collections du musée des beaux-arts de dijon

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Faust, Wagner et le barbet

Dessin
1827
Auteur : Delacroix, Eugène

Aquarelle et crayon sur papier
Hauteur : 20,1 cm ; Largeur : 15,7 cm
Inv. DG 660

C'est Lee Johnson (1971) qui, le premier, a proposé de rendre son sujet véritable à cette composition. C'est Wagner, et non Méphistophélès comme on le rencontre depuis le XIXe siècle, qui chez Goethe prononce le texte : "Il grogne et n'ose vous aborder, il se couche sur le ventre, il remue la queue". La scène représentée ici illustre précisément le passage suivant du récit : "Les deux hommes regagnent la ville, ils sont suivis par un barbet qui tourne sans cesse autour d'eux. Faust se demande s'il ne s'agit pas d'un esprit, Wagner n'y reconnaît qu'un chien, opinion à laquelle son maître finit par se ranger."
Cette aquarelle a appartenu à Frédéric Villot qui a écrit au dos de la feuille, de même que sur un dessin de sa collection, conservé aujourd'hui au musée du Louvre "La Fuite de Faust et de Méphisto pendant la nuit de Walpurgis" : "par Eugène Delacroix (composition p.le Faust) FV". Elle est sans doute une étude pour la lithographie "Faust, Méphistophélès et le Barbet" (Delteil n°61), qui fait partie de la suite de dix-sept pièces consacrées au "Faust" de Goethe, publié dans la traduction d'Albert Stapfer, en 1828 à Paris par l'imprimeur Motte, soit juste après la suite gravée des "Feuilles de médailles antiques" (1826-27). Le choix de ce thème s'explique autant par l'initiative de l'éditeur Charles Motte que par l'intérêt personnel de Delacroix qui avait été très marqué par l'adaptation théâtrale de l'oeuvre vue lors de son séjour à Londres en 1825. Toutefois, cette suite d'envergure n'eut pas le succès escompté, sans doute en raison de l'étrangeté fantastique des images.
La comparaison entre l'estampe et le dessin préparatoire est révélatrice des effets recherchés par Delacroix. Si la composition générale est semblable, certains détails diffèrent, notamment le traitement des vêtements et l'expression des visages ainsi que le rendu de la lumière suggéré dans la lithographie par un effet de soleil couchant à l'horizon, absent dans le dessin.
Dans son "Journal", du 20 février 1824, Delacroix avoua avoir été impressionné par les illustrations du Faust de Cornélius, mais le 1er mars 1862, il écrivit à Philippe Burty : "Vous me demandez ce qui m'a fait naître l'idée des planches de Faust. Je me rappelle que je vis vers 1821 les compositions de Retzch qui me frappèrent assez, mais c'est surtout la représentation d'un drame-opéra sur Faust que je vis à Londres en 1825 qui m'excita à faire quelque chose là dessus." (André Joubin, 1936). Cette feuille, proche d'esprit du lavis de "Faust et Wagner" (Musée du Louvre, étude pour la lithographie Delteil n°60), peut être datée de la même année que l'estampe : 1827.

(Sophie Barthélémy d'après Serge Lemoine, "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976)

Historique : Collection Frédéric Villot ; Collection Mme Vve Muller ; Collection Pierre et Kathleen Granville

Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969

Bibliographie :

Exposition : © photo François Jay

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