collections du musée des beaux-arts de dijon
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Faust, Wagner et le barbet
Dessin
1827
Auteur : Delacroix, EugèneEugène DelacroixAquarelle et crayon sur papier
Charenton-Saint-Maurice , 1798 - Paris , 1863
Ecole Française Sous le patronage de son oncle, le peintre Henri-François Riesener (1767-1829), Eugène Delacroix entre, en 1816, dans l'atelier de Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833). Hostile à l'enseignement classique de son maître, il s'ouvre à l'esprit nouveau que Théodore Géricault (1791-1824) apporte au monde de l'art. En 1822, il présente au Salon "La Barque de Dante" et déclenche les foudres de l'Académie. Les romantiques sont enthousiastes et, bien malgré lui, Delacroix devient leur chef de file. Attaché plus que tout à la vérité, il exprime les passions humaines de la manière la plus visible et puise son inspiration dans les oeuvres de Shakespeare, Goethe, Walter Scott ou Byron et dans des thèmes contemporains dont il dénonce la violence ("Les Massacres de Scio", 1824).
Alors qu'il subit l'influence des peintres Richard Parkes Bonington (1801-1828) et John Constable (1776-1837), Delacroix crée des atmosphères limpides par l'emploi de couleurs plus fraîches. Héritière de Véronèse (1528-1588) et de Rubens (1577-1640), la palette animée du peintre, opposée au froid dessin ingresque, réveille la vieille querelle des poussinistes et des rubénistes.
En 1832, Delacroix accompagne le comte de Mornay en mission diplomatique au Maroc. Ce voyage est une révélation pour l'artiste qui découvre un art de vivre, une faune et une lumière qui ne cesseront de l'inspirer. Mais c'est là surtout qu'il comprend le pouvoir expressif de la couleur, de ses complémentaires et ses effets de vibrations, annonçant les travaux des impressionnistes.
De retour en France, Delacroix reçoit de grandes commandes (Salon du Roi au Palais Bourbon, bibliothèque du Palais du Luxembourg, église Saint Sulpice...). En 1857, le peintre est enfin reçu à l'Académie.
Hauteur : 20,1 cm ; Largeur : 15,7 cm
Inv. DG 660 C'est Lee Johnson (1971) qui, le premier, a proposé de rendre son sujet véritable à cette composition. C'est Wagner, et non Méphistophélès comme on le rencontre depuis le XIXe siècle, qui chez Goethe prononce le texte : "Il grogne et n'ose vous aborder, il se couche sur le ventre, il remue la queue". La scène représentée ici illustre précisément le passage suivant du récit : "Les deux hommes regagnent la ville, ils sont suivis par un barbet qui tourne sans cesse autour d'eux. Faust se demande s'il ne s'agit pas d'un esprit, Wagner n'y reconnaît qu'un chien, opinion à laquelle son maître finit par se ranger."
Cette aquarelle a appartenu à Frédéric Villot qui a écrit au dos de la feuille, de même que sur un dessin de sa collection, conservé aujourd'hui au musée du Louvre "La Fuite de Faust et de Méphisto pendant la nuit de Walpurgis" : "par Eugène Delacroix (composition p.le Faust) FV". Elle est sans doute une étude pour la lithographie "Faust, Méphistophélès et le Barbet" (Delteil n°61), qui fait partie de la suite de dix-sept pièces consacrées au "Faust" de Goethe, publié dans la traduction d'Albert Stapfer, en 1828 à Paris par l'imprimeur Motte, soit juste après la suite gravée des "Feuilles de médailles antiques" (1826-27). Le choix de ce thème s'explique autant par l'initiative de l'éditeur Charles Motte que par l'intérêt personnel de Delacroix qui avait été très marqué par l'adaptation théâtrale de l'oeuvre vue lors de son séjour à Londres en 1825. Toutefois, cette suite d'envergure n'eut pas le succès escompté, sans doute en raison de l'étrangeté fantastique des images.
La comparaison entre l'estampe et le dessin préparatoire est révélatrice des effets recherchés par Delacroix. Si la composition générale est semblable, certains détails diffèrent, notamment le traitement des vêtements et l'expression des visages ainsi que le rendu de la lumière suggéré dans la lithographie par un effet de soleil couchant à l'horizon, absent dans le dessin.
Dans son "Journal", du 20 février 1824, Delacroix avoua avoir été impressionné par les illustrations du Faust de Cornélius, mais le 1er mars 1862, il écrivit à Philippe Burty : "Vous me demandez ce qui m'a fait naître l'idée des planches de Faust. Je me rappelle que je vis vers 1821 les compositions de Retzch qui me frappèrent assez, mais c'est surtout la représentation d'un drame-opéra sur Faust que je vis à Londres en 1825 qui m'excita à faire quelque chose là dessus." (André Joubin, 1936). Cette feuille, proche d'esprit du lavis de "Faust et Wagner" (Musée du Louvre, étude pour la lithographie Delteil n°60), peut être datée de la même année que l'estampe : 1827.
(Sophie Barthélémy d'après Serge Lemoine, "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976) Historique : Collection Frédéric Villot ; Collection Mme Vve Muller ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Bibliographie :Exposition :Delteil (Loys), Le Peintre-graveur illustré, Ingres et Delacroix, T. III, Paris, 1908, n° 61
Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900, Ville de Dijon, 1976, n° 84, reprod.
Goethe, Faust illustré par Eugène Delacroix, Italie, 2011, p. 103 reprod.
© photo François JayDelacroix et la bataille de Nancy, Nancy : Musée des Beaux-Arts, novembre 1978 - janvier 1979 , n° 64
Eugène Delacroix, Arbeiten auf Papier, Zurich : Kunsthaus, 5 juin 1987 - 23 août 1987 , n° 22, reprod.
Eugène Delacroix, Themen und Variationen, Francfort : Städtische Galerie im Städelschen Kunstinstitut, 24 septembre 1987 - 10 janvier 1988 , n° E6, reprod. p. 72
Delacroix, le trait romantique, Paris : Bibliothèque nationale de France, 6 avril 1998 - 12 juillet 1998 , n° 63, reprod.