collections du musée des beaux-arts de dijon

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La Cessation du schisme d'Anaclet

Tableau
1700
Auteur : Antonio Pietro di Pietri

Peinture à l'huile sur toile
Hauteur : 98 cm ; Largeur : 72,3 cm
Inv. CA 34

Ce tableau provient de l'abbaye de Cïteaux. Absent de l'inventaire de la sacristie en 1699, il apparaît en revanche dans le supplément à ce document daté de 1705 (Archives départementales de la Côte d'Or). Il figure à nouveau dans les inventaires de 1708 et 1709 et dans les deux inventaires de 1738. François Devosge signale deux peintures de ce sujet venant de Cîteaux. L'une d'elles (H. 129 x L. 97) n'a pas été retrouvée jusqu'ici. La seconde correspond à la toile du Musée, de mêmes dimensions. Il existe une troisième composition, non mentionnée par Devosge, à l'église de Jouhe (Jura).
Cette peinture représente un épisode de la vie de saint Bernard, qui combattit de toute son énergie un schisme né, au début du XIIe siècle, de l'élection simultanée de deux papes, Anaclet II et Innocent II. Convaincu de la légitimité de la candidature d'Innocent II, Bernard soutint son élection et séjourna à plusieurs reprises à Milan pour rallier les Milanais à sa cause.
Dans la peinture, le saint apparaît aux côtés d'Innocent II, qui accueille le successeur d'Anaclet, l'antipape Victor, prosterné à ses pieds avec sa suite. La femme aux yeux révulsés qui tire la langue symbolise sans doute le Mensonge ou le Blasphème. Au fond, un soldat porte un étendard où figure la guivre de Milan. Le peintre commet ici une erreur chronologique : la guivre appartient en effet au blason des Visconti, qui arrivent au pouvoir à la fin du XIIIe siècle seulement. Dans les nuées sont représentés des anges, l'un avec une tiare, signe que le Ciel approuve la papauté d'Innocent, l'autre avec un rameau d'olivier en signe de réconciliation, tandis qu'un troisième, armé d'un glaive, poursuit une figure ailée aux yeux bandés, une torche enflammée à la main, peut-être l'Ambition ou plutôt la Discorde. Sur le pont, au fond, des trompettes sonnent la victoire de l'Eglise.
Par analogie, sans doute, avec l'"Entrée de saint Bernard à Cîteaux", de même provenance, le tableau est donné à Passeri dans tous les catalogues du Musée à partir de 1834, et, à leur suite, par Hermann Voss et Fritz Baumgart. Cependant les deux oeuvres trahissent des factures très différentes. Or il existe à Windsor Castle un dessin préparatoire pour cette composition, reproduit par Anthony Blunt et Hereward Lester Cooke, avec l'attribution Pietro di Pietri. Celle-ci est confirmée par l'existence d'une autre étude conservée à Holkham, et traditionnellement donnée à Pietro di Pietri. Le rapprochement de la peinture provenant de Cïteaux avec les oeuvres de cet artiste, en particulier avec le "Saint Pierre et les Pharisiens" de l'Académie de Saint-Luc à Rome, révèle des analogies dans la disposition des architectures, et dans certains détails comme le personnage en profil perdu, à gauche. La construction du tableau suivant une diagonale ascendante, baignée d'une lumière théâtrale qui semble dirigée par un projecteur, est familière à Pietro di Pietri. Ce nom est retenu par Pierre Rosenberg en 1966.
François Devosge (1794) précise qu'à l'église de Cîteaux le tableau avait un pendant, le "Saint François de Paule", maintenant au Musée des Beaux-Arts de Dijon, et signale les dimensions et les cadres identiques des deux toiles ; il ne les rapproche pas de l'"Entrée de saint Bernard à Cîteaux", de mesures pourtant semblables. La "Cessation du schisme d'Anaclet" et l'"Entrée de saint Bernard" ont pu être rapprochées à un certain moment, comme paraît le prouver l'existence des deux grandes copies actuellement placées face à face à l'église de Jouhe (Jura).
L'additif de 1705 à l'inventaire de 1699 donne l'indication suivante : "Plus, donné par ledit Père Prinstet (un tableau) représentant l'antipape Victor conduit par saint Bernard au pape Innocent II...", "lequel tableau fut apporté de Rome par ledit Père Prinstet procureur général en cette cour venant au chapitre général de l'Ordre, et placé en une des chapelles de la nef dédiée à saint Bernard". C'est donc encore à cet ecclésiastique que nous devons la commande de la peinture, peut-être passée, comme celle du Passeri à Carlo Maratta. Devosge, en 1794 croyait l'oeuvre de la main de cet artiste, qui en fait, aurait réparti l'exécution des toiles entre ses aides.

(Notice de Marguerite Guillaume extraite du "Catalogue raisonné du Musée des Beaux-Arts : peintures italiennes", Ville de Dijon, 1980)

Historique : Collection Abbaye de Cîteaux

Saisie révolutionnaire, Abbaye de Cîteaux

Oeuvres en lien :

CA 35 Saint François de Paule rend la vue à un enfant Pendant

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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