collections du musée des beaux-arts de dijon

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Tête du Christ couronné d'épines (face)

Tête de Christ (revers)

Panneau

Auteur : Bouts, Albrecht


Peinture à l'huile sur bois
Hauteur : 37 cm ; Largeur : 28 cm
Inv. D 1948-1-P

Le Christ est représenté sur un fond vert foncé, en buste, vêtu d'une tunique rouge et couronné d'épines, les épaules de face et le visage légèrement penché vers la droite. La tristesse de son regard, l'expression de souffrance de ses traits, les larmes qui perlent de ses yeux et les gouttes de sang qui s'écoulent des blessures causées par les épines sont rendues avec une grande sensibilité.

L'autre côté du panneau de bois, très usé, montre le Christ également sur un fond vert foncé, en buste et vêtu de rouge, mais de face, sans couronne d'épines ni marque de souffrance, regardant le spectateur.

La provenance :
Le tableau est signalé pour la première fois en 1872 au Palais de Justice de Dijon. Il conserve des marques du temps où il se trouvait encastré dans l'enduit du mur d'une salle où des prisonniers étaient détenus : l'un d'entre eux a laissé une inscription sur la face la plus abimée : Journet condamné à 5 ané de fers par / le 1er conseiller de Meix le 30 octobre 1855 / passé ici le 31 décembre 1855 repartit pour le bagne de Toulon / le 3 janvier 1856 je me suis drolement ennuyé le / premier jour de l'année et cependant je n'est / pas encore finit .
C'est en détachant le panneau qu'on découvrit l'autre face en bon état.
Classé en 1891 et installé dans le bureau du Premier Président, il fut déposé au musée des beaux-arts en 1948.

La restauration :
Le panneau de chêne, à la planéité quasi parfaite, n'a nécessité aucun traitement à l'exception de l'enlèvement d'un clou au niveau de la couronne d'épines. En ce qui concerne la couche picturale, il s'agissait surtout de remédier au jaunissement du vernis et au désaccord de repeints anciens, et de traiter quelques usures et lacunes. C'est délibérément qu'il a été décidé de ne pas faire de retouches au revers.

Un support de dévotion :
Ce « portrait » du Christ prend sa source dans une lettre apocryphe contenant une description de Jésus à l'intention du Sénat romain. Largement diffusé aux Pays-Bas, ce texte a servi de base à une très abondante production qui répondait à une demande liée au développement de la Devotio Moderna. L'Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis (1424), recommandait aux fidèles d'avoir sous les yeux des images pour prier et méditer, et de partager émotionnellement les souffrances du Christ et de sa mère.

Dans l'atelier des Bouts à Louvain :
A Louvain, l'atelier de Dirk Bouts (v. 1415-1475) puis de son fils Albrecht (1451/1455-1549), s'est fait une spécialité de ces panneaux de dévotion. A partir de modèles en usage dans l'atelier de son père ou d'ateliers voisins comme celui d'Hugo van der Goes, Albrecht crée plusieurs prototypes qui sont déclinés en panneaux autonomes, volets de diptyque ou de triptyque, avec de nombreuses variantes : de face, de trois-quart à droite ou à gauche, sans ou avec les mains, tenant un roseau, couronné d'épines, montrant ses plaies, esquissant un geste de bénédiction...

Ce panneau double face est un cas unique, qui ne correspond pas à un usage dévotionnel, mais à un remploi au sein de l'atelier. Les dessins sous-jacents se superposent avec, pour la Sainte Face, celui d'une composition de Dirk vers 1450, et pour le Christ couronné d'épines, celui d'un panneau considéré comme autographe d'Albrecht, vers 1500. Ces dessins sans hachures ont été mis en place par une aide. Si le revers a été abandonné, la face est bien de la main du peintre : sont caractéristiques de sa manière la vigueur du modelé, la précision des détails, l'utilisation de touches de blanc de plomb pour faire les lumières.

(Notice de Sophie Jugie, L'Oeuvre du mois, 2012)

Historique : Collection Palais de Justice de Dijon

Dépôt du Palais de Justice de Dijon, 1948. L'oeuvre est classée au titre des monuments historiques depuis 1891.

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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