collections du musée des beaux-arts de dijon
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La Précaution maternelle
Dessin
19e siècle (3ème quart)
Auteur : Millet, Jean-FrançoisJean-François MilletPlume, encre de Chine et lavis d'encre de Chine sur papier
Gruchy , 1814 - Barbizon , 1875
Ecole Française Co-fondateur avec Théodore Rousseau de l'Ecole de Barbizon et du paysage moderne, Jean-François Millet a acquis la célébrité avec ses scènes champêtres au réalisme souvent empreint de mysticisme.
Issu d'une famille de paysans normands, il montre très jeune des prédispositions pour le dessin. Encouragé par son père, il part étudier à Cherbourg auprès de peintres locaux et copie les maîtres anciens au musée de la ville, récemment ouvert. Une pension octroyée par la municipalité lui permet de poursuivre son apprentissage à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1837. Il y fréquente l'atelier du peintre romantique Paul Delaroche. Ses échecs au Prix au Rome le privent de sa bourse et l'obligent à renoncer à cet enseignement officiel. Il expose au Salon à partir de 1842 et subit alors l'influence d'Honoré Daumier.
Présenté au Salon de 1848, Le Vanneur, premier d'une série de sujets paysans dont il se fera par la suite une spécialité, lui vaut les honneurs de la critique. Un an plus tard, il s'installe à Barbizon, hameau de bûcherons situé à la lisière de la forêt de Fontainebleau, avec le peintre animalier Charles Jacques, amateur de bergeries. Millet s'attache à peindre sur le motif, dans une nature encore préservée, des scènes rurales aux accents à la fois réalistes et poétiques. Le paysan et son travail y sont ici sublimés par une lumière et une gestuelle conférant à ses figures une dignité et une retenue quasi religieuses et intemporelles. C'est de cette période barbizonesque que datent ses tableaux les plus célèbres, devenus au fil du temps de véritables icônes du réalisme, reproduites ou détournées par la publicité et les surréalistes : Le Semeur (Salon de 1850), Des Glaneuses qualifiées de ''trois Parques du paupérisme'' au Salon de 1857, La Récolte de pommes de terre (1855), L'Angélus (1857-1859), Bergère avec son troupeau (Salon de 1864)... Après 1870, l'artiste privilégiera davantage les paysages et les jeux de lumière, annonçant ainsi déjà les innovations des impressionnistes (L'Eglise de Gréville, 1871-74).
La modernité de Millet a été reconnue par toute une génération d'artistes, de Monet à Dali, en passant par Van Gogh, particulièrement fasciné par son oeuvre.
(Notice de Sophie Barthélémy, 2013)
Hauteur : 14,5 cm ; Largeur : 9,6 cm
Inv. DG 461 Les scènes de tendre maternité sont assez fréquentes dans l'oeuvre dessiné de Millet, comme en témoignent "La Becquée" (Lille, musée des Beaux-Arts, inv. W-4327), "La Bouillie de l'enfant" (Montpellier, musée Fabre, inv. 876-3.121) ou encore "Les Premiers pas" (Boston, Museum of Fine Arts, inv. 1962-407).
Ce dessin se rapporte au tableau "La Précaution maternelle", exécuté vers 1857 et entré au Louvre avec le legs Thomy-Thiéry en 1902. Ce sujet familier a été traité par Millet à plusieurs reprises entre 1855 et 1863 (Robert L. Herbert, 1971), comme l'atteste un certain nombre d'études et de variantes conservées au Musée du Louvre, au Musée des Beaux-Arts de Budapest et aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles. Le présent dessin ne reprend que la partie centrale du motif, en omettant la fillette de gauche et les instruments agricoles. Comme il est dans le sens inverse de toutes les études connues et du tableau, il n'est pas exclu qu'il ait été réalisé d'après un calque et repris à l'encre et au lavis. Robert L. Herbert (1975) suggéra même d'y voir une oeuvre réalisée directement pour les amateurs, sans rapport avec les études pour le tableau, ce genre de sujet étant très apprécié. Un dessin représentant la mère et son enfant sur le seuil où Millet a situé tant de scènes ("La Becquée", "La Provende des poules"), assez proche de cette feuille, est reproduit dans l' "Album Harrison" (1875). Il est à noter que le même sujet, traité dans un esprit fort différent, avait déjà été peint quelques années auparavant par Boilly dans "La Précaution utile".
(Sophie Barthélémy d'après Serge Lemoine, "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976) Historique : 1875, Paris, vente atelier Millet, 10-11 mai ; Collection Alfred Sensier ; 1877, Paris, vente publique, 10-12 décembre ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Inscriptions / marques :Bibliographie :cachet en bas à droite, cachet de la vente Millet (Lugt 1460)
Exposition :Soullié (Louis), Jean-François Millet, Paris, 1900, p.234 (?)
Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900, Ville de Dijon, 1976, n°171, reprod.
Manoeuvre (Laurent), Jean-François Millet : pastels et dessins, Paris : Bibliothèque de l'Image, 2002, p.82 reprod.
© photo François JayDeux volets de la Donation Granville : Jean-François Millet, Vieira da Silva, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 1974 , n°15, reprod.
Jean-François Millet, Paris : Grand Palais, 1975-1976 , n°113, reprod.
La Dignité des humbles : Jean-François Millet et le naturalisme en Europe, Tokyo : Bunkamura Museum of Art, Fukuoka : Fukuoka Art Museum, 2003 , n° 28, reprod.