collections du musée des beaux-arts de dijon

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Le Sacrifice de la fille de Jephté

Tableau
1695 / 1697
Auteur : Coypel, Antoine

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 147 cm ; Largeur : 216 cm
Inv. CA 263

Peint avant 1697 ; le poète Santeuil, qui mourut cette année-là, l'admira et s'écria en le voyant : "Quot victimae in una !" (Que de victimes pour une seule personne !) faisant allusion au désespoir des parents et des compagnes de la malheureuse (Coypel, 1752, pp. 8-9).
Le tableau appartenait à l'abbé Jacques Testu, Aumônier ordinaire de Madame dès avant 1683, abbé de notre-Dame de Béval et conseiller honoraire de l'Académie.
En 1732 le peintre Ferrand de Monthelon, Directeur de l'Ecole de Dessin de Reims et amateur d'art (il pratiquait un tant soit peu le commerce des tableaux), écrit à l'étranger pour proposer le tableau "de feu Antoine Coypel [...] Ce tableau est long de six pieds en travers et hault de cinq pieds. Il vient de la succession de feu M. L'abbé de Thézut et représente "Jephté qui va immoler sa fille". Ce tableau est un des plus beaux de Coypel, il l'a fait graver". Dans une deuxième lettre, il corrige les dimensions (7 pieds de long par 6 de haut) et ajoute que le tableau appartient à M. Tristan, rue Saint-Louis en l'Isle, près la rue Poultière, dans la maison de M. de Valicour (Roman, 1886, pp. 67-68, citant un document appartenant aux Archives des Affaires Etrangères).
Cabinet du Roi de Pologne, Prince-Electeur de Saxe ; figure dans la vente de cette collection (Amsterdam, 22 mai 1765).
Passé alors dans les collections du Stadhouder (n° 19), Guillaume V d'Orange. Il est ramené en France par l'armée de la République avec la collection du prince, ainsi que l'atteste l'Inventaire des tableaux apportés du Museum Central des Arts à Paris, rédigé du 5 au 8 vendémiaire, an III (Archives Nationales, F 1276, dossier 6, n° 53 ; "Jephté, toile, 4 pieds 6 pouces par 6 pieds 8 pouces (soit 144 par 214), Coypel."
Envoyé le 27 messidor an XI (1803) à Dijon (Archives des Musées Nationaux, 1 DD 12, Tableaux concédés aux départements et aux églises (1802 - 1812 : "Antoine Coypel, "Le sacrifice d'Iphigénie", 4 pieds 6 pouces, ancienne collection").
Ce tableau, que l'on croyait naguère provenir des collections royales par confusion avec le carton de tapisserie, représente un épisode assez peu connu de l'Ancien Testament. Jephté, général partant en guerre contre les Ammonites, avait fait voeu, s'il était vainqueur, d'immoler à son retour la première personne qui franchirait la porte de sa maison. Ce fut précisément sa fille unique. La scène montre Jephté, debout devant l'autel, vêtu d'un riche manteau doublé d'hermine, présentant sa fille au grand-prêtre qui, les mains jointes, s'apprête à saisir le couteau qui brille sur l'autel. La fille de Jephté, vêtue de blanc et portant une ceinture bleue, s'avance calme et résignée au milieu de ses compagnes éplorées qui veulent la retenir. Au premier plan, de dos, un acolyte agenouillé prépare le vase destiné à recueillir le sang de la victime, cependant que l'armée de Jephté, assemblée au fond, assiste à la scène, brandissant les trophées de la victoire. Au Salon de 1699 Boulogne l'Ainé exposait un sujet voisin : "Jephté accourant au devant de son père après sa victoire" : le thème était donc à la mode à l'époque, à moins que précisément le succès du tableau de Coypel ne l'ait remis en mémoire aux artistes.
La composition, bâtie sur le même schéma que les autres tableaux de la série, s'en distingue par le fait qu'elle se passe en plein air et que le paysage est mi-citadin (murs d'une ville à gauche) mi-campagnard (montagnes boisées à droite). L'influence de Le Brun se fait sentir dans le caractère théâtral des expressions, ainsi que dans les cavaliers vus en raccourci (celui placé derrnière la victime, en particulier, brandissant un drapeau). Cependant, le cavalier vu de dos au premier plan, la main sur les yeux, semble un ressouvenir de Guido Reni ("Saint André conduit au martyre", Rome, San Gregorio al Celio), probablement connu par la gravure (inversé sur le tableau).
Ce sujet fut donné comme morceau de réception au peintre Pierre de Saint-Yves, reçu sur un "Sacrifice de Jephté" le 28 janvier 1708 (aujourd'hui Musée des Beaux-Arts de Tours). Le sujet fut encore donné en 1742 pour le Grand Prix.
Un tableau autrichien s'inspira également de la composition de Coypel : le "Sacrifice de la fille de Jephté" par Johann-Martin Schmidt (1718 - 1801), Vienne, Barockmuseum (reprod. dans Ehrenstein, 1823, T. II, p. 485).

(Notice de Nicole Garnier extraite de "Antoine Coypel", Paris, Arthena, 1989)

Historique : Collection abbé de Thézut ; Collection M. Tristan ; Collection roi de, Grand-Electeur de Saxe Pologne ; Collection Stadhouder de Hollande ; Collection Musée du Louvre, Paris

Dépôt de l'État de 1803, transfert définitif de propriété à la Ville de Dijon, arrêté du Ministre de la Culture du 15 septembre 2010.

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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