une série de sujets paysans dont il se fera par la suite une spécialité, lui vaut les honneurs de la critique. Un an plus tard, il s'installe à Barbizon, hameau de bûcherons situé à la lisière de la forêt de Fontainebleau, avec le peintre animalier Charles Jacques, amateur de bergeries. Millet s'attache à peindre sur le motif, dans une nature encore préservée, des scènes rurales aux accents à la fois réalistes et poétiques. Le paysan et son travail y sont ici sublimés par une lumière et une gestuelle conférant à ses figures une dignité et une retenue quasi religieuses et intemporelles. C'est de cette période barbizonesque que datent ses tableaux les plus célèbres, devenus au fil du temps de véritables icônes du réalisme, reproduites ou détournées par la publicité et les surréalistes : Le Semeur (Salon de 1850), Des Glaneuses qualifiées de ''trois Parques du paupérisme'' au Salon de 1857, La Récolte de pommes de terre (1855), L'Angélus (1857-1859), Bergère avec son troupeau (Salon de 1864)... Après 1870, l'artiste privilégiera davantage les paysages et les jeux de lumière, annonçant ainsi déjà les innovations des impressionnistes (L'Eglise de Gréville, 1871-74).
La modernité de Millet a été reconnue par toute une génération d'artistes, de Monet à Dali, en passant par Van Gogh, particulièrement fasciné par son oeuvre.
(Notice de Sophie Barthélémy, 2013)
Fusain sur papier (recto) et crayon sur papier (verso)
Hauteur : 20 cm ; Largeur : 26 cm
Inv. DG 583 Cette feuille se rapporte à la fameuse composition "La Méridienne" de Millet dont l'état définitif (Moreau-Nélaton, 140) est aujourd’hui perdu et qui représente un paysan et sa femme assoupis à l'ombre d'une meule au moment de la sieste. "La Méridienne", composition qui a particulièrement retenu Van Gogh, devait être le deuxième acte d'une suite illustrant le cycle des "Quatre heures du jour". Scènes rustiques, gravées et publiées par Jacques-Adrien Lavieille en 1860 d'après les dessins de Millet. Ce projet que l'artiste avait entrepris en 1858 comprenait "Le Matin" ("Le Départ pour le travail", Moreau-Nélaton, 141), "Le Midi" ("La Méridienne", Moreau-Nélaton, 140), "Le Soir" ("La Fin de la journée", Moreau-Nélaton, 244) et "La Nuit" ("La Veillée", Moreau-Nélaton, 244). Il montre chez Millet le souci de dresser le catalogue complet des activités humaines dans le milieu rural, en choisissant ici en particulier quatre moments successifs rythmant le travail des champs. Le présent dessin est une étude pour le personnage masculin seul, rapidement installé au fusain dans la page. De nombreux croquis pour "La Méridienne" sont conservés, en particulier au Musée du Louvre ("La Moissonneuse endormie", l'homme et la femme couchés côte à côte au pied d'une meule, Les pieds et les jambes du paysan). Il existe une variante inversée de cette composition au pastel conservée au Museum of Fine Arts de Boston.
Le verso de cette feuille est occupé par un dessin qui évoque, dans l'autre sens, le dessin pour "Le Retour des champs" (Moreau-Nélaton, 112, disparu depuis l'exposition Millet chez Brame à Paris en 1938). Il date également de 1858, mais n'a pas de rapport, selon Robert L. Herbert (1971), avec le projet des "Quatre heures du jour". Ce thème du "Retour des champs", pour lequel les volumes sont ici mis en place dans l'espace d'une main hâtive, a préoccupé Millet fort tard, puisque "Le Retour des champs" nommé aussi "L'Étoile du soir" de l'ancienne collection Dollfuss, date de 1873. On pourra sans peine rapprocher ce sujet rustique, le paysan accompagnant sa femme montée sur un âne, des représentations traditionnelles de la Fuite en Egypte. Dans la partie supérieure gauche de cette feuille, figure un bûcheron en train de frapper un arbre de sa cognée. Robert L. Herbert situait ce croqueton plus tôt que le motif principal (vers 1850-1852) et le rapprochait à juste titre du bûcheron se trouvant à l'arrière-plan du tableau conservé au Victoria and Albert Museum de Londres, "Les Scieurs de bois".
(Notice de Serge Lemoine extraite de l'ouvrage "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976) Historique : 1875, Paris, vente atelier Millet, 10-11 mai ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Inscriptions / marques :Bibliographie :cachet en bas à gauche en bordure, cachet de la vente Millet (Lugt 1460)
Exposition :Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900, Ville de Dijon, 1976, n°173, reprod.
Passeurs d'art : Hommage à Pierre et Kathleen Granville donateurs du musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 2006, p. 38
© photo François JayDeux volets de la Donation Granville : Jean-François Millet, Vieira da Silva, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 1974 , n°17 et 17 v°
Jean-François Millet et le thème du paysan dans la peinture française du XIXe siècle, Cherbourg, musée Thomas Henri, 1975 , n°21, reprod.
Au Fil des jours ... Images de la vie quotidienne dans l'art français (1850 - 1910) à travers les collections du musée des beaux-arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 12/05 au 18/09/2006 (pas de catalogue)