collections du musée des beaux-arts de dijon
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L'Enfant devant l'aurore boréale
Dessin
vers 1893 / 1894
Auteur : Redon, OdilonOdilon RedonPastel sur papier
Bordeaux , 1840 - Paris , 1916
Ecole Française Contemporain des Impressionnistes, Odilon Redon a pourtant toujours suivi une voie personnelle, explorant des domaines en marge des recherches de son temps : ''J'ai fait un art selon moi. Je l'ai fait avec les yeux ouverts sur les merveilles du monde visible, et quoi qu'on en ait pu dire, avec le souci constant d'obéir aux lois du naturel et de la vie'' (A soi-même, Journal, 1867-1915).
Soucieux de ''substituer à la réalité le rêve de la réalité'', l'artiste puisa inlassablement son inspiration dans les méandres les plus secrets de son inconscient, créant ainsi un art visionnaire et fantasmagorique dont se réclamèrent plus tard les Surréalistes.
Cette propension à l'onirisme le plus étrange fut cultivée dès ses plus jeunes années passées dans la solitude sauvage du domaine familial de Peyrelebade, à la frontière du Médoc et des Landes. Formé d'abord à Bordeaux, il se lie d'amitié en 1857 avec le botaniste Armand Clavaud qui lui révèle les mystères de la nature tout en l'initiant à la littérature fantastique d'Edgar Poe. Déçu par l'enseignement de Gérôme à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, il revient à Bordeaux où il se découvre un autre mentor en la personne du graveur Rodolphe Bresdin (1822-1885) qui le convertit à la troublante poésie de son univers visionnaire. C'est aussi dans les années 1860 qu'il se lie à Corot et aux peintres de Barbizon avec lesquels il partage la même conception du paysage. Les années 1875-1880 marquent la période angoissée de ses ''Noirs'', terme inventé par l'artiste lui-même pour désigner l'ensemble des fusains et lithographies qui constituent alors l'essentiel de sa production. De 1879 à 1899, il publie 13 suites lithographiques qui révèlent l'influence de Rembrandt et de Goya mais aussi de Gustave Moreau dont il admirait la ''profonde modernité''. A partir de 1890, il abandonne progressivement les teintes sombres de la gravure au profit de la clarté du pastel et de la peinture à l'huile : c'est le ''triomphe de la lumière sur les ténèbres''. Son amitié avec les écrivains symbolistes Joris-Karl Huysmans et Mallarmé ainsi que son soutien à la jeune peinture nabi en font un véritable précurseur.
(Sophie Barthélémy, 2013)
Hauteur : 27 cm ; Largeur : 26,8 cm
Inv. DG 160 Odilon Redon fixa à treize reprises les traits de son fils unique Arï, dont la naissance, le 30 avril 1889, combla le vide laissé par la mort de son premier-né.
Dans son journal "A soi-même", l'artiste évoque ainsi le bonheur de cette nouvelle paternité : "Ce fut une joie forte... Une secousse ressentie des entrailles comme si ma force, lasse et usée, eut repris un nouveau ressort..."
Cette renaissance s'accompagna, dès les années 1890, d'un retour à la couleur, qui s'opéra plus particulièrement par le pastel dont Redon fit son médium privilégié jusqu'à sa mort : "J'ai beaucoup travaillé à des pastels [...] et je crois bien qu'ils m'occuperont désormais plus qu'autre chose..." (lettre à André Bonger, 12 août 1898).
Les portraits idéalisés de femmes et d'enfants comptèrent parmi les thèmes favoris de ces compositions au pastel dont les tonalités à la fois diaphanes et lumineuses convenaient bien à l'univers onirique de Redon.
L'artiste représenta son fils le plus souvent de profil, le visage se détachant sur un fond neutre et impalpable. Le rougeoiement presque aveuglant de l'aurore boréale, dont l'éclat orangé a son équivalent littéraire dans le "rutilant fouillis de flammes" du "Camaïeu rouge" de Huysmans, contraste avec la douceur bleutée du visage de l'enfant, conférant ainsi à l'ensemble une puissance visionnaire bien dans l'esprit symboliste de Mallarmé à qui Redon offrit ce dessin, en gage d'amitié et de reconnaissance, en 1894.
(Notice de Sophie Barthélémy, 2009) Historique : Collection Stéphane Mallarmé ; Collection Geneviève Mallarmé ; Collection Docteur Bonniot ; Collection Louise Bonniot ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Inscriptions / marques :Bibliographie :signature en bas au centre : "ODILON REDON"
Exposition :Rewald (John), Post-Impressionism, From Van Gogh to Gauguin, New York, 1956, reprod. p.173
Berger (K.), Odilon Redon, Phantasie und Farbe, Cologne, 1964, n° 411
Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900, Ville de Dijon, 1976, n°189, reprod.
Georgel (Pierre), "La collection Granville à Dijon", La Revue du Louvre, n° 3, 1977, p. 204, reprod. n° 10 p. 205
Georgel (Pierre), Le Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon, 1985, reprod. 181 p. 194
Bacou (Roseline), Odilon Redon. Pastels, Paris, 1987, n° 4, reprod. coul.
Starcky (Emmanuel), Gras (Catherine) et Meyer (Hélène), Le Musée des Beaux-Arts de Dijon, Paris, 1992 (Musées et Monuments de France, Fondation Paribas), p.103, reprod
Wildenstein (Alec), Odilon Redon : Catalogue raisonné de l'oeuvre peint et dessiné : vol.I : portraits et figures, Paris : Wildenstein Institute, 1992, n° 32 pp. 20-21, reprod. p. 20
Nectoux (Jean-Michel), Mallarmé. Un clair regard dans les ténèbres. Peinture, musique, poésie, Ed. Adam Biro, 1998, reprod.
Starcky (Emmanuel), Barthélémy (Sophie), Cariel (Rémi) et al., Le musée des Beaux-Arts de Dijon, RMN, Musée des Beaux-Arts de Dijon, Paris, 2002, p. 112, reprod. coul;
Daydé (Emmanuel), "Le Triomphe de la couleur", in Odilon Redon Prince du rêve, Connaissance des arts (hors série), n° 485, 2011, pp. 35-44, pp. 36-37, reprod. coul. p. 36
Illouz (Jean-Nicolas), Le Symbolisme, Librairie Générale Française, 2014, repr.
© photo Hugo MartensOdilon Redon, Paris, 1894 , n° 61
Odilon Redon, La Haye : Gemeentemuseum, 1957 , n°138
Odilon Redon, 1840-1916, Berne : Kunsthalle, 1958 , n°154
Odilon Redon 1840-1916, Londres : The Matthiesen Gallery, 1959 , n°49, reprod.
Odilon Redon, Paris, 1963 , n° 25
Stéphane Mallarmé 1842-1898, Paris : Musée d'Orsay, 1998-1999 , n° 83 p. 169, fig. 105 p. 167
Passeurs d'art : Hommage à Pierre et Kathleen Granville donateurs du musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 18 novembre 2006 - 29 janvier 2007 , p. 41, fig. 31 p. 42
Odilon Redon, Prince du Rêve 1840 - 1916, Paris : Grand-Palais, 23 mars - 20 juin 2011 ; Montpellier : musée Fabre, 7 juillet - 16 octobre 2011 , Cat. 92 p. 260, reprod. coul. p.261